L’espagnol Marina d’Or cherche à se désengager du Maroc
La morosité du marché de la pierre au Maroc continue de faire des victimes parmi les promoteurs immobiliers, quelle que soit leur taille. Et cela n’épargne ni les acteurs maroco-marocains ni les filiales de grands opérateurs étrangers. Le dernier en date, n’est autre que le groupe espagnol Marina d’Or qui s’est résolu à mettre un épilogue à son aventure marocaine dix ans après l’avoir entamée en fanfare en multipliant les conventions d’investissement avec l’Etat marocain (notamment pour des projets de logements sociaux à la nouvelle ville de Tamesna). En effet, le groupe basé à Castellon de la Plana (commune de la province de Castellón), a mis en vente les actions de sa filiale marocaine Société de Commercialisation et de logements de Méditerranée (Socolomed). Cette holding détient directement et indirectement (via La Perle de Tanger SARL) un portefeuille d’actifs des plus diversifiés en immobilier résidentiel (logements économiques, villas haut de gamme et appartements moyen standing) ou encore des projets de centres commerciaux (à Tamesna) et des unités touristiques (un hôtel à Tamesna de 97 chambres et deux autres à Tanger respectivement de 17 et 22 étages).
Et ce n’est pas faute d’avoir essayé de remonter une pente des difficultés qui a culminé en 2015 avec des ventes aux enchères au détriment de la société sur décision judiciaire suite à des litiges avec des clients. Déjà en 2014, Socolomed avait défrayé la chronique en lançant une grande braderie de plus de cinq cent villas et appartements mis en vente respectivement à des prix moyens de 770.000 DH et 2,5 millions de DH (soit 50% de remise sur leurs prix de marché). Cette liquidation de stocks qui a touché principalement les projets de Tamesna (pour les appartements de moyen et haut standing) et de La Palmeraie (pour les villas), avait pour objectif de renflouer une trésorerie mise à mal par les méventes et le lancement concomitant de plusieurs chantiers (dont certains sont aujourd’hui à l’arrêt d’ailleurs). Des tentatives qui n’ont pas permis à Socolomed, qui emploie 35 salariés permanents au Maroc, de sortir de l’ornière.
Il faut dire que le groupe Marina d’Or connu par son bijou touristique La Ciudad de Vacaciones, autrefois commercialisé jusqu’à Londres et considéré comme le meilleur endroit pour passer des vacances ou prendre sa retraite, n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut avant l’éclatement de la bulle immobilière en Espagne en 2008. Aussi, cet ex-empire créé par Jesús Ger, dont la filiale de construction est actuellement en cessation de paiement et la branche touristique acculée à vendre ses actifs contre un rendement de 7% promis aux particuliers acquéreurs, n’est point en mesure de venir à la rescousse de sa filiale marocaine, alors que cette dernière affiche à fin 2015 des fonds propres négatifs (-67 millions de DH suite à une perte nette de -52 millions de DH) pour un chiffre d’affaires d’à peine 80 millions de DH.
Aujourd’hui, tout nouvel acquéreur de Socolomed héritera, certes, d’un total de plus 700 biens totalement finis (avec près de 500 millions de DH en chiffre d’affaires potentiel) et d’un patrimoine foncier non négligeable, dont des terrains destinés aux projets touristiques et tertiaires non encore entamés. Mais il devra réinjecter plusieurs centaines de millions de DH, notamment pour finaliser les projets actuellement à l’arrêt (près de 1.300 unités à achever) qui nécessitent 450 millions de DH et pour trouver des issues aux multiples litiges et contentieux avec les clients et les fournisseurs qui réclament plus de 40 millions de DH à la société en cessation de paiement. Enfin, le nouveau maître des lieux devra également faire face à une montagne de dettes financières avec des crédits bancaires en souffrance qui dépassent la barre de 400 millions de DH contractés principalement auprès d’Attijariwafa bank et la Banque Centrale Populaire. Selon des sources proches du dossier, le vendeur aurait déjà reçu plusieurs manifestations d’intérêts, notamment venant de fonds d’investissement spécialisés en immobilier. Affaire à suivre.