Oued Eddahab, le « Tanger du Sud Marocain »
Le processus de colonisation du Maroc a pris du temps, aux 19ème et 20ème siècles. Il a été marqué par de nombreuses et longues résistances jamais éteintes. C’est aussi le cas de la décolonisation, entamée, en 1955, dans un contexte international de guerre froide. Une grande partie du Royaume est restée occupée. C’est notamment le cas du Sahara. L’Algérie a failli connaitre le même sort, avec la création d’une entité artificielle par la France, au Sud, pour garder la main sur les richesses de pétrole et de gaz.
La libération de la région d’Oued Eddahab n’a ainsi été réalisée qu’en 1979, après plusieurs négociations et tentatives de compromis. Mais cette libération, loin d’être uniquement territoriale/géographique, a surtout été un point de départ, pour entamer une dynamique de développement profitant aux populations de la région.
Malgré les obstacles dus souvent à une incompréhension, voire à une fausse explication de la réalité historique des formations sociales en Afrique du Nord, la décolonisation a pu se poursuivre. La tâche de clarification nécessaire d’une situation historique relativement complexe de la nation marocaine, exige un travail diplomatique de fond et de longue haleine, guidé par une stratégie globale et cohérente. Avant la colonisation, aucun territoire du Maghreb ne pouvait être considéré comme « Terra nullius ». L’Espagne a maintenu son occupation sur le Sahara Occidental, faisant partie du Maroc. C’est aussi le cas du Portugal, dans de nombreuses régions en Afrique où la lutte armée ne s’était pas interrompue.
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Il a fallu que les deux dictatures au Sud de l’Europe s’affaissent pour que les territoires colonisés en Afrique puissent accéder à leur indépendance. Au lieu d’un affrontement militaire qui aurait embrasé toute l’Afrique du Nord, la Méditerranée et le Sud de l’Europe, le Maroc a préféré organiser une marche populaire pacifique, bien encadrée. Ce fut la « Marche verte », en 1975, à laquelle ont participé pas moins de 350 000 marocains. Ce fut un évènement historique de grande ampleur. Quatre ans plus tard, le Maroc récupère la région d’Oued Eddahab, frontalière avec la Mauritanie. C’est, depuis 2015, la 12ème région du Royaume, avec une superficie de 142 865 km². Avec presque 150 000 habitants, c’est aussi la région la moins peuplée du Maroc. Sa position géographique est stratégique.
C’est pratiquement le début de l’Afrique subsaharienne. Dakar est plus proche que Casablanca. La région bénéficie d’un ancrage continental exceptionnel. Elle est appelée à devenir, au cours des prochaines années, un nouveau pôle économique, intégré, innovant et ouvert sur l’Afrique. Elle est même perçue comme la « Tanger du Sud ». Le projet de construction du plus grand port atlantique de Dakhla, couplé à une zone industrielle et logistique de grande envergure, est déjà à un stade avancé de réalisation. Ce choix n’est pas fortuit. Une « zone de conflit » peut être transformée en « zone d’union » et de paix. Son potentiel est exceptionnel : 30% de la population est âgée de moins de 15 ans. Une force démographique tournée vers l’avenir. La région dispose de ressources naturelles (pêche et agriculture), d’un potentiel touristique, d’une industrie agroalimentaire en pleine croissance, des énergies renouvelables, la construction navale, l’offshoring, des métiers mondiaux (…). La vraie libération, celle à laquelle aspirent tous les marocains, est en marche.
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En effet, le développement de la région constitue la substance première de la libération, en vue de garantir à la population une vie digne. Le taux de croissance annuel dépasse les 8%. Le PIB de la région a plus que doublé de 2009 à 2016, passant de 5,9 MMDH à 11,75 MMDH. Par habitant et par an, le PIB est passé à plus de 76 000 dirhams (2018), soit le double de la moyenne nationale, et plus que celui de la région de Casablanca-Settat (46 000 dirhams), première région économique du Royaume. En termes de développement humain et durable, la région est citée en exemple, bénéficiant des meilleures infrastructures de base, dans tous les domaines (scolaire, sanitaire, routes…). A travers cette réussite, le Royaume entame une rupture définitive avec cet ancien dualisme qui a régné pendant longtemps, distinguant un « Maroc utile » et un « Maroc inutile ».