Mohamed Soual, membre du bureau politique du PPS : Il part et s’en explique
Soual a intégré le PPS il y a 40 ans. Ingénieur, économiste, il est resté fidèle à son parti durant ces décennies. Il jette l’éponge et se retire. Il explique pourquoi. Témoignage poignant d’un militant sincère écœuré par les mœurs de la classe politique.
Challenge : Membre du bureau politique du PPS, vous avez gelé vos activités et vous ne comptez pas participer au congrès du parti, pourquoi ?
Mohamed Soual : En effet. Depuis le dernier congrès tenu en Mai 2010, je m’interrogeais profondément sur le sens de l’engagement politique dans notre pays. Je ne voudrais pas revenir sur les péripéties ayant émaillé ce congrès, comme noyer le comité central de centaines de membres ou faire élire un bureau politique pléthorique dans le seul but de faire plaisir, mais le décalage entre les attentes de la société et les préoccupations des élites commençait à me paraitre un immense précipice.
A la veille des élections de 2012, j’ai envoyé une missive électronique au Secrétaire Général du parti (que je publie à travers votre magazine pour la première fois). Je n’ai eu comme réponse verbale qu’à peu près ceci : tu es un homme important du parti et tu ne dois pas avoir d’état d’âme !
Avant la constitution du gouvernement, j’avais déclaré à un de vos confrères que si le parti entre au gouvernement avec le PJD victorieux des élections, je me mettais en congé du parti.
Cependant, je n’ai rien voulu entreprendre qui puisse entraver ou porter préjudice au parti et à ses militants à la veille d’une élection cruciale intervenant à la suite d’une réforme constitutionnelle majeure pour le pays.
Ce sont là des raisons pour lesquelles j’ai gelé mes activités au parti. Aujourd’hui et à la veille d’un congrès qui s’annonce tout autant important pour l’unité du parti et sa viabilité, je dois des explications à celles et ceux de mes camarades qui m’ont élu au bureau politique.
J’annonce à travers votre biais que je prends congé de l’action politique prise dans son sens habituel. Je demeure habité par tout ce qui concerne mon pays, sa grandeur et sa prospérité, mais également pour le partage équitable des richesses et l’approfondissement de la démocratie et de l’état de droit.
C : Ce que vous constatez n’est pas propre au PPS, c’est le cas de tous les partis. Y-a-t-il moyen de redorer le blason de la politique, d’en faire un engagement personnel pour un projet ?
M.S : Ecoutez, la politique est nécessaire et vitale pour le bon fonctionnement de la démocratie. Elle concerne chacun de nous, car elle impacte nos vies et celles de nos enfants tous les jours. Il n’y a pas de démocratie sans vie démocratique et pas de vie démocratique sans partis politiques qui en sont le vecteur.
Notre pays a plus que jamais besoin d’action politique crédible et à la hauteur des défis auxquels il fait face. Cela requiert engagement, don de soi mais aussi compétence et proximité avec les citoyens dont on porte la voix.
Pour y arriver, un aggiornamento est nécessaire. La rationalisation du champ politique est un impératif. L’insertion dans le monde et l’appréhension de ses enjeux fondamentaux deviennent un impératif pour comprendre les clés des transformations souhaitées et non subies.
Challenge : Membre du bureau politique du PPS, vous avez gelé vos activités et vous ne comptez pas participer au congrès du parti, pourquoi ?
Mohamed Soual : En effet. Depuis le dernier congrès tenu en Mai 2010, je m’interrogeais profondément sur le sens de l’engagement politique dans notre pays. Je ne voudrais pas revenir sur les péripéties ayant émaillé ce congrès, comme noyer le comité central de centaines de membres ou faire élire un bureau politique pléthorique dans le seul but de faire plaisir, mais le décalage entre les attentes de la société et les préoccupations des élites commençait à me paraitre un immense précipice.
A la veille des élections de 2012, j’ai envoyé une missive électronique au Secrétaire Général du parti (que je publie à travers votre magazine pour la première fois). Je n’ai eu comme réponse verbale qu’à peu près ceci : tu es un homme important du parti et tu ne dois pas avoir d’état d’âme !
Avant la constitution du gouvernement, j’avais déclaré à un de vos confrères que si le parti entre au gouvernement avec le PJD victorieux des élections, je me mettais en congé du parti.
Cependant, je n’ai rien voulu entreprendre qui puisse entraver ou porter préjudice au parti et à ses militants à la veille d’une élection cruciale intervenant à la suite d’une réforme constitutionnelle majeure pour le pays.
Ce sont là des raisons pour lesquelles j’ai gelé mes activités au parti. Aujourd’hui et à la veille d’un congrès qui s’annonce tout autant important pour l’unité du parti et sa viabilité, je dois des explications à celles et ceux de mes camarades qui m’ont élu au bureau politique.
J’annonce à travers votre biais que je prends congé de l’action politique prise dans son sens habituel. Je demeure habité par tout ce qui concerne mon pays, sa grandeur et sa prospérité, mais également pour le partage équitable des richesses et l’approfondissement de la démocratie et de l’état de droit.
C : Ce que vous constatez n’est pas propre au PPS, c’est le cas de tous les partis. Y-a-t-il moyen de redorer le blason de la politique, d’en faire un engagement personnel pour un projet ?
M.S : Ecoutez, la politique est nécessaire et vitale pour le bon fonctionnement de la démocratie. Elle concerne chacun de nous, car elle impacte nos vies et celles de nos enfants tous les jours. Il n’y a pas de démocratie sans vie démocratique et pas de vie démocratique sans partis politiques qui en sont le vecteur.
Notre pays a plus que jamais besoin d’action politique crédible et à la hauteur des défis auxquels il fait face. Cela requiert engagement, don de soi mais aussi compétence et proximité avec les citoyens dont on porte la voix.
Pour y arriver, un aggiornamento est nécessaire. La rationalisation du champ politique est un impératif. L’insertion dans le monde et l’appréhension de ses enjeux fondamentaux deviennent un impératif pour comprendre les clés des transformations souhaitées et non subies.
C : En tant que citoyen, est-ce que vous pensez que la construction démocratique peut avancer avec les tares des structures partisanes ?
M.S : Je viens de l’évoquer. Il n’y a pas de viabilité démocratique sans partis politiques viables. La nature a horreur du vide. Le pays a plus que jamais besoin de débats démocratiques et d’espaces qui y sont alloués. Si les partis ne s’y investissent pas et pour ce faire, ne se nourrissent pas auprès de cénacles savants, qui pourrait donc le faire ? L’articulation avec les populations et la prise au plus près de leurs préoccupations et aspirations doit devenir l’enjeu de l’action politique sans excès ni populisme.
Le chemin de la réforme est difficile et il faut être armé de perspicacité et de courage pour l’emprunter. C’est de l’avenir des gens qu’il s’agit et non d’assouvir quelques médiocres ambitions.