L’urgence d’une stratégie à long terme
Education et formation. «La situation actuelle du secteur de l’éducation et de la formation nécessite de marquer une halte pour un examen de conscience objectif, permettant d’évaluer les réalisations accomplies et d’identifier les faiblesses et les dysfonctionnements existants». C’est l’orientation donnée par S.M. le Roi Mohammed VI, lors d’un discours à la Nation à l’occasion du 60ème anniversaire de la glorieuse Révolution du Roi et du Peuple, le 20 août 2013. PAR A.Alami
Tous les diagnostics effectués aussi bien par des institutions nationales, qu’internationales sur le secteur de l’éducation, convergent vers le même constat : l’école marocaine est malade et « fabrique des analphabètes ». C’est pour cela, que le Souverain a décidé d’opérationnaliser le Conseil supérieur de l’enseignement dans sa version actuelle, en nommant le professeur Omar Azziman président délégué du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique en lui prodiguant ses Hautes instructions pour l’évaluation de la décennie de la Charte nationale de l’éducation et de la formation et en formulant des avis au sujet des différentes questions relatives à ce domaine, et ce, dans le cadre d’une large concertation avec les différents acteurs concernés.
Au courant de cette année, M. Azziman a présenté devant le Souverain, les grandes lignes de cette vision qui traduit l’intérêt particulier que Sa Majesté n’a eu de cesse d’accorder à la réforme de l’école marocaine, levier stratégique du progrès de la société.
Fondée sur une approche participative et de concertation, cette vision ambitionne l’édification d’une école nouvelle qui sera l’école de l’équité et de l’égalité des chances, l’école de la qualité pour tous, et l’école de l’intégration de l’individu et du progrès social.
L’école de l’équité et de l’égalité des chances passe, par une série de politiques de rupture et de changements tendant à généraliser un enseignement préscolaire obligatoire et à établir une discrimination positive au bénéfice de l’école rurale.
Ce principe signifie aussi, la garantie de l’accès à l’éducation et à la formation aux personnes à besoins spécifiques et le rétablissement de la confiance en l’école qui doit devenir de plus en plus interactive.
Toute réforme majeure exigerait aussi, selon le président du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, une série de politiques novatrices tendant notamment à assurer une école de la qualité pour tous.
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de repenser la formation et la qualification des métiers de l’enseignement, de reconsidérer les méthodes pédagogiques, de revisiter les programmes, de clarifier les choix linguistiques, de mettre en place une nouvelle gouvernance et de promouvoir la recherche scientifique et l’innovation.
Troisième levier de la vision stratégique pour la réforme de l’Ecole marocaine, est l’école de l’intégration de l’individu et du progrès social qui passe également par des politiques complexes tendant à l’épanouissement des élèves et des étudiants, leur intégration active dans la société de la citoyenneté et de la démocratie.
Il est clair que la réussite de cette réforme est tributaire d’une mobilisation sociétale globale et de la mise en place de mécanismes rénovés, à même de permettre à l’école d’assumer au mieux ses missions, d’assurer le suivi et l’évaluation des dysfonctionnements des leviers de la réforme, et d’apporter les corrections et ajustements nécessaires en temps opportun.
Pour toutes ces raisons, cette vision Royale pour l’échéance 2015-2025 marque une nouvelle étape du processus de réforme du système de l’éducation nationale. La pose de la première pierre du Centre de recherche, de développement et d’innovation en sciences de l’Ingénieur du Grand Casablanca.
Qu’il s’agisse d’entreprises marocaines ou étrangères implantées dans le pays, le Maroc a besoin d’ingénieurs capables d’innover et de piloter des projets innovants, mais aussi d’intégrer les contraintes de la mondialisation. Or, le nombre actuel d’ingénieurs ou équivalent, formés au Maroc reste faible par rapport aux besoins nationaux, soit 8,6 pour 10 000 habitants. Il est au moins 10 fois supérieur dans les pays industrialisés : 64 pour 10 000 habitants en France, 540 au Japon. L’objectif pour notre pays est de former plus de 15 000 ingénieurs par an en 2015 et de porter ce nombre à au moins 25 000 en 2020.
De ce fait, les instituts et écoles de formation des ingénieurs doivent accompagner le rythme du développement, ainsi que les besoins du marché du travail à travers la création de nouvelles formations et le développement de celles existantes, à assurer la convergence des programmes de formation entre les différents établissements de formation des ingénieurs, à en favoriser la complémentarité, notamment dans le domaine de la recherche scientifique et des échanges d’expériences, dans le but ultime de concrétiser les objectifs du développement et d’accompagner les mutations économiques nationales.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, n’a eu de cesse d’entourer ce chantier de sa grande sollicitude en procédant, le 20 octobre 2014, à la préfecture d’arrondissements de Hay Hassani, à la pose de la première pierre du Centre de recherche, de développement et d’innovation en sciences de l’Ingénieur du Grand Casablanca.
Mobilisant des investissements de plus de 43 millions de dirhams, ce projet traduit le ferme engagement du Souverain en faveur de l’acquisition du savoir et de la qualification de l’élément humain, et l’intérêt particulier qu’Il accorde au secteur de la recherche et du développement, clé du progrès et de la croissance. La réalisation du Centre de recherche, de développement et d’innovation en sciences de l’Ingénieur du Grand Casablanca, vise à faire de la Nation marocaine une société productive, ouverte sur les sciences et les technologies de l’heure.
Le nouvel établissement sera réalisé sur un terrain de 1.600 m² de l’Ecole nationale supérieure d’électricité et de mécanique (ENSEM), qui relève de l’Université Hassan II. Il comportera des laboratoires d’informatique, d’électricité et de mécanique, permettant le renforcement du dispositif de recherche de l’ENSEM, la mise en place de nouvelles équipes, thématiques ou axes de recherche à fort potentiel de développement, et la formation d’ingénieurs dans les nouveaux métiers mondiaux. Le Centre de recherche, de développement et d’innovation en sciences de l’Ingénieur du Grand Casablanca, viendra ainsi accompagner la politique des grands chantiers initiée par SM le Roi, pour conforter la stratégie de développement industriel «Plan Emergence», qui a renforcé l’afflux de nombreuses entreprises au Maroc, en particulier dans les domaines de l’aéronautique, l’automobile ou l’électronique, et enfin, consolider l’élan de développement que connaît la région dans son ensemble.