Miloudi Moukharik à l’émission « Dhayef wa Kadhiya » sur MFM Radio : Nous nous opposerons aux réformes du gouvernement Benkirane
Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT) la plus grande centrale syndicale du pays, ce vendredi soir 27 novembre, de 21H à 23H, le premier invité de la nouvelle émission « Dhaif wa Kadhiya » ( Un invité et une question) lancée par MFM Radio et animée par Driss Issaoui avec à ses côtés aujourd’hui , Driss Andaloussi du magazine challenge et El Arbi Riyadh du quotidien arabophone de l’USFP « El Ittihad al Ichtiraki ».
Après avoir brossé et présenté le parcours du militant Miloudi Moukahrik de sa naissance en 1950 dans la médina de Casablanca jusqu’à son élection à la tête de l’UMT, on est entré dans le vif du sujet avec des questions sans complaisance ni concession.
Au sujet de la marche nationale de protestation prévue ce dimanche 29 novembre à Casablanca à l’appel des quatre plus grandes centrales syndicales dont l’UMT, et si le recours à la grève générale pour décembre ne constituent pas un point de rupture et des surenchères avec le gouvernement avec toutes les conséquences sur la paix sociale, Moukharik a souligné que son organisation est une institution patriote, responsable et militante jetant la responsabilité sur le gouvernement de Abdelilah Benkirane qui refuse le dialogue en dépit de la présentation au Chef du gouvernement de tout un dossier ou chapelet de revendications sans avoir reçu de réponse de sa part.
Benkirane induit en erreur par son entourage
Moukharik qui a été très critique à l’égard de Benkirane en tant qu’homme politique , n’a pas hésité à accuser l’entourage de ce dernier de l’avoir induit en erreur , le poussant à fermer la porte du dialogue et à défier les syndicats en affirmant : « Nous ne sommes pas contre Abdelilah Benkirane que nous respectons pour son passé. Nous sommes contre le gouvernement formé par quatre partis. Ce gouvernement n’a pas la culture du dialogue, prenez le cas de la retraite, partout dans le monde, gouvernements et syndicats dialoguent, or l’approche de ce gouvernement après avoir clos les élections a été une fin de non recevoir du dialogue. Le dossier de la réforme de la retraite n’est pas uniquement du ressort du gouvernement ».
Hommage à Driss Jettou et Son gouvernement
Moukharik s’est rappelé au bon souvenir de Driss Jettou et son gouvernement pour dire tout le bien sur tout ce qui a été réalisé au profit de la classe ouvrière : « Cela fait quatre ans qu’on essaie de convaincre le gouvernement Benkirane de la vertu du dialogue. La 1éré année, on lui a expliqué la feuille de route de ce qu’on appelle le dialogue. Ce gouvernement ne croit pas au dialogue. Avec le gouvernement Jettou, on a fait du beau travail et pendant six mois , on travaillé sur le code du travail qui est aujourd’hui salué dans le monde et de nombreux pays s’en inspirent. Avec Jettou, On a eu des augmentations de salaires, augmentation du SMIG de 15% et du SMAG… »
Moukharik s’en est pris également à Ahmed Lahlimi, patron du HCP quant à ses modes de calcul du taux de syndicalisation ou du chômage. Le dirigeant de l’UMT s’est également attaqué et à maintes reprise au projet de loi de finances 2016 le qualifiant de coquille vide.
L’épineux dossier des caisses de retraites a été largement évoqué au cours de l’émission « Dhayef wa Kadhiya ». Et sur ce registre, Moukahrik a accusé le gouvernement de ne pas avoir honoré et ses engagements et ses cotisations depuis 1960 et que sur les 19 milliards de dirhams qu’il doit, il n’en a versé que 11 milliards de dirhams.
. Nous sommes une composante essentielle, nous avons des demandes légitimes qu’il faut satisfaire, retraite, pouvoir d’achat. Nous demandons au gouvernement de faire respecter la loi et le code du Travail, a martelé Moukharik.
Evoquant donc la réforme du système de la retraite et l’idée de reculer l’âge de départ à la retrite , Moukharik a révélé que le département des études de sa centrale syndicale a préparé dix propositions. Ainsi et à titre d’exemple : L’âge de la retraite ne doit pas être obligatoire mais facultatif et modulé avec des paliers 62, 63, 64, 65 ans en fonction de la nature de l’emploi.
L’âge de la retraite ne doit pas être obligatoire mais facultatif et modelé avec des paliers 62, 63, 64, 65 ans en fonction de la nature de l’emploi, plaidant pour la mise sur pied d’une haute instance regroupant gouvernement, syndicats et autres institutions pour réformer le système de la retraite.
Autre sujet évoqué est celui des libertés syndicales et ce qu’il a qualifié de « maudit article 288 » qui punit le syndicaliste de deux mois à deux ans de prison ferme, article hérité de l’époque coloniale et qu’il aimerait bien disparaitre.
Pour Moukharik, il n’est pas question de céder face au gouvernement sur des revendications qu’il juge raisonnable et légitime l’accusant de ne pas avoir la volonté politique pour dialoguer avec les syndicats.
Le débat a été enrichi par les interventions en direct de citoyens qui l’ont interrogé sur des dossiers qui les concernent de près dans le cadre de leur travail ou position syndicale vis-à-vis de leurs patrons ou les licenciements abusifs dont ils ont fait l’objet.