L’OCP à l’initiative des synergies
L’OCP et le ministère de l’Enseignement supérieur décident de développer la R&D au Maroc en multipliant les interfaces entre la recherche, l’université et l’entreprise.
Un objectif qui nécessite un financement innovant.
Pourquoi faire de la R&D une priorité? «Pour gagner en flexibilité et répondre aux besoins du marché. Et parce que cela permet de s’assurer une position de leader», lance d’emblée Mustapha Terrab, le PDG du groupe OCP, aux participants des premières Assises nationales de la R&D, tenues à Skhirat les 12 et 13 septembre et marquées par la présence du Chef du Gouvernement et d’une délégation de dix ministres. Cette manifestation a connu une forte participation estimée à plus de 560 Enseignants, Ingénieurs et Chercheurs issus des Universités marocaines publiques et privées, des grandes écoles d’ingénieurs, des instituts et organismes de recherche ainsi que de la diaspora marocaine établie en France, en Espagne, en Belgique, aux Etats-Unis et au Canada.
Le salut par la R&D
Désireux de valoriser les phosphates, première richesse nationale dont le Maroc est le plus gros exportateur au monde avec 50% des réserves planétaires, l’OCP mise sur cet évènement pour relancer la production dans le cadre d’une nouvelle stratégie de développement, mais surtout pour créer un écosystème autour de la R&D sur les phosphates. Et pour cause, la R&D profite non seulement à l’entreprise qui la mène, mais également à l’ensemble de la société. Pour donner la pleine mesure à cette ambition, l’OCP s’en donne les moyens. La R&D a été renforcée au sein du groupe avec quelque 200 chercheurs et un budget de 400 millions de dirhams qui ont été mobilisés à cet effet. Lahcen Daoudi, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres (ESRSFC), abonde dans le même sens : «la valorisation, le renforcement et la structuration de nos principales ressources sont devenus des facteurs essentiels pour promouvoir notre production dans un monde globalisé. La valorisation de nos ressources naturelles en phosphates est aujourd’hui une nécessité. Il est impératif de préserver nos réserves et rationaliser leur extraction», convaincu qu’il est que les universités ont un rôle à jouer, de même que les entreprises. Le levier le plus important demeurant le financement de la recherche, Daoudi a évoqué «en avant première» un budget de 300 millions de dirhams réservé cette année à la recherche scientifique. Mais le ministre cible les gros portefeuilles, à travers le lancement de fonds communs dédiés à la recherche et à l’innovation. La création d’un premier fonds, en partenariat avec l’OCP, a été annoncée à l’occasion des premières Assises de la R&D. Ce fonds, doté d’un budget de 90 millions de dirhams, sera dédié au financement de la recherche dans le domaine des phosphates pour les trois années futures. Le ministère mobilisera les laboratoires de recherche et renforcera leurs moyens pour répondre aux travaux retenus après le lancement des appels à projets. Lahcen Daoudi a également annoncé des négociations avancées avec d’autres groupes industriels pour organiser des Assises similaires afin de traiter de la R&D dans d’autres domaines, citant Managem et des compagnies télécoms et de transport-logistique.
Des Assises suivies d’effets
Pour faire dans le concret, deux conventions ont été signées lors de l’événement détaillant les partenariats. La première, entre l’OCP et le ministère de l’Enseignement supérieur, d’une durée de 5 ans, porte sur le financement de recherches autour des phosphates via des appels à projets. Des bourses de recherches, doctorales et post- doctorales, sont en outre au menu. La convention prévoit aussi deux prix d’excellence récompensant les meilleures thèses et les meilleures structures nationales en la matière. Un incubateur destiné à accompagner les porteurs de projets innovants verra également le jour, de même qu’une revue scientifique. Les deux parties prévoient de pousser la collaboration un peu plus loin. Elles comptent créer une base de données (Dataphos) permettant une large diffusion des travaux autour des phosphates, et constituer un réseau national et international de chercheurs. Le ministère, pour sa part, devra encourager l’intégration des phosphates dans les programmes académiques de l’Enseignement supérieur. Tandis que l’OCP ouvrira ses structures de recherche aux étudiants. La deuxième convention, quant à elle, liera l’OCP au Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST). Le Centre devra réaliser des études, recherches, essais et analyses pour le compte de l’Office. Il lui ouvrira aussi l’accès à ses structures ainsi qu’à ses ressources électroniques, notamment celles de l’Institut marocain de l’information scientifique et Technique (IMIST) et se chargera des formations, des stages et des manifestations scientifiques. Tous pour la R&D, la R&D pour tous !