Blog de Jamal Berraoui

Les versions de l’histoire par ( Jamal Berraoui )

Quand elle n’est pas écrite par des historiens, l’histoire devient un ensemble de versions plus ou moins compatibles. L’USFP et l’Istiqlal ont réussi un meeting en commun le 11 janvier. L’assistance était imposante, les anciens côtoyant les jeunes, dans une ambiance très électrique. Les discours de Driss Lachgar et Chabat ont tenté de relier le passé, au présent et à l’avenir. Ils ont rappelé, chacun dans son style que le mouvement national avait un projet sociétal, que ce projet de réforme était toujours actuel. Le projet Islamiste a été durement attaqué, plus sévèrement par Chabat, surtout à la lumière des sorties Takfiristes. Il y avait une contradiction pour beaucoup, la présence d’ex-détenus pour takfirisme, Kettani et Fizazi, parmi les invités, mais cela n’a pas eu de conséquence. Ce qui en aura sûrement, c’est la volonté affichée d’en découdre avec le projet islamiste dans son ensemble. Ce durcissement du tandem opposant qui risque de marquer les prochains mois.

Presqu’au même moment, Aherdane tenait une conférence de presse, chez lui, pour présenter ses mémoires. Il n’a pas de mots assez durs pour le parti de l’Istiqlal qu’il accuse de collusion avec la France, de complot contre le Roi, en petites phases à peine voilées. C’est Bekkaï qui aurait défendu le retour du Roi. Il fait même dire à Abderrahim Bouabid que le problème du trône n’est pas l’essentiel. Il se trouve qu’Edgar Faure, ancien président du Conseil a écrit ses mémoires, il y a 40 ans et qu’il y raconte une autre histoire. Il dit en substance qu’il a reçu un jeune avocat marocain, brillant, qui refusait de discuter de l’avenir des relations entre les deux pays avant le retour de Mohamed V. Cet avocat était Abderrahim Bouabid. L’une des deux versions est fausse puisqu’elles sont contradictoires. Mais, ce n’est pas à moi de juger.

Ce qui est sûr, c’est que l’histoire des premières années post-indépendance est à réécrire. Plus qu’Aherdane, le docteur Al Khatib a été de tous les coups de canif contre le mouvement national. L’affaire Msaâdi n’est qu’un épisode d’un conflit entre les élites citadines modernistes et les structures archaïques, conservatrices de l’arrière-pays. La ruralisation des villes n’a fait que diluer le distinguo, la société est toujours traversée par ces deux courants.

 
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