Santé

Masques anti coronavirus : Le port généralisé encouragé au Maroc ?

Contrairement à beaucoup de gouvernements dans le monde qui n’ont cessé de répéter que les masques n’avaient aucune utilité pour les individus non-porteurs de la maladie, celui du Maroc a jusque-là évité de tenir officiellement ce discours. Et au moment où les discours de ces pays sur ces produits sont en train d’évoluer, le ministère des Finances a publié un arrêté dans le Bulletin officiel du 2 avril fixant les prix des masques non médicaux  aux normes marocaines « NMST21.5.200 ». Se dirige-t-on vers un port généralisé des masques au Maroc ?

Depuis le début de l’épidémie du coronavirus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de nombreux gouvernements répètent que les masques doivent être uniquement utilisés par les soignants, les malades et leur entourage proche, en disant s’appuyer sur des données scientifiques. Mais depuis le début de cette semaine, ce discours officiel est en train de changer dans plusieurs pays. Et pas plus tard que vendredi dernier, c’est le président américain Donald Trump qui a fait le buzz en annonçant que les autorités sanitaires conseillaient désormais aux Américains de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent de chez eux.

Le même jour, en Allemagne, l’Institut Robert-Koch, l’établissement de référence en santé publique, n’y est pas allé par quatre chemins pour les citoyens à porter en public des masques faits maison. Comme s’ils se sont passé le mot, quelques heures après, c’est l’Académie de médecine en France qui estime que le port généralisé de masques serait un complément utile aux mesures barrière en vigueur.  Elle précise, dans son communiqué que le port généralisé de masques serait « une addition logique aux mesures barrière » qui ont été prises pour freiner le développement de l’épidémie et souhaite que ce port du masque soit rendu « obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement ». L’Académie de médecine suggère même, face à la pénurie de masques, de se diriger vers des tutoriels permettent à chacun de se fabriquer une protection en tissu. Coïncidence ou pas, le même jour, c’est-à-dire le vendredi 3 avril, le gouvernement français a fait une volte-face spectaculaire en annonçant la fabrication de masques «alternatifs», autres que médicaux. «Nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter (…) ces masques alternatifs qui sont en cours de production», a souligné le directeur général de la Santé en France, le Pr Jérôme Salomon, surnommé le « Monsieur coronavirus » du gouvernement français.

L’autre volte-face spectaculaire devrait venir de l’OMS. Selon plusieurs experts, cette institution spécialisée de l’ONU est en train même de revoir ses recommandations sur la question des masques. Alors, pourquoi tout ce beau monde a fait croire aux gens que les masques étaient inutiles contre le coronavirus quand on n’est pas malade ? Pour l’instant, seuls les défenseurs du port généralisé du masque, ont tenté d’y répondre. Selon eux, ce discours officiel visait à éviter que le grand public ne s’empare des masques réservés aux soignants et aggrave une pénurie déjà existante dans la plupart des pays.

Le Maroc démocratise le masque

 Pourtant au Maroc, jusque-là, le gouvernement n’a pas officiellement communiqué pour empêcher le grand public de se ruer sur les masques. La seule communication sur ces produits concerne l’arrêté publié le 2 avril dans le Bulletin officiel et fixant les prix des masques non médicaux  aux normes marocaines « NMST21.5.200 » (Coronavirus : le ministère des Finances met fin à la guerre des masques). Et même si le gouvernement n’a pas encore franchi le pas pour encourager le port généralisé des masques, c’est tout comme. Certes l’encadrement des prix empêchera  toute surenchère sur les prix mais elle faciliterait la mise en œuvre  d’une éventuelle obligation du port de masque si le gouvernement venait à prendre la décision comme ce fut le cas avec la chloroquine. Pour rappel, le ministère de la Santé avait d’abord commencé par réquisitionner tout le stock de nivaquine de Sanofi Maroc avant d’opter pour le traitement du coronavirus avec la chloroquine.

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Pour les masques également, le ministère de l’industrie a commencé depuis quelques jours à sécuriser la production de masques. Tout a commencé le 27 mars dernier avec la publication par l’Institut marocain de normalisation (IMANOR), qui dépend du ministère de l’Industrie, d’une norme inspirée des standards internationaux dont la norme française. Depuis, plusieurs unités de textiles ont été certifiées après que le Département d’Elalamy a multiplié les réunions avec les textiliens pour les inciter à recourir au tissu non tissé (matière à partir de laquelle sont fabriqués les sacs de caisse) comme alternative pour fabriquer des masques non médical et lutter par ricocher contre la propagation du coronavirus. Selon une source proche d’IMANOR, ces masques barrières qui ont une durée d’utilisation optimum de quatre heures, également utilisables une fois, doivent d’abord être aptes à l’utilisation, limiter la projection de gouttelettes de l’usager potentiellement atteint de coronavirus sur son voisinage. Ils protègent aussi contre toute attaque externe sans gêner la respiration.

Pour l’heure, une dizaine d’usines spécialisées dans la fabrication de tissu se sont lancées dans la fabrication de masques de protection. Selon une source proche de l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH), si la demande existe, ces unités sont à même produire quotidiennement près de 5 millions de masques. « D’autres opérateurs se préparent à se lancer. Il faut savoir qu’aujourd’hui, l’objectif est d’arriver ce que le pays soit autosuffisant pour pouvoir ensuite exporter », indique la même source qui précise que les exportations de masques restent pour l’heure soumises à licence.

 
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