Mounir Trifess : « l’école doit jouer un rôle dans l’ascension sociale de la classe moyenne »
Edge Private Business School, école privée de commerce et de gestion située à Casablanca, est un nouveau concept d’école, qui crée une rupture avec les codes de l’enseignement supérieur au Maroc, mettant la technologie au cœur de la pédagogie. Mounir Trifess, DG de l’école, revient pour Challenge sur sa démarche, son modèle socioéconomique unique et sa pédagogie, alliant les meilleurs standards académiques et les solutions numériques innovantes, et sur sa vision du système éducatif.
Challenge : Qu’est-ce qui a motivé la création d’EDGE Business School ?
Mounir Trifess : Edge Private Business School a été créée en 2018 et nous avons ouvert notre première classe en 2019. Notre modèle est assez particulier. En effet, notre vision part du principe que l’école doit jouer un rôle dans l’ascension sociale dans la société. On doit donner aux gens l’occasion de changer de couche sociale, et l’éducation est l’un des leviers majeurs pour réussir cette ascension. Aujourd’hui, et dans beaucoup de pays, l’éducation est malheureusement en train de perdre un peu de ce rôle.
Nous aspirons pour cela, à développer la classe moyenne qui est capitale pour n’importe quelle économie, et ce, à notre échelle. A EDGE nous avons créé un modèle alliant qualité pédagogique et accessibilité de l’offre de formation, pour ainsi former des citoyens capables de participer à la productivité et au développement de leur pays, mais aussi des gens recrutables en entreprise, disposant du savoir-faire et le savoir-être qu’il faut. Nous ambitionnons d’offrir la meilleure qualité pédagogique possible à un prix abordable pour la classe moyenne.
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Challenge : Sur quoi repose votre modèle pédagogique?
Mounir.T : EDGE Business School a conçu un modèle pédagogique unique hautement qualifié, orienté vers la technologie. Nos étudiants disposent et peuvent utiliser tous les outils digitaux possibles pour faciliter leur apprentissage. Nous disposons d’un des meilleurs outils de learning management system LMS, Moodle, utilisé par les plus grandes universités un peu partout dans le monde. Cet outil permet une interaction entre l’étudiant et le professeur hors la classe. On peut aussi avoir un suivi individualisé des étudiants par le digital.
La digitalisation est le meilleur moyen d’offrir de la qualité en réduisant les ressources. Ce gain en coût on le répercute directement sur le prix pour permettre aux classes moyennes d’accéder à des formations de grande qualité. Nous avons une culture qui cherche à faire la meilleure qualité possible au moindre coût. Je dis bien une culture, car ce n’est pas un exercice de financier qui consiste à ne pas compromette la qualité au profit du coût.
L’autre pilier central de notre modèle pédagogique, est l’innovation. Nous n’avons pas peur d’aller chercher les dernières méthodes pédagogiques qui existent. Ça ne demande pas beaucoup d’argent, ça demande surtout du courage, et bien sûr de la flexibilité pour s’adapter à ces nouvelles méthodes. Notre modèle est bien évidemment orienté vers le monde professionnel.
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Challenge : Selon vous, comment peut-on justement orienter ces jeunes vers le monde professionnel?
Mounir.T : La majorité des jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent faire. Dit comme ça, c’est comme si on met tout le problème sur leur dos. Certes aujourd’hui, ils ont des moyens dont nous ne disposions pas à notre époque. Avec Internet, ils peuvent s’informer beaucoup plus vite et plus facilement qu’avant. Cela dit, ce n’est pas toujours suffisant pour leur permettre de savoir ce qu’ils veulent faire plus tard. . Ce qui serait intéressant c’est d’imaginer un métier, qu’il puisse le voir, qu’il puisse le concevoir.
Autrement, vous prenez un jeune de 17 ans qui n’a jamais rencontré un comptable, je peux passer la journée à lui raconter ce que fait un comptable, il ne peut cependant toujours pas créer une image juste de ce qu’est un comptable, ou un marketer ou un DG. Il faut que ces jeunes soient exposés, qu’ils puissent voir un comptable, le rencontrer, voir ce qu’il fait.
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A mon sens, il faut un effort dans notre système éducatif pour exposer les jeunes dès leur jeune âge aux différents métiers. Ce serait bien à ce qu’il y ait de temps en temps dès le primaire, la visite en classe d’un pompier, d’un policier, d’un militaire, d’un DRH et de tous les différents métiers, et qui viennent leur parler de ce qu’ils font, pour qu’ils puissent se constituer une image fiable. Cette exposition précoce serait très bénéfique. Quand on est mal orienté, il y a le risque de ne pas réussir.