Blog de Jamal Berraoui

L’USFP à Tindouf ( Par Jamal Berraoui )

Feu Abderrahim Bouabid avait été envoyé en prison à Missour parce qu’il avait contesté la proposition d’un référendum par Hassan II sur le Sahara. 30 ans après, la jeunesse Ittihadia a reçu une délégation de la jeunesse du Polisario dans le cadre d’une large délégation « socialiste », puis s’est rendue à Tindouf. Il y a quelques années encore, cela était impensable, souvenez-vous de la réaction de la presse USFP contre les journalistes qui avaient fait le pas.

Le Tihad a-t-il changé de position sur le Sahara ? Il n’en est rien. C’est le contexte qui a changé, radicalement. La proposition d’autonomie marocaine, le soutien qu’elle a engrangé, le puissant retour du Maroc sur la scène Africaine ont mis le Polisario dans une situation de crise.


L’option séparatiste n’est plus crédible aux yeux de l’immense majorité des capitales. Cette perspective est même jugée dangereuse pour la stabilité dans la région. Esseulée, la direction du Polisario tente de jouer la carte des droits de l’homme. Malgré un lobbying puissant, Alger n’est pas crédible sur cet aspect non plus.

Dans les camps, les jeunes sont face au désespoir. Leur direction ne leur offre aucune issue viable. Il n’y a pas de véritables négociations parce que le Polisario n’est pas maître de son destin. En même temps, l’Algérie refuse de leur accorder les droits reconnus aux réfugiés. La libre-circulation et le droit au travail par exemple. Ils apprennent régulièrement que les aides internationales sont détournées. Certains ont intégré les réseaux mafieux du Sahel ou pire, ceux des jihadistes qui sont souvent les mêmes par ailleurs. Il y a un indice qui ne trompe pas sur le moral à Tindouf : celui des revenants, ceux qui ont choisi de réintégrer le Maroc et de vivre au Sahara. Ils se comptent par milliers, alors que depuis près de dix ans il n’y a aucun mouvement dans l’autre sens.

C’est ce contexte qui justifie les contacts de la diplomatie parallèle avec la jeunesse du Polisario. Leur présenter les acquis et les faiblesses des processus en cours au Maroc, tout en rappelant le consensus national autour de l’intégrité territoriale. Et pourquoi pas, entendre leurs appréhensions pour tenter de les dissiper. Ce à quoi il faut faire attention, c’est le piège de la communication. La propagande algérienne, prisonnière de ses vieux schémas, tend toujours à détourner ce genre de rencontre de leur but. C’est un risque que la jeunesse Ittihadia a choisi de courir, elle s’est donc bien préparée à toutes les éventualités.

 
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