Libéralisation du marché : l’expérience française passée à la loupe
Le système de subvention des prix des hydrocarbures arrive à échéance. Désormais, le Maroc adopte la libéralisation du marché des hydrocarbures, et ce sont les compagnies pétrolières qui seront en charge de la fixation des prix. Mais pour l’heure, cette nouvelle politique suscite l’embarras et l’inquiétude des professionnels du marché. Pour les aider à voir plus clair, BMCE Capital a organisé une conférence dans ce sens. L’expérience française en la matière a été largement étudiée.
La France étant un partenaire principal pour le Maroc, son historique relatif à la libéralisation des prix des hydrocarbures se veut une référence primaire dans ce processus. En effet, la France a libéralisé les prix des produits pétroliers en 1981. Enumérant les raisons de ce recours, le professeur à l’Institut Français du Pétrole Gilles Darmois explique, lors d’une conférence organisée par BMCE Capital, que l’objectif premier est de protéger le consommateur contre le monopole et les ententes. De plus, la libéralisation des prix des hydrocarbures permet de lutter contre l’inflation, préserver le pouvoir d’achat de la population, protéger l’environnement et préserver l’emploi.
Toutefois, « il ne faut pas forcément s’attendre à une baisse des prix du fait de la concurrence» avance M. Darmois en précisant que les compagnies pétrolières se basent sur leurs propres stratégies pour fixer leur prix. De même, « si l’on se fie au comparateur de prix français, ces tarifs ne sont pas fixés sur une période donnée, ce qui veut dire que le consommateur n’a aucune visibilité sur le prix qu’il paiera une fois qu’il se rendra aux stations service» ajoute-t-il.
Nécessité de couverture des risques
La variation des prix, renvoie nécessairement à l’aspect de la couverture des risques. Si le suivi par l’Etat apparaît comme une bonne solution de stabilisation, plusieurs outils permettent également d’atténuer la volatilité des prix des matières premières.
Pour Charles Alexandre Houillon, Portfiolio Manager chez Vista Fund Management Luxembourg, il n’existe pas de couverture parfaite, mais l’opérateur a la possibilité de prévoir un dépôt de garantie initial, de standardiser ses unités, d’effectuer des appels de marge quotidiens, de prédéfinir des quantités et des échéances, et même de fixer les Cours futurs. Aussi, au lieu d’impliquer l’Etat en tant que superviseur, il est également possible de recourir à une chambre de compensation qui sera chargée de fluidifier les échanges et de s’assurer de la solvabilité des opérateurs.
Dans le cas du Maroc, « ces outils devraient être incorporés dans la gestion quotidienne des approvisionnements et des stocks » atteste M. Houillon en ajoutant : « la question de couverture des risques ne doit pas être considérée uniquement comme une assurance pour lutter contre les pertes ».
Une bonne nouvelle pour le Maroc
Enfin, Francis Perrin, Président d’ « Energy industries strategies information » n’a pas manqué de préciser que le marché pétrolier sera altéré par le retour de l’Iran en 2016, au moment où l’Agence internationale de l’Energie (AIE) donnera le feu vert relatif à la levée des sanctions. Ceci veut dire que le marché sera marqué par un excédent de la production pétrolière. Ainsi, « l’année prochaine s’annonce mauvaise pour les pays producteurs, mais bonne pour les pays importateurs, notamment le Maroc » Conclut M. Perrin.