Nouveau terminal du port de Casablanca : Rude bataille pour le contrôle
Le nouveau terminal du port de Casablanca attise les convoitises
des opérateurs de terminaux conteneurisés. Dans cette bataille où prennent part trois géants mondiaux, Marsa Maroc joue sa survie.
C’est un terminal à conteneurs flambant neuf que la SGTM, société adjudicataire du marché de construction, vient de livrer à l’Agence nationale des ports (ANP). Cette nouvelle infrastructure pour laquelle l’ANP a consacré 800 millions de dirhams pour sa réalisation, n’attend plus que son futur concessionnaire, qui devra à son tour débourser 900 millions de dirhams pour les équipements et les superstructures, pour son entrée en service. Le nom de l’attributaire provisoire sera dévoilé le 30 novembre pour une signature de la convention le 19 décembre 2012.
En attendant, ils ne sont que trois groupements parmi les cinq présélectionnés à déposer leurs offres techniques dans le cadre de l’appel d’offres au troisième terminal à conteneurs du port de Casablanca. Dans le premier consortium, on retrouve l’opérateur espagnol Terminal de contenedores de Barcelona (TCB) qui s’est associé à SNI, filiale d’Acciona. Dans le second le groupement, la Société marocaine des ports (Somaport) a comme partenaire le groupe CMA-CGM, qui intervient à travers ses filiales, l’armateur marocain Comanav et Terminal Link. Marsa Maroc, spécialisé dans la logistique portuaire depuis la libéralisation, leur a emboîté le pas depuis le 11 septembre dernier, en tant que troisième acteur.
Ces trois groupements ont jusqu’au 16 novembre prochain, date d’ouverture des plis, pour déposer leurs offres financières.
L’enjeu
Avant cette échéance, les deux autres géants, le Chinois Hutchison Port Holdings (HPH), premier mondial, et le Qatari DP World (DPW), troisième mondial, devront déposer sur la table de l’Agence Nationale des Ports (ANP) leurs offres.
Classés respectivement deuxième et troisième opérateur mondial, ces deux géants ne vont pas abandonner en si bon chemin. L’enjeu en vaut la chandelle. Le port de Casablanca est une ville dans la ville et toute l’économie du Royaume bat au rythme de ses pulsations. Il assure le transit de l’équivalent de 100 milliards de dirhams par an, de marchandises, soit environ 22% du PIB.
« Par sa position face aux grandes lignes maritimes, son emplacement géographique au carrefour des grands centres de production et de consommation, c’est une infrastructure stratégique», explique Najib Cherfaoui, expert en matière portuaire et maritime. Et d’ajouter que : «grâce à sa connectivité avec les liaisons routières et ferroviaires, il joue un rôle central dans les échanges extérieurs». Résultat des courses: avec le nouveau terminal, c’est 600.000 conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) qui sont en jeu sachant que la manutention rapporte à l’unité environ 200 dollars. Annuellement, cela représente un chiffre d’affaires potentiel de 120 millions de dollars.Partant, n’importe quel opérateur souhaiterait le gérer surtout que l’enjeu de ce projet est qu’il doit permettre au port de faire face à la croissance de 8 à 10% du trafic international de conteneurs.
Des bateaux de 5000 conteneurs contre 1000 actuellement
Actuellement, le port reçoit plus de 900.000 EVP pour une capacité d’1 million. Avec la croissance du trafic de conteneurs, cette capacité est en quasi-saturation. C’est dire que ce terminal arrive à point nommé et la bataille sera rude. «Le terminal a un tirant d’eau, c’est-à-dire une profondeur de 12 à 14 m, ce qui lui permettra de recevoir des bateaux de 5000 conteneurs», souligne Najib Cherfaoui. Il convient de rappeler que le tirant d’eau des deux premiers terminaux, est de 9m seulement, permettant de recevoir des bateaux de 1000 conteneurs. Si le groupement mené par l’espagnol TCB fait déjà figure d’outsider, ce n’est pas le cas pour le français CMA CGM, n°10 mondial, HPH et DPW. Ce dernier a d’ailleurs des visés sur le port pétrolier de Jorf Lasfar. Quid du marocain Marsa Maroc ? « Cette concession, on doit la donner à Marsa Maroc pour préserver sa pérennité. En effet, elle réalise 60 % de son chiffre d’affaires sur le port de Casablanca et 10 % sur celui de Mohammedia. Sans ce terminal, Marsa Maroc qui gère déjà un terminal d’un tirant d’eau de 9m sur le port de Casablanca entrera en concurrence avec le futur concessionnaire, ce qui sera à l’origine de difficultés», prévient l’expert en matière portuaire et maritime. Quoi qu’il en soit, Marsa semble prendre les devants en s’ouvrant sur l’international, notamment au niveau du Port d’Abidjan où elle a fait équipe avec le n°1 mondial, PSA Singapore. Leur consortium figure parmi les quatre groupements présélectionnés.
600.000 conteneurs EVP
C’est la capacité du nouveau terminal à conteneurs du port de Casablanca.