Politique

Elections au Maroc. Quel impact sur la France et l’Europe

Najib Benamour, Secrétaire général exécutif de l’Institut Marocain de l’Intelligence Stratégique (IMIS), a livré sur forbes.fr son analayse sur les échéances électorales au Maroc.

Le Royaume Chérifien s’apprête à voter lors des élections législatives, régionales et communales qui se tiendront ce mercredi 8 Septembre dans un contexte inédit. Troisième scrutin national depuis le « Printemps Arabe » et la réforme de la Constitution de 2011 qui a redistribué les pouvoirs entre exécutif et monarchie, cette élection intervient à un moment important de reconfiguration géopolitique et économique dans la région. Dans ce cadre, au-delà de l’enjeu national, ce vote est très important pour la France et l’Europe dans son ensemble.

Lors d’une étude récente sortie au milieu de l’été réalisée par l’un des « Big Four » de l’Audit, le Cabinet Deloitte, celui-ci estimait- à juste titre- que « Dans un contexte de crise mondiale causée par la Covid-19, le Royaume du Maroc a démontré une réactivité remarquable aussi bien sur le plan sanitaire que sur les plans économique et financier. Le Royaume a pu réorganiser le tissu productif pour faire barrage aux vagues de contaminations, tout en déployant des mesures importantes destinées à servir d’amortisseur économique au choc social important induit par les mesures de confinement » .

En clair, le Maroc a fait « mieux que résister » à la pandémie, il en a saisi les opportunités pour lancer des réformes de fond, incluant la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, l’élargissement de la protection sociale, ou encore la légalisation du Cannabis à caractère thérapeutique.

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Résilience et Réactivité

Sous le leadership de son Souverain, le Royaume Chérifien a donc non seulement fait preuve d’une résilience remarquable face à la pandémie en imposant très tôt l’un des confinements les plus longs au monde, mais en mettant également en place un filet de sécurité massif afin de protéger les couches les plus vulnérables de la société. En parallèle, le Maroc a réorienté très rapidement son tissu industriel et a réussi le tour de force d’être autosuffisant en masques, gel hydro alcoolique et autres outils-barrières en moins de trois semaines lors du mois d’avril 2020. Cette agilité industrielle a permis, de surcroit, au pays d’exprimer sa solidarité avec son continent, l’Afrique, en organisant un pont aérien massif afin d’acheminer gratuitement ces mêmes outils « made in Morocco » à des dizaines de pays du continent.

Cette séquence remarquable a été abondamment documentée et commentée par la presse internationale, faisant même dire au quotidien le Monde que « le Maroc joue la « diplomatie du masque » vers l’Afrique subsaharienne ». En parallèle, dès l’été 2020, le Maroc se lançait dans une politique vaccinale ambitieuse, s’insérant dans la cohorte de tests mondiaux, puis déployant dès la fin de l’année la plus vaste campagne de vaccination gratuite du continent. A date, ce ne sont pas moins de 63% des Marocains de la population cible qui sont primo-vaccinés, et le pays s’apprête même à aller plus loin avec la mise en place imminente de plateformes de fabrication de vaccins, suite à une initiative du Roi Mohammed VI en partenariat avec des géants mondiaux asiatiques et européens.

Mais si cette capacité de résilience a été très mise en avant, peut-être faut-il souligner que c’est une autre qualité qui est la plus importante à l’aube de ces élections générales : la capacité inédite du pays à se projeter en mode « rebond » afin d’affirmer son nouveau statut de puissance régionale économique et politique.

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Capacité de rebond et de relance

De fait, lors de l’année 2020, la position du Maroc dans le concert des nations a évolué de manière sensible. Outre les réalisations enregistrées dans la lutte contre la pandémie et le redémarrage rapide de pans entiers de l’économie, dont le secteur exportateur de l’automobile, le Maroc a également consacré près de 12% de son PIB (autour de 10 milliards d’Euros) à un vaste plan de relance économique qui embrasse de nombreux sujets qui intéressent au premier plan les partenaires européens du pays, incluant la France.

Ainsi, des budgets substantiels seront alloués à la décarbonation de l’économie, ce qui, dans un contexte de reconfiguration des chaînes de valeurs mondiales afin de réduire l’exposition européenne à l’Asie du Sud-Est, fera du Maroc une plateforme idoine pour la France et l’Europe afin de positionner des plateformes de co-production où l’avantage « Best Cost » du Maroc sera combiné à la force de l’innovation européenne. Dans le secteur du médicament par exemple, des externalités positives majeures en seront engendrées.

Enfin, le Maroc s’est doté durant cette période d’un nouveau modèle de développement élaboré par une commission ad hoc répondant directement au Roi, que le prochain exécutif sorti des urnes sera chargé de « faire vivre » sur le plan opérationnel, afin notamment de réduire les inégalités spatiales ou de revenus, et de rééquilibrer la nature de la croissance marocaine afin de la rendre plus inclusive et plus soutenue. A ce titre, les élections du 8 septembre constitueront un moment charnière.

 
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