Morsi en dictateur par ( Jamal Berraoui )
Le Président Egyptien a prononcé jeudi un discours de 2 heures. Pour lui toutes les difficultés sont volontairement fabriquées par les vestiges du régime de Moubarak. Il s’est attaqué à la justice en citant nominativement des gens disculpés par les tribunaux. « Je le connais lui et son groupe, ils ont pillés le pays et ont été déclarés innocents. »
Dans une déclaration de guerre, il promet de leur couper les mains. « Soit vous vous taisez, soit c’est la prison », et ce sous les applaudissements de l’assistance, alors qu’il s’agit de gens relaxés par les tribunaux.
C’est ensuite le tour de la presse, accusée d’être financée par les « ennemis » de la révolution. « Elle ne parle jamais de nos réalisations géantes et ne met en lumière que quelques détails insignifiants. »
Enfin il a annoncé que les Ministres et les gouverneurs avaient reçu l’instruction de licencier « tous ceux qui perturbent la marche du service et ce dans le courant de la semaine. » La purge est donc annoncée publiquement. Les grévistes, les contestataires sont menacés dans leur emploi.
Quant à l’opposition, elle est divisée en deux selon Morsi. « Il y a les patriotes qui acceptent de négocier et ceux qui sont à la solde des amis de Moubarak et qui mettent des préalables à toute négociation ». Il se trouve que la majorité des opposants mettent des conditions à toute négociation avec les frères musulmans.
Depuis une semaine les affrontements quasi-quotidiens présagent d’une situation conflictuelle le 30 juillet, date d’une grande manifestation de l’opposition en face d’une autre des islamistes. Le discours de Morsi n’aura fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. La menace de licenciement vise ceux qui manifesteront pour l’opposition, le dimanche n’étant pas chômé en Egypte.
Les frères musulmans ne respectent ni l’indépendance de la justice, ni la neutralité de l’administration, ni la liberté d’expression. C’est le sens du discours fleuve de Morsi qui rappelle ceux de Fidel Castro par sa longueur. Au même moment il y a une pénurie de pain, d’essence, de médicaments. L’incompétence des dirigeants est criarde. Du coup beaucoup d’observateurs scrutent l’institution militaire.
Pour le moment elle assure que son seul souci, c’est la sécurité et qu’elle protégera les manifestants des deux camps dimanche. Pourvu qu’elle y réussisse et qu’elle évite un bain de sang, annonciateur d’une guerre civile entre islamistes, laïcs et chrétiens.