Interview

Omar Kettani : « le manque d’efficience entre l’investissement et la croissance est dû à la faiblesse des ressources humaines et à la corruption » [Interview]

Le gouvernement veut stimuler l’investissement privé national. Il compte inverser la répartition actuelle entre l’investissement public et privé pour atteindre 2/3 d’investissement privé et 1/3 d’investissement public à horizon 2035. Omar Kettani, Économiste et professeur à l’Université Mohammed V de Rabat nous livre à travers cette interview son appréciation sur le sujet.

Challenge : Depuis l’installation du nouvel Exécutif, la Commission des investissements a adopté une trentaine de projets de conventions et d’avenants. Comment expliquez-vous qu’en pleine crise sanitaire il y ait autant d’engagements d’investissement, exprimés en l’espace de quelques semaines ? 

Omar Kettani : Ce n’est pas en quelques semaines. Avant cela, il y a eu les travaux du programme gouvernemental et de la loi de finances, ce qui a permis je suppose d’avoir    une plateforme avancée des investissements à réaliser. D’autant plus qu’il y a d’une part, urgence, vu que l’Etat avait privilégié à juste raison la santé sur l’économie, et probablement la volonté d’un gouvernement mal aimé au départ de vouloir montrer son intention d’être réactif rapidement, avant que la baisse de l’activité économique ne se transforme en une situation de crise sociale. 

Challenge : Il ressort également, que les projets à capitaux nationaux représentent la majeure partie des investissements projetés. Quelle lecture faites-vous de cette tendance ? 

L’Etat est traditionnellement le premier investisseur au Maroc avec actuellement près de 20 % du PIB, pas toujours avec la transparence nécessaire au niveau des coûts de ces investissements. On espère une amélioration dans ce sens. Il est à noter toutefois, que le secteur privé participe pour plus de 10 % du PIB ce qui fait du Maroc l’un des pays qui investit le plus par rapport à son PIB dans le monde.

Challenge : Le ministre Délégué chargé de l’Investissement, regrette que l’investissement au Maroc qui représente 30 % du PIB ne génère qu’une croissance économique moyenne de 4 %. Comment expliquez-vous ce manque d’efficience ?

Le manque d’efficience est dû à deux facteurs : la faiblesse de l’investissement en ressources humaines particulièrement dans la campagne qui tire l’économie vers le bas quand l’année agricole est peu pluvieuse, et malheureusement la corruption qui renchérit les marchés publics.

Challenge : Comment alors inverser cette tendance ? 

Pour encourager l’investissement privé, il faut casser les oligopoles ou les monopoles soutenus par l’Etat dans certains domaines comme le ciment, la construction de logement, l’extraction de minerais et d’autres.

 
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