La loi contre les violences faites aux femmes entre en vigueur
La loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes est entrée officiellement en vigueur mercredi au Maroc, après des années de vifs débats.
Discuté depuis cinq ans, le texte avait été définitivement adopté au Parlement en février. Il demeure toutefois insuffisant aux yeux des mouvements féministes. Elle définit, la violence faite aux femmes comme « tout acte matériel ou moral résultant d’une discrimination liée au genre et causant aux femmes un préjudice sur le plan physique, psychologique, sexuel ou économique ». La loi incrimine pour la première fois « certains actes considérés comme des formes de harcèlement, d’agression, d’exploitation sexuelle ou de mauvais traitement ». Elle durcit également les sanctions pour certains cas et prévoit des « mécanismes pour prendre en charge les femmes victimes » de violences. Il s’agit « d’un des plus importants textes renforçant l’arsenal juridique national dans le domaine de l’égalité des sexes », s’est félicitée la ministre de la Famille, de la Femme et de la Solidarité, Bassima Hakkaoui. L’ex-ministre en charge des Droits des femmes et militante pour l’égalité des sexes, Nouzha Skalli, avait toutefois estimé que la loi ne prenait pas en compte « les définitions internationales en matière de violences à l’égard des femmes », citant l’exemple du viol conjugal qui reste impuni. Aussi, la loi prévoit l’appui financier par le ministère de turelle accordé aux centres d’écoute et d’accueil des femmes et aux associations s’activant en matière de promotion de la situation de la femme tout au long de trois ans au lieu d’un an pour éviter toute rupture des services prodigués par ces centres.
Au Maroc, médias et ONG tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur le fléau de la violence subie par les femmes, en particulier le harcèlement, alors que plusieurs cas d’agressions ont défrayé la chronique ces dernières années. Les lieux publics sont les endroits où la violence à l’égard des femmes est la plus manifeste, d’après une étude de 2015 de l’Observatoire national de la violence faite aux femmes. À la veille de l’entrée en vigueur de cette loi très attendue, une femme de 24 ans a déposé plainte contre trois hommes pour « harcèlement », ont rapporté les médias. Elle pourrait être la première à bénéficier des dispositions de la nouvelle loi.