Un nouveau modèle de financement à l’étude : les « business Angels »
Dans la note de présentation du projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2017, le gouvernement confirme sa volonté de poursuivre ses efforts pour la « conception de modèles de financement adaptés aux jeunes entreprises et à la startup ». Parmi les instruments dont l’introduction fait l’objet d’une réflexion avec l’appui de la coopération allemande, il y a ce qui est communément appelé «business angels » (investisseurs providentiels). Il s’agit d’un modèle de financement qui joue un rôle important dans l’accompagnement des petites entreprises et des startups dans la phase d’amorçage qui est jugée trop risquée par les financiers.
La première question que l’on doit se poser est la suivante : qu’est-ce qu’un « business angel » ? Selon une définition adoptée par la Commission européenne « un investisseur providentiel (business angel) est un particulier très souvent fortuné et possédant toujours une expérience professionnelle, de l’expertise et un réseau influent, qui investit directement une partie de son patrimoine personnel dans des nouvelles entreprises en croissance, non cotées en bourse ».
En Europe, les investisseurs providentiels opèrent depuis longtemps ; leur activité s’est renforcée depuis la dernière crise financière, en raison notamment des difficultés d’accès des TPME et des startups au financement bancaire. Le montant total des investissements réalisés par les business angels s’est élevé en 2013 à 5,5 milliards d’euros. Leur financement a profité à 33.430 entreprises et a contribué à la création de 184.170 emplois. Les pays où les business angels sont les plus actifs sont le Royaume-Uni et l’Espagne. La communauté européenne des investisseurs providentiels se chiffre à 271.000 investisseurs. Quant aux secteurs bénéficiaires du financement, les TIC se taillent la part du lion avec 32%, suivies du secteur des biotechnologies et des sciences (10%) et de celui de la mobilité (10%). L’investissement moyen des investisseurs providentiels dans une entreprise s’élève à 166.000 euros et l’apport moyen par business angel est de 20.000 euros.
Dans la plupart des pays, les « business angels » sont organisés en réseaux, ce qui leur permet d’agir conjointement dans des projets d’investissement. Un réseau de business angels est une structure dont le rôle est de mettre en relation des investisseurs à la recherche de capitaux et des investisseurs providentiels. Le plus souvent, les réseaux sont constitués sous forme de sociétés privées, de fondations ou d’associations. La force d’un réseau réside dans le fait qu’il comporte des membres expérimentés (dirigeants et entrepreneurs chevronnés) capables d’identifier et d’accompagner les meilleurs projets. En France, les réseaux des business angels sont au nombre de 82 et regroupent plus de 4200 investisseurs.
Comment les gouvernements étrangers encouragent-ils les investisseurs providentiels ? Sachant que ces derniers interviennent dans une phase critique de la vie de la jeune entreprise, les pouvoirs publics mettent généralement en place un cadre favorable leur permettant de réduire leurs risques. Pour y arriver, ils opèrent sur deux niveaux : l’octroi d’incitations fiscales en faveur des business angels et la création de fonds de co-investissement faisant appel au capital privé et au capital public.
Dans un contexte marqué par un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes y compris les diplômés, il est plus que jamais nécessaire que le gouvernement mette en place un cadre approprié pour toute la palette des modèles alternatifs de financement de la jeune entreprise qui ont fait leur preuve sous d’autres cieux. Notre pays dispose d’une pépinière d’entrepreneurs et de cadres supérieurs dont l’expérience et l’expertise pourraient aider nos jeunes à lancer leurs propres entreprises. C’est un levier dont l’activation pourrait contrecarrer l’esprit d’assistanat et la culture de rente qui freinent la marche du pays vers le progrès.