Matériel agricole : les opérateurs ont le blues
Les importateurs-distributeurs de matériel agricole n’arrivent pas à remonter la pente. Ils constatent, année après année, la baisse des ventes des tracteurs neufs, principal moteur du marché de l’équipement dans l’agriculture.
La dégringolade continue sur la vente de tracteur neuf. La campagne agricole 2019-2020 s’est caractérisée par des conditions climatiques difficiles avec une pluviométrie faible, le cumul des précipitations enregistrées jusqu’au 8 avril 2020 s’élève à 261 mm, contre 361 mm à la même période de la campagne précédente et 400 mm en année normale, soit un déficit respectif de 28 % par rapport à 2018/19 et 35 % par rapport à la normale. Ces conditions climatiques ont contribué à une baisse importante du marché des tracteurs agricoles neufs. Selon l’Association marocaine des importateurs du matériel agricole (AMIMA), le mois d’avril 2020 a enregistré un volume de vente de l’ordre de 61 unités, en comparaison avec les chiffres du mois d’avril 2019 qui sont de l’ordre de 186 unités, soit une baisse de 67% par rapport à 2019. « Nos statistiques à fin avril révèlent un niveau de ventes de 305 unités, soit une baisse de 32% par rapport à fin Avril 2019 », indique-t-on auprès de l’AMIMA. Outre le déficit pluviométrique de la campagne agricole, ces opérateurs expliquent cette baisse de performance par plusieurs facteurs, notamment les retards enregistrés depuis fin 2017 dans le déblocage des subventions des tracteurs et du matériel d’accompagnement agricole, ainsi que les faibles montants alloués au secteur du machinisme agricole, ce qui pénalise lourdement les trésoreries des importateurs et de leurs réseaux de ventes. A cela, s’ajoutent l’effet de la pandémie Covid-19 sur le déplacement des clients et des vendeurs, la fermeture des guichets uniques jusqu’à nouvel ordre, ainsi que l’annulation des salons et foire régionaux. «Cette situation qui perdure, porte atteinte au secteur du machinisme agricole et met en péril son écosystème dans la mesure où les entités le constituant ne seront plus en mesure de faire face à leurs engagements financiers et leur obligation de s’approvisionner et d’approvisionner les agriculteurs en matériel agricole», tient à préciser l’AMIMA qui relève que les conditions climatiques avaient déjà contribué durant l’année dernière, à une baisse importante du marché des tracteurs agricoles neufs de 33% par rapport à l’année 2018 pour s’établir à 1687 unités en 2019, soit le volume le plus faible depuis 2006 (voir ventes annuelles des tracteurs neufs). La vente des tracteurs standards quatre roues motrices représente plus de la moitié des ventes, avec 898 unités en 2019 contre 1253 unités en 2018 et a enregistré une baisse de 28%. Alors que les tracteurs standards deux roues motrices sont les plus affectés avec la vente de 512 unités en 2019 contre 903 unités en 2018, soit une régression de 43%. Quant aux tracteurs fruitiers, le volume réalisé en 2019 est de 277 unités contre 373 unités en 2018, soit une baisse de 26%.
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Pour les importateurs-distributeurs de matériel agricole, durant les très bonnes saisons agricoles, la demande dépassait la barre de 4.000 tracteurs comme en 2013 (4.247 unités), 2011 (4.178) et 2009 (6.841) au lancement du Plan Maroc Vert. Ces années fastes, où l’investissement en matériel agricole était au zénith, sont terminées. Le marché est sans doute entré dans une phase de digestion de l’effort consenti dans les cinq premières années du Plan Maroc Vert. En comparaison avec la moyenne des ventes de 2009 à 2013 qui est de l’ordre de 4.561, les ventes de 2019 sont en forte régression.
Pour 2020 encore, le marché des tracteurs s’est inscrit dans une tendance baissière. Notons que quand les ventes de tracteurs neufs baissent, tous les autres types de matériels d’accompagnement, à l’instar des semoirs ou des pulvérisateurs, connaissent le même sort. A ce titre, l’on craint le pire face aux problèmes menaçant le secteur.