Portrait

Monçef Lahlou, PDG de Capital Foncier : Businessman multicartes

Il sera passé par tous les métiers sans jamais perdre ses objectifs du vue. A 45 ans, ce diplômé de l’Université Dauphine a parcouru le monde avant d’avoir son bac et après un passage dans l’audit s’est lancé, avec succès, dans le monde des affaires.
Par Noréddine El Abbassi

Monçef Lahlou est né en 1970, dans une famille que l’on peut qualifier objectivement, de privilégiée. Le père est un haut fonctionnaire, qui aura collectionné les postes les plus convoités, et la mère pharmacienne, gère son officine. Autant dire que, dès le départ, Monçef comptait parmi ceux, peu nombreux, qui disposaient des meilleures cartes que la vie peut offrir. D’ailleurs, lui-même reconnait avoir bénéficié de conditions, on ne peut, plus favorables. Cependant, ce n’est pas du tout dans le tape à l’oeil qu’il évolue, mais plus dans l’aisance qui se manifeste dans un détail, un liseré discret. Ce n’est pas l’arrogance des nouvelles fortunes, trop rapidement acquises, qui le caractérise, mais plutôt une modestie et un attachement à des valeurs, qui vont de pair.
Monçef est une personne au contact agréable, le sourire facile et le regard pétillant des jouisseurs de la vie. La silhouette est forte, mais qui n’a pas subi les marques d’une vie trop éprouvante ou dissolue.
Il est certes né à El Jadida, mais la famille n‘habitait pas dans cette ville. “Mes parents ont travaillé dans toutes les régions du Maroc, mais jamais à El Jadida. J’aurais pu voir le jour à Paris ou ailleurs. Mais le hasard a fait que mes parents étaient en vacances pour profiter de la plage des Doukkalas, quand ma mère me mit au monde, un dimanche après midi”. Précipitamment, précise Monçef, dans un éclat de rire. Un rire communicatif et sans doute caractéristique de sa personnalité. Une bonne dose d’humour, un brin d’autodérision et une grande faculté à prendre le bon côté de la vie.
Il est l’ainé des trois enfants que compte la famille. C’est à Casablanca qu’il grandit, entre une vie rangée d’écolier scolarisé à la Mission française et une vie de famille équilibrée. Il profite de ce que la vie propose de meilleur. Ses loisirs sont nombreux et variés et incluent aussi bien l’équitation, que la planche à voile. Il ne peut s’empêcher d’évoquer les balades le long de la côte atlantique: “ A cheval, nous longions la côte dans les environs de Dar Bouazza, à une époque, où les plages étaient pratiquement désertes. Ce qui rendait les balades encore plus agréables. Un autre plaisir était de manger des oursins à la fin de notre échappée”, confie-t-il, les yeux gourmands des plaisirs de la table. Etait-il privilégié? Certainement, mais il n’en était pas conscient, dira-t-il: “En fait, on n’appréciait pas notre chance à sa juste valeur, ni l’ environnement protégé, qu’était le nôtre. De la ouate! Mais cela ne nous préparait guère à la réalité du monde du travail marocain”, analyse-t-il, avec une pointe de regret dans la voix.

Globe-trotter précoce

Hasard du calendrier, son père se retrouve propulsé à la tête de l’Office de Commercialisation et des Exportations. L’entreprise a alors des représentations un peu partout en Europe Occidentale et même au Canada. Monçef a alors la possibilité de faire de nombreux voyages de par le monde. Il se rappelle qu’il n’a que 14 ans, lorsqu’il se rend au Japon au cours d’un de ces voyages. “C’était une autre planète. Les rues étaient propres à nous “choquer” par leur éclat, comme si elles venaient juste d’être asphaltées. Lorsque vous allez à Hiroshima, les stigmates de la guerre vous “percutent” et vous les voyez de vos propres yeux, reproduites dans le parc juxtaposant le musée”, se remémore-t-il, avec force de détails. Il s’anime soudain dans son récit, une envolée lyrique, avant de reprendre sa posture. Tel le sphinx qui détient des secrets de la création.
Deux années plus tard, ce sera un autre voyage qui le marquera. Il a seize ans, et parcourt les Etats-Unis de long en large et en camping. Il en garde un souvenir impérissable. Il regrette que les contraintes de la vie de famille, ait mis fin à toute possibilité de refaire un périple pareil, dans l’immédiat du moins.
Mais à l’école, c’est un élève assidu, mais noctambule à ses heures perdues : “mes parents me laissaient une grande liberté d’action. Pour autant que mes résultats scolaires soient satisfaisants. Le reste leur importait peu”.
Monçef passe donc ses classes sans problème et décroche un Bac C, mathématiques en 1988, avant de s’envoler pour Paris. Il intègre le prestigieux Lycée Janson de Sailly, en classes préparatoires aux grandes écoles de commerce. Nouvel hasard du calendrier: son père est nommé Ambassadeur en Belgique et il n’a besoin que de quelques heures pour rejoindre sa famille, le temps des vacances, si courtes soient-elles.

Paris pour les études, Casa pour les affaires

Monçef passe à l’Université Dauphine à la fin de l’année. L’établissement, très coté dans le paysage universitaire, compte dans ses rangs l’une des cinq meilleures écoles de commerce de la République. Il se sent parfaitement à l’aise dans ce système dont il vante les mérites: “Au lieu de nous donner un savoir pratique, on nous expliquait l’essence de la matière. J’ai eu l’occasion de suivre des cours dispensés par Alain Minc qui, par ailleurs conseillera, entre autres, Nicolas Sarkozy. Lors des examens ce n’étaient pas des applications d’exercices que l’on jugeait, mais la manière dont on a élaboré un raisonnement, contrairement à la Sorbonne, par exemple,” analyse-t-il. Monçef suivra son cursus universitaire, haut la main et sans se faire happer par la “nuit parisienne”.
Nous sommes en 1993 lorsqu’il rentre au Maroc. Il fait ses débuts dans l’audit, au sein du cabinet Arthur Andersen. Mais déjà, il sait qu’il se lancera dans les “affaires”. Au détour d’une discussion, il apprend que l’entreprise de matériel pour la restauration et l’hôtellerie suédoise, Electrolux, cherche un nouvel agent. En tandem avec un ami de classe, Monçef décroche la carte et se met à son compte. Deux années plus tard, tout en restant dans le même créneau, il ouvre une blanchisserie industrielle, puis une autre consacrée au service des hôpitaux. Dans la foulée, et dans un tout autre registre, il fournit les marchands ambulants en petits pains au chocolat… Mais la crise du tourisme passe par là et se traduit par un coup d’arrêt au boom de l’hôtellerie. Monçef tient bon, mais revend ses activités en 2004 et prend alors le temps de la réflexion. Arrive 2005 lorsqu’il lance son agence immobilière, juste à temps pour profiter du boom du secteur et de la flambée des prix, qui s’ensuit: “je ne le savais pas à l’époque. J’ai commencé par commercialiser des projets immobiliers neufs, avant d’élargir mon portefeuille”, se défend-il. Il ne devient réellement agent immobilier qu’en 2009, trois années après s’être lancé dans la gestion locative, précisera t-il.
Mais ce n’est pas pour autant qu’il délaisse sa vie de famille. Il se marie en 1997 et l’année 1999 verra la naissance de son premier enfant. Le deuxième arrive en 2003 et la famille sera au complet en 2008.
Pour ce qui est des affaires, sa recette du succès est simple: “dans un marché de prix, il faut trouver le meilleur. Autrement, on se brouille avec les deux parties”, résume-t-il. Il faut le dire: dans les affaires comme dans la vie, un bon partenaire n’en demande pas trop et le juste prix contente tout le monde…

 
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