Livre

«Mon histoire avec les médicaments», une autobiographie de feu Omar Tazi [Chapitre 6]

Son enfance, sa bataille contre le trust des multinationales qui dominaient le marché des médicaments à l’époque, son militantisme pour l’industrie pharmaceutique marocaine, plus épanouie, innovante et compétitive, son engagement pour un entrepreneuriat citoyen et responsable…« Mon histoire avec les médicaments », l’autobiographie de feu Omar Tazi publiée à titre posthume, véhicule des leçons aussi bien dans le champ managérial que sur le registre des valeurs morales et citoyennes ou encore pour les perles sur l’histoire économique et sociale du Royaume, que vous propose CHALLENGE, à travers 19 chapitres. Capitaine d’industrie, feu Omar Tazi qui nous a quittés le 20 mars 2020, faisait partie de cette génération de grands industriels qui ont contribué à façonner l’industrie marocaine.

Mon mentor
Les Américains emploient abondamment le mot MENTORING pour mettre en avant leur modèle de leadership. Pour eux, ce terme signifie le coup de pouce que donne un entrepreneur vétéran à un autre novice afin de l’accompagner dans la très critique phase de démarrage. Cette aide n’est pas nécessairement pécuniaire. Elle peut prendre des formes diverses comme le fait de recommander le jeune entrepreneur, de le faire profiter de son carnet d’adresses, de l’inviter à des occasions où il pourra rencontrer des personnalités importantes et parfois même de se porter garant de lui dans certaines transactions. J’eus la chance de croiser un mentor dans ma vie. Il s’agit de mon beau-frère, feu Haj Abdelaziz Berrada que Dieu ait son âme en sa sainte miséricorde. Jusqu’à sa mort en 2013, il était le 2ème principal actionnaire de Sothema. Quand nous fîmes connaissance, il était déjà un important industriel de la place ayant fait fortune dans le textile et le bâtiment. Malgré sa réputation d’homme d’affaires, il était toujours accessible, affable et attentif aux ambitions des jeunes.

Feu Abdelaziz Berrada (deuxième à partir de la gauche). A sa droite, Rachid El Kadiri, l’un des plus anciens Sothémiens.

Haj Abdelaziz était un homme de taille moyenne. Ses yeux brillaient d’une étincelle mélangeant le dynamisme à l’humanisme. Il était aussi bien actif dans ses affaires que dans ses nombreuses œuvres caritatives. Toujours tiré à quatre épingles, Haj Abdelaziz était aussi élégant dans ses gestes et comportements. Jamais hautain, sa modestie était si naturelle à ses yeux et si grande aux yeux de tous ceux qui l’avaient côtoyé, notamment ses amis et employés. Haj Abdelaziz était également un homme pieux. Il rêvait de construire une grande mosquée. Il concrétisa sa volonté en même temps qu’il ouvrit la première résidence de luxe à Casablanca qu’il nomma Yasmine. Située sur le boulevard Ghandi, cette résidence est désormais réputée pour être mitoyenne de la belle mosquée que mon mentor voulait tant bâtir. Quelques jours après son inauguration, certains habitants se plaignirent de l’appel à la prière notamment à l’aube. Ils demandèrent à feu Abdelaziz de fermer sa mosquée, ce qu’il refusa catégoriquement. «Quiconque se sent dérangé n’a qu’à me rendre les clés de son appartement et se faire rembourser», leur répondit-il. Plein d’humilité, feu Abdelaziz me faisait une confiance aveugle. Souvent, il finança l’exploitation de Sothema durant les premières années d’activité qui ressemblaient à une période de vaches maigres. Il donna également ses cautions pour que je puisse contracter des prêts bancaires. Ses avances d’argent étaient des bouffées d’oxygène dont j’avais le plus besoin durant les années difficiles. Feu Abdelaziz Berrada exprimait une fierté sincère en m’écoutant raconter mes aventures. Quand je lui relatais l’histoire de l’intervention du professeur Mathé auprès de feu S.M. Hassan II et comment le Souverain avait débloqué la situation, ses yeux se remplissaient de larmes.

 
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