Mohamed Zarqaoui : Médecin, inventeur, marathonien
Il a étudié tous les aspects de sa spécialité. A 54 ans, ce médecin spécialiste de la fertilité, a plusieurs cordes à son arc. Médecin, inventeur et sportif de haut niveau, il compte parmi ces humanistes qui font l’aura de la médecine. Par Noréddine El Abbassi
L ’honnête homme, symbole de l’intellectuel accompli de la période de la renaissance européenne, serait-il encore de ce monde. La personnalité du Docteur Mohamed Zarqaoui, le laisse penser, en tous cas. Médecin multicartes, il est également sportif de haut niveau et artiste à ses heures. Sa spécificité, n’est pas uniquement d’être un médecin par son titre, mais aussi et peut-être, surtout par l’humanisme dont est empreinte sa manière de vivre et de se comporter.
Dr Zarqaoui, qui est né en 1961, à Settat, est fils unique d’un ancien de l’armée française, retraité depuis. Il grandira dans la grande métropole de la Chaouia, forgé dans le goût de l’effort et la discipline académique. “Mon père avait fait ses premières armes auprès des Alliés lors de la Deuxième Guerre Mondiale, et a participé à la guerre d’Indochine. Il avait été marqué par sa carrière militaire, dont il ne manquait pas de m’en raconter souvent ses faits de guerre. Je garde encore un souvenir vivace de ce qu’il me relatait. C’était pour moi l’aventure, en quelque sorte, par personne interposée. Mais je dois dire que je n’ai jamais été tenté de faire médecine militaire. J’étais contre toute forme de violence”, explique-t-il, avec une sérénité et un calme absolus. Comme si dans son regard doux, il avait réussi à toucher du doigt une réalité autre.
Il avait à peine trois ans, lorsqu’à la naissance de son jeune frère, les choses se passent mal, il perd sa mère en couche. C’est peut-être de ce côté là, qu’il faut chercher une vocation de médecin, vocation, qui ne se démentira jamais, même s’il s’en défend un peu.
Le jeune Mohamed fréquente les écoles publiques, et se révèle très bon élève, qui truste les premières places à tous les stades de sa scolarité: “A l’époque, nombre d’enseignants étaient des étrangers. Ce qui, d’une certaine manière, n’était guère différent de la mission française. Les matières enseignées en Arabe, n’étaient souvent dispensées que par des enseignants syriens et irakiens. Les matières scientifiques l’étaient plutôt par des professeurs de nationalités française ou roumaine. Je me rappelle même que c’est un enseignant indonésien qui dispensait le cours de philosophie. Cette diversité des origines de nos professeurs n’était pas pour nous déplaire. Au contraire, c’était l’occasion pour mes camarades et moi, de découvrir d’autres cultures”, explique-t-il, avec un soupçon d’animation, comme si le souvenir de l’école ranimait une joie enfantine.
Débuts dans la médecine
A douze ans, le jeune Mohamed se découvre sa passion pour la course à pied. Le foot est certes un sport qu’il affectionne, mais se lever à l’aurore pour courir dans la forêt, est pour lui un plaisir plus fort. Les vacances, sont, pour ceux qui peuvent se le permettre, l’occasion de découvrir d’autres horizons. Ce seront les plages d’El Jadida et d’Azzemour pour la trêve estivale. On se rend aussi à Casablanca, mais c’est plutôt, pour des visites familiales. Il y a aussi la campagne environnante, si agréable au printemps et l’été avec la saison des moissons avec ses rites, dont le jeune Mohamed garde un souvenir précis, bien ancré dans sa mémoire. En fait, malgré son jeune âge, il aura, estime t-il, tiré le maximum de ces expériences.
Arrive 1979, quand il passe son baccalauréat scientifique. Il mentionne au passage, discrètement, avoir obtenu la meilleure moyenne de l’académie régionale. Pour couronner cette étape, il décide de partir pour une aventure en montagne. “C’était mon premier “trek”. Je faisais de la randonnée le jour, et je dormais le soir à la belle étoile. Ou simplement chez l’habitant généreux des montagnes, ou encore à la bonne aventure, dans les villages non moins hospitaliers. C’est d’ailleurs la meilleure façon d’apprendre à connaître les gens, dans leur environnement naturel, avec leurs us et coutumes. J’appréciais le contact humain, d’autant plus qu’il me semblait que c’était réciproque de la part des personnes rencontrées”, explique-t-il, avec une affection qu’il a visiblement gardée de cette expérience même quelque peu lointaine. Son humanisme sort fortifié de cette expérience, qu’il cultivera et que plus tard, il aura à coeur de venir en aide aux autres.
Mais lorsqu’il manifeste son désir de poursuivre ses études en France, l’administration lui oppose son refus. Ni le Gouverneur de la région, ni le Consul de France, ne changeront la décision de l’Administration Centrale. Qu’à cela ne tienne. Lui qui se destinait à des études de physique, se réorientera vers les études de médecine. Il y trouvera une vocation et s’attache à en faire une réussite. Ses bons résultats lui permettront, quatre années plus tard de poursuivre ses études en France. Nous sommes en 1983, et dès lors commence un périple de seize années d’études en France. Il les consacrera à se former, à différents domaines de la médecine.
Médecin multicartes
“Parallèlement, je me suis adonné à différentes activités. J’ai, par exemple préparé le marathon, et cela m’a intéressé. J’ai donc passé le diplôme en médecine du sport, même si je ne m’en suis pas servi! Tout, comme j’ai également fait la traversée de l’atlantique, en voilier”, dévoile-t-il, avec cette discrète fierté des gens qui ont sans cesse cherché à dépasser leurs limites.
Mais c’est au détour d’un stage, qu’il s’orientera vers la gynécologie. Il assiste alors un patron de médecine, qui lui propose une formation. Mohamed s’intéresse aussi bien à la pratique médicale qu’au diagnostic et fait ce choix-là. Depuis, il n’a cessé de développer son champ d’expertise, depuis l’endoscopie, à la chirurgie en passant par la fertilité.
Il se marie en 1995 et aura trois enfants avec sa première épouse, qu’il quittera par la suite. Il finit par se décider de rentrer au Maroc. Il se remarie en 2000, une fois rentré au pays. Il y entamera une nouvelle carrière et creuse son sillon, lentement et sans prétention : “ça s’est fait naturellement. J’étais toujours disponible. Pour un second avis, pour assister, ou remplacer un confrère. Je le faisais sans manières, sans me faire prier. A la limite, un simple remerciement me comblait,” expose-t-il, en toute simplicité, comme si cela allait de soi.
Mais Dr Zarqaoui, n’est pas de nature à rester inactif. Il se lance donc dans l’associatif, et avec quelques confrères, fondent l’association Amali. Il sera également vice-Président autant de la Société marocaine de fertilité contraceptive, que de la société marocaine d’endoscopie.
Sa vie personnelle quant à elle, tourne autour de ses deux jeunes enfants et de son entraînement sportif. “Ma femme est la fille d’un ancien joueur du Raja. Mes entraînements matinaux ne lui posent aucun problème et c’est tant mieux”, ajoute-t-il avec une pointe d’humour. Actuellement, il prépare l’organisation de la course “Transsaharienne”, étant l’un des rares marocains à y prendre part. Là encore, la médecine aura été comme sa vie, une course de fond, dans laquelle il faut avoir du souffle. Et il en a.