Maghreb Steel : «Trop tôt pour crier victoire»
Pour la mise en place de mesures antidumping, Maghreb Steel a bel et bien obtenu gain de cause, ce qui n’a pas fait plaisir à Arcelor Mittal, le principal concerné. Pour autant, la société n’est pas encore sortie de l’auberge. Les importateurs pourraient se rabbattre sur d’autres pays.
Faut-il que l’industrie sidérurgique crie victoire après la mise en place de mesures de sauvegardes pour le rond à béton et le fil machine et de mesures antidumping pour l’acier plat produit par Maghreb Steel? Si au niveau de la Sonasid et les quatre autres acteurs du rond à béton, on estime avoir plus de visibilité, chez Maghreb Steel, on préfère le ton de la prudence. En effet, quand on l’interroge sur l’impact qu’ont les mesures mises en place par le ministère du commerce au profit de la sa société, Othman Benmlih, le directeur général de Maghreb Steel, mitige son enthousiasme. «Les mesures appliquées sont des mesures antidumping qui ciblent quelques entreprises et non des mesures de sauvegarde qui sont plutôt d’ordre général», précise-t-il d’entrée de jeu. La précision est de taille puisque selon lui, «l’importation d’acier plat en provenance de pays tels que la Turquie et l’Egypte reste libre de toute taxe». Cela veut simplement dire que la menace est toujours présente et son activité pourrait bien continuer à avoir des difficultés.
Néanmoins, le tableau est loin d’être noir. Puisque, aujourd’hui, «Maghreb Steel est bien en mesure d’honorer ses engagements», se réjouit Benmlih qui tient visiblement à rassurer ses partenaires, notamment les banquiers. Ces derniers ont en effet procédé, le mois dernier, à la restructuration de la dette de financement qui se monte à fin 2012 à quelque 2,66 milliards de dirhams et une dette de trésorerie de 2,79 milliards de dirhams toujours à fin 2012. Au total, donc la restructuration devrait concerner un minimum de 5,45 milliards de dirhams. Mais, la volonté des actionnaires de redresser l’entreprise est unaniment saluée y compris par le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui s’est exprimé suite à la tenue de la réunion trimestrielle du Conseil de la Banque Centrale.
Concernant les mesures antidumping, il convient de signaler qu’Arcelor Mittal, le principal concerné notamment à partir de ses unités basées en Europe, s’est inscrit en faux contre les conclusions du ministère marocain en charge de l’industrie. Selon eux, les coûts ne correspondent pas exactement à ses propres coûts de production. Pourtant, l’enquête menée par le ministère est exclusivement basée sur les données fournies par les fournisseurs étrangers des importateurs marocains dont Arcelor Mittal, lui-même.
Pour rappel, les conclusions provisoires du ministère de l’industrie ont fait état d’une marge antidumping de 60,42% du prix, ce qui a poussé le ministère à instaurer une taxe de 29,12%.
Quoi qu’il en soit, pour Othman Benmlih, il faut quand même deux à trois mois avant de tirer les premières conclusions de la mise en place des mesures antidumping. L’homme estime qu’actuellement, le marché fonctionne encore avec les stocks qui étaient constitués avant l’instauration de la mesure antidumping. De plus, même au-delà, il faudra être vigilant par rapport aux autres pays non-européens, notamment l’Egypte et la Turquie, avec lesquels le Maroc a des accords de libre-échange.