Mettez-vous d’accord ! par ( Jamal Berraoui )
Mohamed El Ouafa a affirmé, devant le Parlement, que les prix de l’électricité n’enregistreront aucune hausse. Position qui a surpris tous ceux qui connaissent le dossier ONEE. L’Office a une situation financière catastrophique, le déficit atteint 7,5 milliards de dirhams et l’endettement dépasse les 50 milliards. Pourtant, le service est correctement assuré et les engagements en investissements en particulier, en milieu rural ont été tenus. L’équilibre financier ne peut dépendre que du budget de l’Etat.
C’est ce raisonnement de bon sens qu’a suivi Amara dans le cadre du contrat-programme. Il annonce lui, que les prix connaîtront une variation à la hausse pour les foyers dont la consommation mensuelle dépasse les 100 kwh, soit près de deux millions de familles. Les couches défavorisées ne seraient donc pas touchées. Mais à ce sujet, il faut rappeler le cas des compteurs communs qui regroupent plusieurs familles, qui vivent dans la précarité la plus absolue. Il n’ont pas les moyens de payer un compteur individuel et se retrouvent pénalisés au niveau de la facture, puisqu’il est normal que dix familles consomment 100 kw/mois.
Les montants qu’annonce le ministre Amara ne sont pas prohibitifs, s’ils ne concernent que les hauts revenus, 20 dh par mois c’est très supportable.
Mais alors, pourquoi est-ce que El Ouafa, qui ne connaît pas le dossier, ne le gère pas, est venu nier devant le Parlement une décision qui était déjà dans le pipe ? C’est un dysfonctionnement manifeste de l’exécutif.
C’est aussi un couac en matière de communication. Les déclarations de Amara sont convaincantes, sur le plan rationnel. On ne peut pas laisser couler l’ONEE, ni le subventionner à tout va et il est normal que les couches aisées payent leur électricité au juste prix.
Encore faut-il que l’on sache quel est le traitement réservé aux industriels, parce que les enjeux, en termes de compétitivité sont hyper importants.
Malheureusement, nous ne sommes pas dans le rationnel, mais dans l’émotif. Ce ne sont pas seulement les familles aisées, mais la majorité des familles qui peuvent supporter une dépense supplémentaire de 20 dirhams par mois et ce, en quatre ans. Mais, on peut s’attendre à des discours enflammés sur le pouvoir d’achat. En Europe, le prix de l’énergie est réévalué chaque année selon une grille connue de tous.
Le gouvernement est partagé entre le populisme et la gestion. A chaque fois qu’il prend une décision dite impopulaire, il y a toujours un ministre qui s’en désolidarise d’une manière ou d’une autre, pour sauvegarder sa popularité. Ces couacs ne permettent pas de convaincre les citoyens du bien fondé de décisions souvent nécessaires.
Le gouvernement Abbas El Fassi avait projeté une telle hausse en 2011 et a reculé face au printemps arabe. La situation de l’ONEE a entre-temps empiré. Il n’y a pas de secret, quand on retarde le traitement la maladie s’aggrave. C’est l’essentiel même de la responsabilité d’un exécutif.