Discours Royal

Ouverture de l’année législative : les moments forts du Discours Royal

C’est un Discours d’une profonde portée et d’une grande fermeté qui a été prononcé, ce vendredi 9 octobre 2015, par S.M. le Roi Mohammed VI, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la cinquième année législative de la neuvième Législature. Un Discours en forme d’interrogations qui met élus et Exécutif face à leurs responsabilités. Retour sur les principaux moments forts du Discours Royal.

 

 Elections

 «Nous ne saurions considérer que le processus a atteint son terme. Car, en effet, les élections ne sont pas une fin en soi. Elles marquent plutôt le commencement effectif d’un long parcours, dont le point de départ consiste à mettre en place les institutions et à leur conférer la légalité requise.

Plus encore ! La représentation des citoyens est une charge éminemment importante qu’il appartient aux élus et aux partis politiques d’assumer, soit en honorant leurs promesses envers les électeurs, soit en s’employant à répondre aux préoccupations pressantes qui sont les leurs.

Il s’agit donc d’une responsabilité nationale qui exige de chacun de se hisser à la hauteur de ce moment historique dans la vie de notre pays.

Les citoyens ont déjà dit leur mot. Mais Je veux, de cette tribune, adresser un message à ceux qui n’ont pas eu de chance dans ces élections : Ils ne doivent pas perdre espoir, ils devraient, au contraire, garder la tête haute pour les services qu’ils ont rendus à la Patrie et aux citoyens.

Il faut qu’ils se livrent à une autocritique constructive, pour corriger les erreurs, redresser les dysfonctionnements et poursuivre dès maintenant leur action, sérieusement et résolument, sans faiblir ou faillir, en vue de gagner la confiance des électeurs dans les prochaines échéances.

C’est bien cela la démocratie authentique. Elle prévoit l’alternance dans l’exercice du pouvoir et la gestion de la chose publique. Qui ne l’emporte pas aujourd’hui pourrait être le gagnant de demain.

Il va sans dire que quiconque s’estime lésé en raison de certains dépassements, somme toute isolés, que connaît d’habitude la pratique démocratique, garde la latitude de saisir la justice.

 Parlement

Nous avons noté avec une immense fierté la participation massive des habitants de nos provinces du Sud dans les dernières élections.

A cet égard, Nous affirmons que la légitimité populaire et démocratique acquise par les élus, qui ont été choisis en toute liberté, fait de ceux-ci les véritables représentants des populations du Sahara marocain, contrairement à une minorité qui réside hors-patrie et tente illusoirement et sans le moindre fondement juridique de s’autoproclamer représentant de ces populations. En effet, la Chambre des Conseillers se distingue par une composition variée, aux spécialités multiples, d’autant qu’elle rassemble en son sein un groupe de compétence et d’expertises locales, professionnelles, économiques et sociales. Elle doit être un espace de débat constructif, d’expertise, de pondération et d’objectivité et rester à l’écart de toute considération politique. Malgré tous les efforts déployés, l’image qui reste dans l’esprit de nombreux citoyens, est celle d’antagonismes et de surenchères entre la majorité et l’opposition, parfois à l’intérieur du Parlement, et dans certains rassemblements partisans et même dans les médias.

 Régions

 Nous n’avons d’autre choix que de mettre en place des institutions régionales efficientes, pour que le Maroc ne manque pas ce rendez- vous important avec l’histoire. Mais il faut bien admettre que la vie politique ne devrait pas reposer sur les personnes, mais plutôt sur les institutions.

En effet, les personnes, quelles qu’elles soient, sont nécessairement appelées à s’en aller, alors que les institutions sont là, pérennes et pour toujours. Et c’est cette continuité qui est la véritable garantie des droits des citoyens et des services dont ils ont besoin, et que nous ne saurions accepter de laisser au gré d’humeurs et de caprices personnels. 

Vécu du citoyen

Il M’a déjà été donné de vous dire de cette tribune que le discours politique ne s’élève pas toujours au niveau des aspirations du citoyen.
Là, J’attire l’attention sur le fait que la tendance aux luttes marginales se fait toujours au détriment des questions pressantes et des préoccupations réelles des citoyens. Cela suscite le mécontentement populaire concernant l’action politique en général et amène le citoyen à se désintéresser du véritable rôle du parlement. En effet, le parlement doit être un miroir qui reflète les préoccupations des citoyens et un espace pour le dialogue sérieux et responsable autour de toutes les grandes questions nationales.
Concernant les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe pour que, à l’avenir, celle-ci puisse remplir sa fonction, il faut garder à l’esprit que la langue arabe et la langue amazighe ont toujours été un facteur d’unité, et qu’elles ne seront jamais un motif d’antagonisme ou de division.

Pour le Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine, il s’agit de mettre en place un conseil comprenant en son sein toutes les institutions concernées par ces domaines, et non de mettre au point un organigramme général pour des institutions indépendantes. 

Processus institutionnel

Par ailleurs, l’élaboration du projet de loi organique sur la grève nécessite d’engager de larges consultations et de faire preuve d’un esprit de consensus constructif, de sorte à garantir les droits des travailleurs, les intérêts du patronat et l’intérêt de la Nation.
S’agissant des textes soumis au parlement, Nous appelons à l’accélération de l’adoption des projets des lois organiques relatives au pouvoir judiciaire, outre le projet de loi relatif à l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination.
En effet, la valeur des institutions se mesure à leur capacité à remplir leurs missions et à servir les intérêts des citoyens.
Dans ce cadre, Nous appelons de nouveau à l’accélération de l’élection des membres de la Cour constitutionnelle devant être nommés par les deux chambres du Parlement en vertu du pouvoir que leur confère la Constitution en la matière. Il sera ainsi procédé à l’installation de la Cour dans les plus brefs délais, comme Nous y avons déjà appelé dans le Discours de l’année dernière.

Il convient aussi de mettre en œuvre les textes juridiques relatifs au Conseil de la Concurrence et de l’Instance Nationale de la Probité et de la Prévention de la Corruption. 

Travail législatif

Cependant, une question reste posée : pourquoi les lois d’un nombre d’institutions n’ont pas été mises à jour alors que quatre années se sont écoulées depuis l’adoption de la Constitution ? Qu’attendons-nous pour mettre en place les nouvelles institutions créées par la Constitution ?

Nous citons notamment certaines institutions de défense des droits de l’Homme et de contrôle, le Conseil Consultatif de la Famille et de l’Enfance et le Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative.

L’année législative que Nous ouvrons aujourd’hui, est en butte à de nombreux défis et nécessite un travail sérieux et un patriotisme sincère pour parachever la mise en place des institutions nationales. Car les institutions ne concernent pas que la majorité ou l’opposition, elles doivent plutôt être au service des citoyens, en dehors de toute autre considération.

Aussi, Nous appelons au consensus constructif concernant toutes les grandes questions de la Nation. Toutefois, Nous refusons les arrangements négatifs par lesquels on cherche à satisfaire les envies personnelles et les objectifs catégoriels, au détriment des intérêts de la Nation et des citoyens».

 

 

 

 

 

 
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