Philippe-Edern Klein : «Le développement de la CFCIM dans les provinces du Sud a été une priorité pour moi»
Philippe-Edern Klein est en fin de mandat à la tête de la Chambre Française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM). Dans cet entretien, il revient sur les initiatives phares ayant marqué son mandat.
Challenge : Vous avez organisé fin octobre dernier à Dakhla, le forum d’affaires Maroc-France. Quel bilan faites-vous de l’édition 2019 de cette rencontre d’affaires d’envergure internationale ?
Philippe-Edern Klein: Ce forum a été un grand succès. La tenue de cette rencontre d’envergure cette année à Dakhla était un engagement que j’avais pris auprès des autorités de la région en 2018, lorsque nous avons inauguré notre bureau de représentation dans la ville. Le forum a rassemblé 350 chefs d’entreprise, dont 150 qui venaient de France. Nous avons ainsi fait connaître la région de Dakhla aux investisseurs français. Ce qui est notre vocation. Je rappelle que la CFCIM avait déjà organisé un forum à Laâyoune en 2018, suite à l’inauguration en 2017 de notre bureau de représentation dans la ville. Ce forum avait également été un franc succès. L’idée était de faire connaître les provinces du Sud du Maroc aux opérateurs français. En 2017, lorsque j’avais été élu, la CFCIM était présente dans huit régions du Royaume et dans la feuille de route que j’avais remise au Conseil d’administration, j’avais inscrit l’ouverture de bureaux dans les provinces du Sud en priorité. Nous avons donc commencé par Laâyoune, et puis Dakhla par la suite. C’est une initiative qui est en droite ligne avec notre politique d’accompagnement des actions qui sont entreprises par le Souverain dans le cadre de la vision africaine du Maroc. La CFCIM se doit d’accompagner les efforts et les initiatives déployés par le gouvernement du Maroc pour faire des régions du Sud des pôles économiques et des hub pour l’Afrique. C’est vraiment une priorité pour nous. Je rappelle aussi que le forum d’affaires Maroc-France à Dakhla, a reçu le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI. Nous avons aussi reçu le soutien de 10 députés français qui nous ont accompagnés. Le nombre important de sollicitations de la part d’entreprises désirant s’installer dans cette région que nous avons reçues, témoigne aussi du succès de ce forum qui a eu lieu il y a un mois. Il y a un véritable potentiel et de nombreux investisseurs sont intéressés. Je tiens à souligner aussi que ce forum a reçu le soutien de deux régions de la France, la région Pays de la Loire et la région Rhône-Alpes.
Quelles sont ces entreprises qui manifestent leur intérêt pour les provinces du Sud ?
Notre délégation à Dakhla a moins d’un an et nous sommes déjà à une vingtaine d’adhérents sur la région, ce qui est un très bon démarrage. Une bonne partie des nouvelles entreprises qui ont adhéré opèrent dans le secteur halieutique, dans la logistique. Et avec le port de Dakhla Atlantique, qui verra le jour dans les prochaines années, il est clair que la région sera davantage plus dynamique. Je pense que les régions du Sud ont tout le potentiel nécessaire pour arriver à se développer et devenir un hub vers l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, je pense qu’il est nécessaire qu’il y ait un co-accompagnement entre entreprises françaises et marocaines, même si elles vont continuer d’être des concurrents sur certains marchés. Pour moi, il faut qu’il y ait des partenariats et des ententes.
Quelle est la suite à donner à l’organisation du forum dans les provinces du Sud ?
Je rappelle que le forum de cette année est la quatrième édition de cette rencontre initiée depuis 2016. La première édition avait eu lieu à Casablanca en 2016, la 2ème à Paris en 2017, la 3ème à Laâyoune en 2018. L’idée est de couvrir toutes les régions du Maroc. Ce n’est pas juste de faire une promotion des provinces du Sud à travers ce forum. Certes, l’accompagnement du développement qui a lieu dans cette région est une priorité pour nous, mais nous sommes aussi présents dans 10 des 12 régions du Maroc. En 2020, nous allons ouvrir notre bureau à Guelmim qui marquera notre présence dans la 11ème région du Royaume. Maintenant, en ce qui concerne l’organisation du prochain forum, je pense qu’il y a la nécessité pour nous de mettre en exergue aussi les potentialités des autres régions du Maroc. Notre ambition aujourd’hui est de faire un maillage des régions du Maroc avec les régions de France, c’est-à-dire mettre une région agricole française en contact avec une région agricole marocaine, une zone industrielle marocaine avec une région industrielle française… Nous sommes aujourd’hui dans une optique de marketing territorial et donc disposés à répondre à toute demande des régions marocaines pour organiser l’attractivité des territoires. Nous sommes en mesure de ramener des investisseurs étrangers, faire connaître la région par les investisseurs locaux.
Votre mandat à la tête de la CFCIM arrive à terme. Quels sont les principaux chantiers qui l’ont marqué ?
Le développement de la CFCIM dans les provinces du Sud était une priorité pour moi lors de mon mandat. Un autre point capital concerne le rapprochement des entreprises françaises et le développement de l’attractivité de la CFCIM pour ses adhérents. Sous mon mandat, la Chambre est passée de 3500 adhérents en moyenne en 2017 à 4850 adhérents aujourd’hui. Et je pense que d’ici la fin de l’année, nous allons atteindre les 5000 adhérents. Cette progression a été rendue possible grâce à la modernisation de la grille d’adhésion sous mon mandat. Il y a aussi les parcs industriels que nous sommes en train d’installer dans la région, notamment à Laâyoune et Dakhla. Nous avons un parc industriel de 30 hectares dédié aux entreprises qui vont venir investir dans la région et aussi un parc logistique. Nous nous sommes aussi orientés sur le développement de la formation dans la région parce qu’il y a des jeunes qui ont la théorie scolaire, mais pas la pratique des réalités de l’entreprise. L’idée est donc de créer un centre de formation d’ici 2020 à Laâyoune pour les accompagner dans l’entrepreneuriat. Nous installerons aussi un autre centre à Dakhla par la suite. Nous pensons que cette initiative va davantage renforcer l’attractivité des provinces du Sud. Les autres actions que nous avons menées sur la période 2017-2019, concernent le développement de nos parcs industriels notamment à Berrechid et à Fès.