Politique

Logements insalubres : la lâcheté politique

Affirmer vouloir éradiquer les bidonvilles et donner des signes d’encouragement à leur établissement est une solution suicidaire.  

Aziz Rabbah a annoncé, au nom du droit à l’électricité, que même les gens qui n’ont pas un permis d’habiter auront le droit au branchement électrique. Il fait sauter le dernier verrou administratif face à la prolifération de logements insalubres, de bidonvilles. Il le fait au nom de considérations humaines qui l’honorent en tant qu’individu, mais qui sont à l’encontre du programme de lutte contre les bidonvilles. C’est une autre incohérence des politiques publiques. Le message est le suivant: «quiconque réussit à construire une baraque, en dehors des lois, a droit aux services publics, en attendant que l’Etat lui offre une maison en dur, en pleine propriété». Il n’y a pas message plus fort pour accélérer la ruralisation des villes, mère, source de tous nos problèmes, de l’incivisme, de l’insécurité et même du dévoiement des élections et du phénomène «ferracha».

Le populisme est criminel

Parce que les politiques ont été d’une lâcheté extraordinaire sur ce dossier, nous sommes face à une faillite absolue. L’Etat a engagé plus de 80 milliards de dirhams dans le programme de lutte contre l’habitat insalubre. On avait recensé le nombre de familles, on a logé un nombre supérieur à celui du recensement et le stock actuel est au même niveau qu’au début de l’opération. Gâchis absolu que personne n’ose affronter.

« Ceux qui sont légaux mais insalubres, on leur amène les services publics, mais on ne leur offre pas un appartement »

La responsabilité des autorités locales est engagée. Pourquoi est-ce qu’elles laissent pousser ces cimetières pour humains comme des champignons ? La corruption y est pour beaucoup, mais aussi la peur de conflits sociaux avec des gens qui revendiquent le droit de violer la loi, d’occuper un terrain qui appartient à un tiers avec en point de mire, un logement offert aux frais du contribuable.

Nous ne faisons qu’encourager l’exode rural, véritable gangrène des villes marocaines, puisqu’il empêche toute véritable politique d’aménagement du territoire.

Lire aussi : Le Maroc exporte-t-il ses bidonvilles ?

Appliquer les lois, expulser tous ceux qui occupent les propriétés de tiers, sans aucune compensation est un signe de fermeté nécessaire et seul compatible avec l’Etat de droit. Pour les autres, ceux qui sont légaux mais insalubres, on leur amène les services publics, mais on ne leur offre pas un appartement.

C’est la seule politique qui peut arrêter le fléau. Les politiques sont d’une lâcheté extrême. 

 
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