OFPPT : la grande réforme
Le projet de réforme de la formation professionnelle est très ambitieux. Il remet le dispositif au centre des politiques publiques. C’est un immense pas en avant.
Plusieurs réunions présidées par le Roi ont abouti à un projet de réforme inédit à la fois par son ampleur, sa vision globale et son approche prospective. Le plus important, c’est la vision. La formation professionnelle doit préparer aux métiers de demain, qui assurent un emploi à proximité.
Le projet intègre, enfin, la dimension de la régionalisation. Les régions impliquées devront en fonction de leur vision de l’aménagement du territoire, participer aux choix des filières proposées. Déjà, en fonction des spécificités qui sont les leurs, certaines régions se sont vu attribuer des modules que l’on juge porteurs. Pendant longtemps, ce n’était pas le cas. On formait des jeunes à des métiers qui n’ont pas de débouchés sur place. L’ancien directeur de l’OFPPT répétait souvent que la plupart des diplômés trouvent un emploi. Il évitait de préciser que c’était pour la majorité, dans les centres d’appels, ce qui est éloigné des formations dispensées.
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Cette approche est au service des jeunes concernés, mais elle est surtout bénéfique pour les entreprises. Elles ont un manque au niveau des techniciens, des agents de maîtrise, surtout quand elles sont excentrées. Ces formations prévues leur permettront d’accéder à des profils qualifiés sur le territoire environnant et donc d’améliorer leur compétitivité.
Un projet de société
Une nouvelle formation sera proposée et cette fois, elle relève d’une vision prospective, non pas de l’économie mais de la société. Il s’agit de la formation de l’aide aux personnes. La population vieillit et nous avons donc le développement des situations de dépendance. La famille n’a souvent pas la capacité d’assurer un accompagnement ne serait-ce qu’à cause de l’éloignement, mais aussi de l’évolution des rapports sociaux.
Le Maroc manque cruellement de personnel qualifié pour assurer cet accompagnement. Les parents d’enfants handicapés souffrent le martyr pour trouver des aides à la vie scolaire. Le besoin existe, le marché existe. Mais il faudra régler la question du financement. Une partie des frais doit être prise en charge par les mutuelles, si on veut éviter les inégalités sociales face à ces situations.
La formation professionnelle entre dans une nouvelle ère. Ce qu’il reste à faire, c’est de développer des passerelles, de la formation continue, pour ouvrir des perspectives d’épanouissement aux lauréats qui le désirent.