Partis : des armées de généraux putatifs par ( Jamal Berraoui )
Lors du congrès du PPS, 80% des congressistes ont été candidats pour le comité central. Finalement, Nabil Benabdallah a trouvé une solution en relation avec les secrétaires régionaux pour contenter tout le monde. Le comité central du PPS va compter neuf cent membres. Même le parti communiste chinois n’a pas un parlement aussi peuplé.
C’est faire preuve d’une grande injustice que de montrer le PPS du doigt. Lors du dernier congrès de l’USFP, 1340 congressistes ont déposé leur candidature, dont une partie était inéligible parce qu’ils ne remplissaient pas des conditions d’ancienneté.
C’est un phénomène politique révélateur au plus haut degré. On ne s’engage plus dans un parti pour défendre un projet, des idées, mais pour conquérir des positions permettant d’accéder à des rentes. C’est général, à part peut-être le PSU qui n’a pas de rentes à offrir.
Le plus pernicieux, c’est que cela sert les dirigeants. Un comité central à 900 personnes est nécessairement une boîte d’enregistrement. Pour les néophytes, j’explique une réunion du comité central d’un parti. Cela doit démarrer à neuf heures mais démarre beaucoup plus tard.
Ensuite, il y a le rapport du Bureau politique qui prend rarement moins d’une heure. Ensuite, on ouvre la liste des intervenants, ils sont nombreux, trop nombreux à s’inscrire, alors le maître de séance détermine la durée de la prise de parole. Trois minutes au maximum. Bien sûr, le bureau politique donne en premier la parole à ses soutiens, je peux écrire acolytes. Après, il faut laisser aux gens le temps de manger et ensuite les libérer avant 16 heures parce qu’ils doivent revenir chez eux
C’est toute l’astuce et elle est mortelle. Les institutions délibératives des partis ne fonctionnent pas. Toutes leurs réunions se terminent par une délégation au bureau politique de prendre « les mesures qu’il estime nécessaire ». L’architecture, sur le papier, veut que l’instance délibérative fixe l’objet politique et que le B.P l’exécute. Dans aucun parti, cela ne se passe normalement.
Le drame, c’est que ce sont des phénomènes qui expliquent tout. Chaque adhérent se croit en mesure de diriger son parti. Aucun ne fait un travail de proximité, en pensant qu’il est très honorable d’être un militant de base au service d’un projet. C’est ainsi que nous avons des partis avec un surnombre de chefs, très peu de militants, sans influence. Aux élections, ils feront la dance du ventre aux notables, en espérant pouvoir placer des jeunes et des femmes, grâce aux voix récoltées par ces mêmes notables, jeunes et femmes issus des familles des caciques du parti. Cette manière de faire de la politique est mafieuse, dangereuse.