Mohamed Mounir, un rebelle à Mawazine
Le festival Mawazine Musiques du Monde (24 mai-1er juin) accueille le 26 sur la scène Nahda, le chanteur égyptien au son métissé, Mohamed Mounir.
Rares sont les musiciens égyptiens qui s’aventurent dans des styles occidentaux loin de leurs influences locales. Ce, à quoi s’essaye Mohamed Mounir depuis plus de trente ans est un patchwork non seulement étonnant, mais profondément réfléchi. Jonglant avec les bases arabes de son enfance, il plonge corps et âme dans des eaux peu recommandées par ses aînés. Epris de jazz, de rythme and blues et de reggae, Mounir peaufine son style devant ses collègues pendant le service militaire. A l’image des grands de ce monde, ceux qui ont pu l’influencer Elvis Presley en tête, il se forge un trac équilibrant en donnant de la voix face à des semblables, habitués plus aux ordres qu’à une quelconque forme de rime.
Dès la fin de son service, Mohamed Mounir enregistre un premier opus, «Alemony Eneeki». C’est le début d’une palpitante carrière, parsemée de succès et de reproches. Les plus jeunes, assoiffés d’air frais, applaudissent à tout rompre. Les autres, les moins disposés à recevoir les rafales de sons nouveaux, crient à la bâtardise, à commencer par les accoutrements de l’artiste. Seulement, quelqu’un qui ose de tels mélanges n’est pas prêt d’abdiquer. Dans le cas de Mounir, cela donne du punch. Le plus rassurant, c’est que sa folie contrôlée finit par payer. Vingt et un albums en trois décennies, voilà qui pousse au respect. Chez-lui, on le surnomme The King. ■