Maroc : il faut changer de logiciel
La sortie du confinement devait être progressive, mais par manque de préparation, elle est chaotique et porte les germes d’un drame sanitaire.
Le gouvernement a fait faillite sur le plan de la communication, mais aussi sur la concertation. Il n’y a pas une seule profession qui se dit prête à appliquer les protocoles. Résultat, nous avons ceux qui font fi des règles prudentielles, les marchés populaires par exemple et ceux qui en profitent pour saigner les marocains, les transports remportent la palme dans cette honteuse attitude.
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Mais il nous faut aller plus loin que le descriptif. Le Maroc peut gagner à l’issue de cette crise, si nous tirons les bonnes conclusions. Celle qui s’impose, c’est que l’Etat hyper centralisé n’a pas l’agilité nécessaire pour gérer une crise de ce genre. C’est une évidence dès qu’on oublie les idéologies. Il faut donner beaucoup plus de compétences, mais aussi de moyens, aux pouvoirs locaux, dès le niveau de la commune. Après, il faut bien entendu réformer en profondeur le champ politique, permettre des listes citoyennes non affiliées, porteuses d’un projet local. Bien sûr qu’il faut éviter les baronnies mafieuses, mais c’est à la justice de faire preuve de plus de célérité. Le dossier du casino Sâadi à Marrakech traîne depuis 15 ans, alors que les aveux de corruption sont publics, enregistrés.
Le logiciel de la décentralisation, de la déconcentration doit s’appuyer sur la confiance des acteurs locaux, de leur capacité à dégager les priorités, mais aussi à intégrer les choix nationaux. Ce n’est pas une impossibilité. La qualité des élus locaux changera parce que les nouvelles responsabilités attireront de nouveaux profils. Soit on se dirige vers cette nouvelle organisation, soit on se résout à l’impuissance, parce que l’Etat omnipotent c’est une fable.