Peugeot 103 : la motocyclette préférée du marocain
Elle reste la moto la plus populaire depuis le protectorat. Fabriquée au Maroc, la Peugeot 103 reste un symbole de l’industrie locale que l’usine Dimac d’Aïn Sebaa met sur le marché.
L
a motobécane fait partie de notre paysage bien marocain, et cela depuis longtemps. C’est que la “Cennetrois” est plus qu’un véhicule, c’est un symbole d’appartenance dans le Maroc qui se recherche et trouve son identité dans les moindres détails de sa vie quotidienne. Pour en savoir plus sur la 103, il nous a semblé plus simple de nous rendre à l’usine de montage du bicycle, fabriqué au Maroc et pour le consommateur marocain. L’atout de la motobécane n’est pas seulement sa durée de vie de quinze années, mais également son adaptabilité aux conditions de circulation dans le paysage marocain. Il n’est donc pas étonnant que sa clientèle se recrute autant dans les administrations qui en équipent leurs coursiers, que chez les postiers et autres livreurs, sans oublier les entreprises privées du Maroc.
Pour visiter l’usine de montage de la 103, il faut se rendre à Aïn Sebaa, berceau de l’industrie marocaine au début du siècle dernier. La circulation casablancaise étant devenue ce qu’elle est, c’est-à-dire un enfer permanent, un tel déplacement relève du « défi ».
Arrivé sur place, nous faisons le tour du propriétaire, dans une usine certes à l’arrêt, mais dont on devine une activité débordante de chaîne de montage. Une indication qui ne trompe pas : près de l’entrée, des files de Peugeot 103 classic attendent patiemment d’être livrées à leurs destinataires qui les commercialiseront dans les grandes villes du Royaume. Pas seulement, mais également les petites agglomérations telles Benguerir, Beni Mellal, Kelaât Sraghna, Errachidia ou Guelmim., sont concernées par un véhicule populaire et largement utilisé. Au sein de l’usine et dans un entrepôt aménagé sont stockées les pièces détachées. L’approvisionnement aux différents postes de montage se fait à un rythme régulier. Dans un box, on assemble les roues, tandis qu’à un autre poste de montage, les différentes pièces métalliques de la calandre, importées depuis Peugeot en Chine, sont fixées avec des pinces sur un bloc de soudure. Elles forment un squelette, le chenais, qui laisse déjà deviner la forme de la moto, à laquelle est soudé le réservoir. On vérifie ensuite que ce dernier est bien étanche. Le cas échéant, il est à nouveau soudé pour colmater les éventuelles fuites. Ensuite, toutes les pièces passent par différents bains de dégraissage, de rinçage puis de phosphatation. Ce dernier procédé permet de prévenir la rouille sur les différentes pièces de la motobécane.
Une chaîne de montage «à l’ancienne»
L’ensemble sera ensuite peint au pistolet. Les opérateurs se protègent à l’aide de masques, tandis qu’un autre bain aspire les fumées toxiques. La machine passera ensuite au four pour le séchage. Cette procédure dure 25 minutes à une température de120° pour les pièces métalliques. Elle est de 25 minutes à une température de 80° pour les pièces en plastique. C’est alors que commence la phase de montage proprement dite. Les pièces métalliques et plastiques sont assemblées dans un ordre prédéterminé. D’abord la fourche, avant que ne soient vissées les différentes pièces plus petites. Au bout de la chaîne, la selle est la dernière pièce à fixer. Dès lors, la moto est prête, mais avant d’être entreposée elle doit subir un certain nombre de contrôles et de tests.
Voilà pour ce qui est du côté technique, mais qu’en est-il de l’historique de cette usine qui a survécu à tous ses concurrents ? Elle a été fondée en 1974 par un industriel français du nom de Dacier. Ce dernier importait déjà depuis les années 1950 des pièces détachées de vélomoteurs pour les assembler sur place.
L’entreprise a été reprise par la SNI (Société nationale d’investissement) à la faveur de la marocanisation en 1974. Après plusieurs changements de propriétaires, elle sera rachetée par l’ONA en 1989 avant d’être cédée à la CFAO (Compagnie Française de l’Afrique Occidentale) en 1991. La 103 ne coûte alors que 1400 DH, et constitue un moyen de locomotion idéal. En plus de son prix abordable, s’ajoute l’avantage de la conduite sans permis. Cerise sur le gâteau, sa flexibilité d’utilisation dans les petites et grandes villes, est un atout incomparable par les temps qui courent. La 103 s’est donc très vite fait une réputation. À ce jour, on dénombre près de 200 000 vélomoteurs Peugeot 103 en circulation. Parmi ces derniers, certains datent de1980, et continuent d’être utilisés pour le transport de deux à trois personnes…
Aujourd’hui, le constructeur Dimac propose la Peugeot 103 en plusieurs versions : classic, clip, sport, fox et ninja. Ce dernier modèle représente à lui seul 50% des ventes. Après un pic de 18000 véhicules vendus en 2009, les ventes se sont stabilisées à quelques 12000 véhicules par an. Avec une moyenne globale ces dernières années de quelques 14 000 unités par an. Une success story qui ne se laisse pas démentir. A la fin de la visite, nous reprenons la route pour retomber dans la circulation qui paralyse Casablanca. Vers ses bouchons et sa pollution.