Ouverture partielle des frontières : la croix et la bannière pour les candidats au retour
Chez les MRE (Marocains résidant à l’étranger) et autres étrangers concernés par un retour au Maroc dans le cadre de l’ouverture partielle des frontières aériennes, terrestres et maritimes dès le 14 juillet, c’est l’angoisse. Et pour cause, certaines des conditions exigées pour accéder au territoire national sont quasiment impossibles à remplir, selon certains d’entre eux.
Il s’agit des tests de dépistage, notamment les tests PCR et sérologique à réaliser avant de prendre la route, la mer ou son vol en direction du Maroc. « Il s’avère que le test sérologique est inutile. C’est ce que le médecin traitant de mon fils en France lui a dit lors de sa consultation pour lui demander une ordonnance pour les 2 tests. Et c’est ce que de nombreuses personnes se sont vues dire par des médecins en Europe », s’indigne une MRE vivant en France, et qui prépare activement le voyage pour le Maroc en famille. « Le test sérologique sert à savoir si la personne a déjà été malade du Coronavirus ou pas. Pourquoi le gouvernement aurait besoin de cette information ? Sachant que le test coûte de l’argent et que de nombreuses personnes bloquées à l’étranger depuis 4 mois sont aujourd’hui sans ressources, certains dormant même dans la rue ! On ne pourrait pas leur éviter des frais supplémentaires inutiles ? », poursuit-elle. Mais, le sérologique serait-il vraiment inutile ?
Lire aussi| Ouverture des frontières marocaines : les MRE ne décolèrent toujours pas
Non, répond le Pr Jaâfar Heikel, épidémiologiste et infectiologue. « Le test sérologique est fait pour une raison très simple. Comme vous pouvez le savoir, les tests PCR comportent une partie de faux négatifs, souvent parce que le prélèvement a été mal fait. Et donc, on sait qu’il peut y avoir un pourcentage de faux négatifs qui peut aller jusqu’à 25%. Donc, coupler le test PCR au test sérologique permet d’augmenter la précision et la fiabilité du dépistage, en éliminant le plus de faux négatifs possibles. C’est cela l’intérêt du test sérologique. Ce n’est donc pas un hasard », explique le Pr Jaâfar Heikel, ajoutant que l’État a choisi les deux tests pour avoir le plus de précision possible.
« Le test sérologique montre deux types d’anticorps qui sont les IgM et les IgG. Les IgM traduisent une infection très récente, et donc la possibilité pour la personne d’être encore susceptible de transmettre le coronavirus, alors que les IgG, qui vont apparaître au bout de 15 jours, lorsqu’ils sont élevés montrent que la personne a été en contact et qu’elle a développé des anticorps qui sont une forme d’immunité ou de protection. Je pense qu’une explication pédagogique de ces détails permettrait aux gens de mieux comprendre le bien-fondé de ces deux tests », détaille-t-il. L’autre difficulté que rencontrent les concernés porte sur le délai imposé pour la réalisation desdits tests. En effet, le gouvernement marocain exige des candidats à cette opération de disposer « d’un test PCR de moins de 48 heures, ainsi qu’un test sérologique » (le délai court à partir de la date d’obtention des résultats).
Lire aussi| RAM : voici le nouveau programme des vols internationaux
« Il est très difficile, voire quasi impossible de trouver des laboratoires qui font le test et donnent le résultat en moins de 48h », témoigne la MRE vivant en France. Et la tâche est d’autant plus compliquée pour ceux qui se trouvent dans des pays (africains notamment) où ce genre de tests n’est pas réalisable. Toutefois, on apprend que les autorités ont entamé des discussions avec les pays concernés pour trouver des solutions appropriées. Une autre problématique concerne également l’attribution de cette opération uniquement à la Royal Air Maroc et Air Arabia. Selon certains témoignages, le gouvernement aurait mieux fait d’élargir cela à d’autres compagnies parce que la RAM et Air Arabia ne desservent pas certains aéroports et certaines villes dans de nombreux pays concernés par l’opération. Cela constitue un casse-tête logistique pour les voyageurs, qui doivent alors se déplacer d’une ville à l’autre, etc. Ce qui également complique le délai de 48 heures imposé pour les deux tests de dépistage. Notons que c’est plus ou moins le même souci que rencontrent ceux qui optent pour le transport maritime.