One man Show de Raja Farhat Bourguiba « Dernière prison » au Maroc
Avec S.M. Mohammed V, S.M. Hassan II, Allal Fassi et l’Emir Abdelkerim, Bourguiba joue les grandes pages du XXe siècle…
A tous les amateurs de théâtre casablancais, r’batis, tangérois, l’association AL MANAR a choisi de vous présenter la pièce de théâtre « Bourguiba, Dernière prison », jouée par Raja Farhat, éminent homme de théâtre tunisien. La pièce a rencontré un franc succès dans les théâtres et les festivals de Tunisie avant d’être plébiscitée en France et dans certains pays arabes. Raja Farhat, illustre auteur et réalisateur de théâtre, de Radio et de télévision, est aussi et surtout un fin connaisseur de l’histoire et de la scène culturelle et artistique marocaine où il compte de nombreux amis, depuis sa contribution à
l’Encyclopédie des arts marocains et son rôle dans la création du Festival International d’Asilah en 1978.
La performance étonnante du comédien et de sa partenaire, les images documentaires, invitent le public à un véritable voyage dans le XXe siècle tunisien, maghrébin, arabe et international, à travers les péripéties de la vie du leader résistant à la colonisation, ses victoires, ses défaites et son combat admirable pour les l’édification de l’état tunisien moderne. L’occasion pour Raja Farhat de porter les causes défendues par Bourguiba et sa contribution au développement de la Tunisie à travers la démocratie de l’enseignement, la relecture éclairée du Coran qui a redonné à la femme toute sa place dans la société tunisienne notamment par l’abolition de la polygamie et de la répudiation. Voir un extrait du spectacle sur youtube :
RAJA FARHAT
Issu du Collège Sadiki et du Lycée Carnot de Tunis, Raja Farhat a effectué des études supérieures en Lettres italiennes et en théâtre auprès des maîtres du Piccolo Teatro de Milan. Son cursus l’a conduit à l’université de Grenoble et de Paris- Sorbonne nouvelle. Jeune fondateur du Théâtre du sud dans la région des mines de Gafsa, il a ensuite rejoint le Ministère de la culture pour diriger successivement la Maison de la culture et la Galerie des arts de la capitale, le Festival International de Carthage et le Centre culturel et le Festival international de Hammamet. Au Maroc, il a fondé le Festival international d’Asilah et contribué à l’Encyclopédie des arts marocains. En France, il est le correspondant diplomatique d’agences et de journaux du Moyen Orient auprès de l’Union européenne avant d’assumer la Direction de la communication de l’Institut du Monde arabe à Paris. Commissaire général de l’Année de la culture tunisienne en France, il est nommé Directeur général du développement à l’Agence internationale de la Francophonie. De retour à Tunis, il est le Directeur éditorial du portail E-culture de la Culture tunisienne, programme de la Banque Mondiale. Auteur et réalisateur de théâtre, de radio et de télévision, il réalise des dizaines d’œuvres dont la série « cités d’Orient » sur les grandes cités de la culture arabe ainsi que la série radiophonique francophone « Abécédaire » sur l’antiquité punique, romaine et byzantine de l’Afrique du Nord.
LETTRE À RAJA FARHAT
Votre Bourguiba est saisissant de vérité. Vous avez restitué le personnage avec des détails inséparables de l’image que nous gardons de lui. La démarche, à petits pas, lents, souvent saccadés. Cette gestuelle unique, que la nostalgie rend aujourd’hui épique, qui précède la parole, comme pour l’accoucher. Cette élocution qui lui
est propre, tantôt hardie, tantôt hésitante, parfois à dessein, mais toujours l’expression d’une personnalité hors pair. Puis, à travers tout cela, ce prodigieux coq à l’âne, ce discours, à la fois dirigé et anarchique, au gré des réminiscences d’un passé qui ne le quitte jamais. Ces personnalités, convoquées comme pour un dernier face à face : De Gaulle, Nasser, Mohammed V, Hassan II et bien d’autres. Cette oasis enchantée qu’il évoque toujours avec des tressaillements d’aise: la visite d’Etat qu’il fut le premier à effectuer à Washington, après l’élection de J.F.Kennedy qui reçut H.Bourguiba avec des égards exceptionnels. Et la fierté de Bibi Jr d’avoir, comme ambassadeur, réussi ce coup de force qui mettait la TUNISIE au pinacle.
est propre, tantôt hardie, tantôt hésitante, parfois à dessein, mais toujours l’expression d’une personnalité hors pair. Puis, à travers tout cela, ce prodigieux coq à l’âne, ce discours, à la fois dirigé et anarchique, au gré des réminiscences d’un passé qui ne le quitte jamais. Ces personnalités, convoquées comme pour un dernier face à face : De Gaulle, Nasser, Mohammed V, Hassan II et bien d’autres. Cette oasis enchantée qu’il évoque toujours avec des tressaillements d’aise: la visite d’Etat qu’il fut le premier à effectuer à Washington, après l’élection de J.F.Kennedy qui reçut H.Bourguiba avec des égards exceptionnels. Et la fierté de Bibi Jr d’avoir, comme ambassadeur, réussi ce coup de force qui mettait la TUNISIE au pinacle.
Ces anciens collaborateurs, proches ou improbables, à qui H.Bourguiba semble encore donner ses instructions. Ces apartés, qu’il réserve à sa confidente et médecin, et où fusent des émotions longtemps refoulées, ou des souvenirs qui remontent loin dans son passé de « Combattant suprême ». Bref un Bourguiba toujours debout, jamais à genoux, comme le destin l’y aura, un jour, cruellement contraint, à son coeur défendant, mais trahi par « cette carcasse », comme il aimait à dire, que la maladie et l’âge, ligués tous deux contre elle, ont fini par briser. Cette résurrection de Bourguiba, pour un soir, était une magnifique prouesse. Le Bourguiba que nous aimions. Avant cette déchéance physique, source de beaucoup de nos maux. Le Bourguiba adoré des foules et que ses adversaires haïssent encore, mais secrètement jalousent et admirent, se mettant à l’imiter dans ses moindres faits et gestes. Merci, Raja Farhat, pour cette prestation inoubliable, ce bain de jouvence, ce qui est pour vous, je le sais, une sorte de catharsis libératrice, car vous ne manquez pas de raisons d’en vouloir à un homme que votre père avait combattu et dont il eut à souffrir. Pour vos invités, cette séance d’évocation d’un passé qui leur est cher offre quelques instants de bonheur, car elle a le pouvoir d’exorciser certaines inquiétudes sur le devenir du pays, ou quelques interrogations, encore lancinantes sur le passé. Merci, cher Raja, et trouvez ici le témoignage de mon amitié et de mon estime.
Affectueusement.
Chedli Klibi-Carthage. Juin 2013
Par M.Chedli KLIBI