Perturbations (Par Jamal Berraoui)
L
e mauvais temps perdure. La première semaine de juin devrait, elle aussi, être pluvieuse. Cela a des impacts économiques très importants. Les récoltes sont perturbées. Le rendement sera sans doute inférieur à ce que l’on attendait du fait du manque d’ensoleillement.
Les activités liées au tourisme souffrent. Les piscines ont perdu le mois de mai qui constituait le lancement de la saison. C’est d’autant plus préjudiciable que le Ramadan va encore couper la saison en deux. Le mois du jeûne s’étalera du 10 juillet au 10 août, soit le cœur de la période estivale. Les perturbations climatiques n’étaient pas prévisibles à l’avance, le Ramadan si.
Par rapport à l’agriculture, il n’y a rien à faire, sauf attendre le soleil pour que les récoltes commencent. Mais on peut faire énormément pour les activités touristiques. L’une des idées simples c’est de décaler la rentrée scolaire de deux semaines pour la ramener à fin septembre. Cela permet une plus grande flexibilité pour les congés et donc une possibilité de flux pour le tourisme.
Pendant des décennies la rentrée scolaire était fixée au 1er octobre. On ne peut pas dire que le niveau de l’enseignement en souffrait. Décaler à nouveau la date de la reprise des cours pour allonger les possibilités de congés tant que le Ramadan est estival, paraît être une mesure de bon sens.
Il faut être très réactif si nous voulons éviter l’approfondissement de la crise. C’est le tourisme national qui permet ces dernières années le maintien à flot de plusieurs activités. Cela ne risque pas de changer. L’Europe est en récession. Les taux de chômage sont au plus haut. En attendant la ruée des Chinois vers Tanger ou Marrakech, il faut être réaliste. Les marchés émetteurs sont en crise et cela ne peut qu’impacter l’industrie touristique. D’autant plus que des destinations concurrentes, l’Egypte et la Tunisie cassent absolument les prix pour compenser l’image d’instabilité qui est la leur.
De manière plus globale, il nous faut une révision de nos stratégies à tous les niveaux. Il faut être imbécile pour ne pas comprendre que le monde a changé. La vieille Europe n’est plus le centre du monde. La crise multidimensionnelle et non pas économique qui la secoue est durable. Notre environnement immédiat est sujet à des perturbations politiques et sociales dont nul ne peut prévoir ni la durée, ni l’issue. Nous ne pouvons que nous adapter à ces réalités mouvantes en tentant d’en faire des opportunités.
Le temps pourri, le printemps qui n’est toujours pas là, ce sont des perturbations climatiques qui concernent le Maghreb et une partie de l’Europe. On n’y peut rien, sauf maudire le ciel, mais cela ne sert pas à grand chose. Mais nos gouvernants devraient être à l’écoute des professionnels et réagir rapidement. Le mois de mai a été catastrophique. Juin, on sera en plein mois de Chaâbane. Pour des raisons religieuses, beaucoup de Marocains changent de modèle de consommation durant ce mois, en se préparant au jeûne. Après, c’est le Ramadan. L’été, si le ciel y consent, ne démarrera qu’à la mi-août. Fixer la rentrée scolaire au 08 septembre est une bêtise absolue, dans ces conditions.