Mustafa Terrab, PDG d’OCP Group
Le phosphate est au Maroc ce que le pétrole est à l’Arabie saoudite. Difficile de ne pas voir en Mustapha Terrab, patron d’OCP Group, l’un des Marocains les plus influents d’Afrique. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le phosphate marocain donne une idée sur le poids économique et diplomatique du Royaume. Le PDG d’OCP Group qui veille depuis 2006 sur le phosphate marocain a réussi à en faire une ressource stratégique pour l’Afrique. Alors que les réserves sont partout en déclin, le Royaume disposera, à l’horizon 2020, de 80 % des réserves mondiales. Troisième producteur (derrière la Chine et les États-Unis), le Maroc est le premier exportateur mondial de ce minerai.
Utilisés par toutes les grandes agricultures, notamment aux États-Unis ou au Brésil, les fertilisants sont devenus un enjeu stratégique. En raison de l’augmentation des besoins alimentaires liée à la croissance démographique, la demande en phosphates devrait progresser. Dès lors, la moindre rumeur de pénurie fait exploser les cours, comme cela a été le cas en 2008. Contrairement au pétrole, que l’on sait remplacer par d’autres énergies, le phosphate ne possède pas de substitut connu.
Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que le phosphate se retrouve au cœur de la diplomatie marocaine. En témoigne la requête du Président togolais lors du dernier World Policy Conference, à Marrakech. Faure Gnassingbé, a, en effet, appelé Mustapha Terrab à travailler main dans la main avec son pays. Il faut dire que l’homme de 56 ans a développé sa stratégie vers l’Afrique qu’il accompagne activement dans sa « révolution verte » en panne depuis 2006. Le grand axe de cette stratégie a été de dédier au continent un volume de fertilisants, un produit pour chaque sol et des conditions favorables au développement du marché local afin de rendre l’engrais moins coûteux, mais toujours efficace. Des tests sont en cours et d’autres ont été finalisés notamment sur des produits tel que le cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, respectivement 1er et 2ème exportateur mondial de ce produit. C’est ainsi qu’en avril dernier, l’OCP a effectué une première livraison de 10.000 tonnes d’engrais baptisé «Teractiv Cacao» à la Côte d’Ivoire. Au Kenya également, c’est 100 000 tonnes d’engrais qui sont exportés chaque année vers ce pays. Normal que des délégations africaines d’officiels, de négociants, de distributeurs et de détaillants d’engrais se succèdent souvent au siège de l’OCP et que Terrab regroupe depuis quelques années à travers une conférence pour le développement de l’agriculture en Afrique «FMB Africa ».
Une belle occasion d’étendre davantage son influence au niveau de ceux qui font réellement le marché de l’agriculture du continent. Mieux, Terrab légitime sa position à travers des fondations de donateurs et des firmes agro-business.