Maroc Taswiq se niche dans le commerce équitable
Maroc Taswiq, initiative de l’Office de commercialisation et d’exportation (OCE), affiche au bout de neuf mois d’activité des performances au-delà de toute attente. Venue à point nommé répondre à celles de centaines de coopératives, cette offre d’agrégation, de valorisation et de commercialisation n’en est qu’à ses débuts. Des débuts qui s’annoncent fort prometteurs.
Tout ce qui est jaune et qui brille n’est pas de l’or. Il y a aussi « l’or vert ». Celui qui est constitué par les 1.500 produits du terroir marocain et qui fait vivre près de 15 millions de personnes dans le Maroc profond. L’Office de commercialisation et d’exportation vient d’ailleurs d’en apporter la preuve par quatre par le biais de Maroc Taswiq. Grâce au chantier de l’INDH lancé par le Souverain en 2005, un « effort colossal » avait été consenti à l’amont. Aujourd’hui, vu que les petits agriculteurs et les petites coopératives ne peuvent s’inventer directeurs marketing ou directeurs commerciaux, Maroc Taswiq prend le relais. Et les résultats sont au-delà des attentes même des initiateurs du projet. En peu de temps, l’économie solidaire a pris une dimension d’ampleur. « Le nombre des coopératives a pratiquement doublé », confie Najib Mikou. Avec un objectif initial de coopératives à encadrer et à valoriser de 50 unités, l’office a pu en neuf mois en toucher près de 600. Et pour cause, ces dernières sont demandeuses de support car bien qu’elles produisent, elles manquent cruellement de débouchés.
Intermédiaires prédateurs
Toutefois, « l’effort qui a été fait en amont risquait de devenir un gisement à offrir à des intermédiaires prédateurs négatifs d’où l’intérêt d’occuper la place et de créer un maillon perdu dans cette chaîne de solidarité et d’efforts collectifs qui a permis l’adhésion de mécanismes de financement internationaux. Ce qui dénote de leur confiance car ils veulent accompagner ce secteur stratégique pour le pays. Le maillon manquant de cette chaîne était la valorisation, l’agrégation et la commercialisation de cette offre atomisée », déclare Najib Mikou. Pour ce faire, l’OCE a lancé via Maroc Taswiq, le 4 avril 2012 le premier magasin solidaire à Casablanca. Cette unité devait être la seule à être créée durant l’année. Il n’en fut rien. D’autres magasins ont suivi à Mohammedia, Larache et Fès et d’autres sont aujourd’hui dans le pipe. C’est le cas notamment de la reconversion de la maison de plaisance de la Direction générale à Agadir en magasin solidaire.
Les travaux devaient être entamés d’ailleurs le week-end dernier. « C’est une reconversion sobre, opérationnelle, qui ne coûtera pas cher tant au niveau de sa configuration que de son exploitation », souligne Najib Mikou. Loin de se cantonner à une approche purement domestique, l’OCE entend donner de l’ampleur à ses projets. C’est ainsi qu’elle manifeste une ferme volonté de développer des plateformes internes et externes pour commercialiser les produits des coopératives. Quatre niveaux d’intervention ont d’ailleurs été retenus dans ce sens. Le premier est incarné par les magasins solidaires avec la création de nouvelles unités à El Jadida, Meknès, Rabat et Marrakech en 2013. Najib Mikou caresse à cet égard l’espoir de boucler l’année avec une dizaine de magasins solidaires à travers le Maroc. Deuxième créneau d’intervention, les partenariats entre le public et le privé s’avèrent porteurs de promesses, notamment avec les magasins spécialisés. Une convention a d’ailleurs été signée avec une enseigne dédiée à Casablanca qui dispose de deux magasins au Morocco Mall et au Maarif. Deux autres sont en cours de discussion.
Quatre créneaux d’intervention Le troisième créneau d’intervention concerne le e-commerce « qui connaît une progression annuelle variant entre 30 et 50% ». Pour Najib Mikou, « il est hors de question qu’on n’emprunte pas ce chemin vertueux ». Du coup, l’OCE s’apprête à annoncer prochainement, lors d’une conférence de presse le lancement de quatre sites internet spécialisés. Il s’agit en l’occurrence de bladelkhir. ma, un site marocain, de solideal un site de promotion du Maroc et de deux sites spécialisés à l’international. Un consacré aux cosmétiques et un aux produits alimentaires. Sous-tendus par des accords logistiques avec des opérateurs nationaux et internationaux de renom, ces sites bénéficieront des dernières techniques en matière de paiement sécurisé valables aussi bien en Europe, au Moyen Orient, en Asie qu’en Amérique. Enfin, quatrième créneau d’intervention, la commercialisation à l’étranger sera dopée par la « signature de conventions avec des correspondants commerciaux à l’étranger qui nous introduirons auprès des supermarchés et des commerces de proximité, moyennant une commission sur chiffre d’affaires », indique Najib Mikou. Sur le plan logistique et managérial et afin de ne pas s’embarrasser d’une flotte qui ne fonctionnera pas à plein temps, l’OCE compte associer les jeunes diplômés pour assurer l’accompagnement technique et juridique des coopératives, pour collecter les produits et pour développer leurs ventes.
Une toile solidaire virtuelle
Collectant aujourd’hui, près de 1.500 produits « de qualité irréprochable » auprès des coopératives, Maroc Taswiq compte mettre en place des synergies pour faciliter la vie de ces petites unités productives. « Nous allons mettre en réseau les coopératives grâce aux nouvelles technologies via le projet Toile solidaire virtuelle (ndlr: TSV) avec Maroc Taswiq pour bénéficier de l’information et de la formation à distance, pour disposer d’un calendrier de production et de collecte des produits et pour avoir des outils de gouvernance et de suivi des paiements et une assistance de leur système qualité que nous allons d’ailleurs certifier à la charge de l’État », met en exergue Najib Mikou. Ce dernier se fixe d’ailleurs comme objectif de payer les coopératives 48 heures après l’acte de vente d’un produit. « Cela n’existe nulle part au monde car les coopératives ont besoin de liquidités », affirme-t-il. Aussi, Najib Mikou appelle de ses voeux les autres organes chargés d’intervenir dans le processus de commercialisation, comme le Laboratoire officiel d’analyses et de recherches chimiques de Casablanca (LOARC), l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et l’Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE) à encadrer et à accompagner l’économie solidaire. Comme couronnement des efforts consentis par l’OCE dansle domaine de l’économie solidaire, « le projet Maroc Taswiq a été sélectionné parmi d’autres pour représenter le Maroc lors d’une compétition méditerranéenne qui aura lieu au cours du mois de mai à Tunis sur les projets solidaires prometteurs ». Une reconnaissance qui en dit long sur un chemin parcouru en si peu de temps… ■