Maroc : La Cour des comptes met à nu les défaillances des prisons
Le rapport de la Cour des comptes de 2018 continue de faire des remous. Publié mercredi dernier par Driss Jettou, le rapport examine, entre autres, les conditions de détention des prisonniers et met à nu les déficiences de l’infrastructure globale du système pénitentiaire.
Jettou a constaté que la participation des directions régionales à la gestion des établissements pénitentiaires était «faible» soulignant le manque flagrant de ressources humaines. En effet, le tribunal a reproché à la Délégation générale pour l’administration pénitentiaire et la réintégration (DGAPR) de ne pas avoir assez de main-d’œuvre pour gérer les prisons.
Selon le rapport, « la DGAPR souffre d’une supervision insuffisante au sein des établissements pénitentiaires », soulignant la différence significative entre le nombre de membres du personnel et la population carcérale. Le rapport a également constaté des retards dans la soumission des documents pour les travaux de construction des prisons. « Trois établissements pénitentiaires ont été affectés à la même entreprise dans le cadre d’appels d’offres ouverts. » Les trois prisons ont été mises en service à Asilah, Berkane et Oujda. La société qui a annoncé sa faillite a donc arrêté ses travaux de construction, qui ont débuté en 2015. « Ces projets sont actuellement en cours après que d’autres sociétés ont pris le relais. »
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Le procès-verbal de la cour a ajouté que les visites sur le terrain dans certaines institutions pénitentiaires révèlent « des lacunes dans l’infrastructure ». Les conclusions ont précisé l’absence de zones de sécurité autour du périmètre de la plupart des institutions pénitentiaires.
«Malgré l’importance de ces infrastructures dans le système de sécurité des établissements pénitentiaires, le plan d’action conforme à la stratégie de protection de la sécurité n’inclut aucune action visant à remédier à ces problèmes afin que les infrastructures répondent aux normes internationales.»
Le président de la Cour des comptes a par ailleurs abordé le manque d’équipements de surveillance électronique pour lutter contre la contrebande de produits illégaux dans la prison. Le rapport indique que l’examen des données sur la gestion des dispositifs de surveillance électronique pour lutter contre les produits contrefaits a permis « d’identifier de graves pénuries de tels équipements ».
Les examens ont révélé que 39 prisons n’avaient pas de détecteur de radiations. Les détecteurs disponibles ne répondent pas aux exigences de surveillance. Aussi, de nombreuses prisons sont dépourvues de détecteurs de métaux. Au total, 58 d’entre elles ne possèdent pas de détecteur de métaux. Le rapport du tribunal indique que 68% des infractions commises dans les établissements pénitentiaires au cours de la période 2013-2017 sont liées à la possession de substances illégales. Selon les conclusions de la cour, seuls 30,42% des établissements pénitentiaires disposent de systèmes de vidéosurveillance.
Le rapport montre que les prisonniers risquent toujours d’être étouffés en cas d’incendie dans les locaux de la prison. « Les données sur le matériel de lutte contre l’incendie ont prouvé que les établissements pénitentiaires souffrent toujours de plusieurs faiblesses qui limitent l’efficacité de ces dispositifs. »
Les visites sur le terrain à la prison ont montré la persistance de matériaux inflammables utilisés dans les cellules, y compris les lits. Le rapport indique que l’espace moyen alloué à chaque prisonnier est d’environ 1,8 mètre carré. Or, selon les normes internationales, les prisonniers devraient avoir 3 mètres carrés.