L’usine Renault d’Oran, un projet qui ne fait pas l’unanimité
C’est au lendemain de la visite de François Hollande en Algérie, que ce projet de réalisation d’une usine Renault a été négocié entre les deux partenaires. L’usine n’a pas encore démarré et les premières critiques ne sont pas de nature à encourager les investissements étrangers, notamment dans l’industrie automobile.
L
e président du conseil consultatif pour la promotion des PME jette un pavé dans la mare. Zaim Bensaci dénonce le « caractère marginal de l’intégration », ce qui implique le recours inévitable à la sous-traitance.
Un taux d’intégration modeste
L’intégration pose donc un sérieux problème, le président du conseil consultatif de la PME parle de quelques pièces produites en Algérie, ce qui ne répond guère au taux d’intégration annoncé au début . Un taux de 20% à 25% d’intégration de la production nationale était retenu pour une première étape, pour atteindre les 60% avec l’introduction des segments pneumatique et vitrage. Dans les coulisses du patronat, on reste prudent en matière de déclaration pour ne pas indisposer le partenaire français. Toutefois, des voix s’expriment publiquement, en reconnaissant que la sous-traitance algérienne n’est pas encore prête, sauf que Bensaci ne partage pas cet avis, pour lui «ce n’est pas l’absence des sous-traitants en Algérie, mais leur marginalisation ».
Depuis, les sous-traitant dans ce secteur, qui évoluaient autour de la SNVI ne représentent plus rien et les contrats signés avec Renault, Daimler Mercedes Benz Ferguson sont on ne peut plus clairs sur ce chapitre. Ceci contraste avec les déclarations faites par un responsable de la direction de l’industrie en juillet dernier qui avait indiqué que treize entreprises publiques et privées ont été retenues pour la sous-traitance de l’usine d’Oran. Toutes ces données, confirment si besoin, le faible taux d’intégration et pourrait même être en deçà des prévisions annoncées (moins de 20%). Les réserves quelque peu intempestives de M. Bensaci à l’égard des pouvoirs publics ne sont pas de nature à inquiéter le constructeur français, mais reflètent un climat de mésentente dans le milieu du patronat algérien.
Ambitions revues à la baisse
En tout état de cause, il ne fallait pas trop nourrir d’ambitions pour un projet, dont l’investissement ne dépasse pas les 50 millions d’euros et la création de 350 postes d’emploi dans une région très touchée par le chômage. L’usine de Oued Tlelat en Oranie produira au début 25.000 véhicules pour atteindre à terme 75.000. Bien que le marché algérien offre des garanties suffisantes pour les ventes, le projet Renault Tlelat ne répond pas à l’attente des différents opérateurs algériens. Un dirigeant du think tank care estime que « les entreprises qui peuvent se lancer dans la sous-traitance ne sont pas nombreuses pour l’instant, il faut passer par la mise à niveau pour relever le défi de la relance industrielle ».
Le problème de la concurrence est aussi évoqué par les acteurs de l’industrie automobile. Il semble qu’aucune préparation n’ait été faite pour accueillir ce projet, car Renault dispose déjà d’un ambitieux programme de développement au Maroc, où le réseau de sous-traitance est déjà opérationnel et qui peut satisfaire Oued Tlelat. Ce constat nous ramène à la politique de l’industrialisation des années 70. Les usines et complexes clés en main ont été un échec qui a couté cher au pays. Pourquoi donc les pouvoirs publics ont accepté un tel projet, le réchauffement des relations entre les deux pays valait-il ce genre de concessions ? Pour Zaim Bensaci « il ne faut s’attendre à rien de la part des entreprises étrangères, le salut vient des grands groupes publics, tel que Sonatrach et Sonelgaz qui offrent de grandes perspectives en matière de sous-traitance locale ».
En attendant, la facture pour l’importation de véhicules inquiète le patronat.
ALGER – Abdou Merouane