Les valeurs de rendement décident de choyer davantage leurs actionnaires
Fidèles à leur profil de valeurs de rendement, les meilleurs élèves du dividend-yield ont presque tous décidé de mieux choyer leurs actionnaires au titre de l’exercice 2017, avec une progression moyenne globale de 41% des dividendes à servir. Une décision qui a un coût non négligeable sur leur trésorerie et dont les conséquences demeurent toujours incertaines sur le cours boursier.
Si la générosité avec les actionnaires est certes intéressée (ce qui la disqualifie moralement parlant), elle est aussi paradoxale à bien des égards. En effet, les entreprises qui rémunèrent le mieux les investisseurs détenteurs de leurs titres de capital doivent toujours trouver la martingale qui garantit un rendement suffisamment attractif, sans que son coût ne vienne compromettre l’avenir (pomper la trésorerie pour choyer les actionnaires peut empêcher de financer la croissance) et qui évite de faire flamber le cours boursier, ce qui mécaniquement ferait baisser le rendement du dividende !
Et à ce jeu, les dix meilleures valeurs de rendement de la place casablancaise n’en dérogent point. Aussi, avec un dividend-yield qui oscille déjà entre 5,4% et 7,3% (soit entre 2,5 et 3,5 fois le rendement des Bons du Trésor à un an), presque toutes les sociétés qui figurent dans ce palmarès ont décidé d’accroitre leurs dividendes au titre de l’année écoulée (avec des progressions allant de 1,25% à 123%). Les plus offensives sur ce registre ont été CIMAR, Compagnie Minière de Touissit et les deux entités affiliées au groupe Alami (Afric Industries et Aluminium du Maroc), soit les valeurs qui ont également affiché, par ailleurs, la plus forte croissance de la rentabilité (à titre d’illustration, CIMAR a réalisé un bénéfice net de près d’un milliard de dirhams, contre une perte en 2016, alors que le leader national du profilé en alliage d’aluminium a retrouvé sa profitabilité d’antan après la crise de la gouvernance qui l’avait frappé en 2016). Ce qui rend plus soutenable l’effort qu’ils ont consenti pour avoir les yeux de Chimène de la part de leurs actionnaires.
Par ailleurs, hormis Aluminium du Maroc et le tunisien Ennakl (qui opère dans la distribution automobile), les valeurs aux meilleurs dividend-yield sont loin d’être des champions de la croissance avec des taux de progression des revenus ne dépassant guère la barre de 5%. C’est qu’il est, somme toute, peu évident d’être à la fois une valeur de rendement et une valeur de croissance !
Enfin, le secteur financier est le plus représenté dans le Top 10 des valeurs de rendement avec quatre sociétés (Taslif, Salafin, Agma Lahlou Tazi et Eqdom), suivi en cela de près par les acteurs du bâtiment et des matériaux de construction qui sont au nombre de trois représentants (Afric Industrie, CIMAR et Aluminium du Maroc) ; tandis que les autres sont issus des secteurs des technologie de l’information, de la distribution et des mines.