L e Chef du gouvernement et son ministre chargé des relations avec le Parlement défendent la faiblesse, l’extrême faiblesse de la production législative durant la première année, par le fait qu’ils sont élus pour cinq ans. Il y a, bien sûr, les textes organiques pour la mise en application de la Constitution, mais pas uniquement. Le monde économique attend le renforcement de la législation sur la concurrence, celle combattant la corruption, la mise en place du processus de décompensation, et surtout la réforme fiscale. Le gouvernement a un discours ambivalent. D’un côté, il affirme avoir des visions claires et être prêt à légiférer, de l’autre il met en avance la prudence pour expliquer ces retards. L’attentisme n’est jamais bon pour l’économie, surtout en période de crise. La confiance s’effrite et atteint le moral des opérateurs.
L e Maroc a très faiblement profité d’une conjoncture, qui devait lui être favorable, celle du fameux printemps arabe. La Tunisie et l’Egypte, à cause des troubles politiques, ont perdu la moitié de leurs recettes touristiques. Les capitaux étrangers n’y affluent pas non plus pour les mêmes raisons. Le seul afflux de capitaux et même de devises tout court, est constitué par des prêts et ce, depuis le déclenchement des révolutions il y a deux ans. Le Maroc a une stabilité politique renforcée par la réforme constitutionnelle. Cet argument n’a pas permis de gagner des parts de marché, parce que l’Egypte et
la Tunisie sont nos concurrents à la fois comme destination touristique et comme économie attractive pour les investissements étrangers directs. Le constater, c’est mettre en cause une communication peu offensive et un manque d’agressivité dans le bon sens. C’est un problème récurrent depuis des décennies. Nous ne savons pas « vendre » nos réussites et ce, de manière globale. Cela a des impacts économiques, comme on le voit.
A l’heure où nous écrivions ces lignes, une visite royale est programmée à Tunis. C’est un signal très fort sur l’engagement marocain en faveur de l’intégration régionale et le soutien aux aspirations démocratiques des peuples de la région. Le Maghreb, l’intégration économique, n’est pas seulement un idéal caressé par les générations successives, bien avant l’indépendance. C’est surtout une nécessité économique pour assurer le développement et répondre aux besoins des populations. Le coût du non-Maghreb n’est plus supportable et devient un handicap aux politiques de développement respectives. L’Algérie, même avec son matelas gazier, est dans le même cas que les autres. Cette évidence impose aux dirigeants des cinq pays une obligation de résultat. Cela commence par l’ouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie et l’entame de négociations sérieuses pour un véritable marché commun. L’intérêt des peuples, l’avenir de la jeunesse l’exigent.