Phosphates de Khouribga : l’OCP performe toujours
La mine à ciel ouvert de Khouribga continue sereinement son exploitation. Depuis peu, le projet de réalisation du pipeline d’OCP en est à plus de 90% de réalisation et devrait être mis en place d’ici 2014. Visite des lieux.
Il est neuf heures du matin, lorsque nous arrivons à Khouribga. La ville est encore endormie, bercée par un brouillard qui tarde à se dissiper. L’ancienne bourgade, portée à bras le corps par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) qui en a fait la métropole régionale qu’elle est devenue. C’est évidemment la richesse naturelle, le Phosphate, qui est à l’origine de ce développement. En effet, à peine une trentaine de kilomètres de là, s’étend l’exploitation du précieux minerai, sous la houlette du géant national des phosphates. “OCP est l’un des plus grands acteurs du marché mondial des Phosphates,” pointe Abdelkrim Ramzi, directeur de production du site de Sidi Chennane. Pour lui, le Maroc reste l’un des acteurs incontournables du marché. Le groupe compte doubler sa production de minerai. Elle passera de près de 25 millions actuellement à 55 millions de tonnes annuellement. La production de Khouribga atteindra 38 millions de tonnes par an à l’horizon 2017 au lieu de 18 actuellement. M. Ramzi nous explique que le secret du Royaume réside dans ses grandes réserves, et pratiquement sans concurrence de par le monde, excepté la lointaine Amérique. Il y a bien entendu, une gestion rationnelle et flexible de l’exploitation de la ressource.
Dès l’arrivée sur le site, on est surpris par la machine titanesque qui racle la surface des sols et creuse un long couloir; qui est en fait, la voie d’exploitation. Il faut le dire, les mines de phosphates sont à ciel ouvert. Une sorte de grue, une Dragline 8400, avec une tourelle de 80 mètres frotte les sols l’un après l’autre pour révéler à la surface les couches de phosphate. La machine s’active dans un tintamarre assourdissant. Sur le chemin qui y mène, une route de piste argileuse et glissante est arpentée par des camions de grand gabarit, qui acheminent la matière première vers les sites d’épierrage.
Mais la préservation de l’environnement n’est pas absente, comme en témoigne une végétation naissante. Plus encore, on peut distinguer des vergers et mieux encore de vastes plantations d’ arganiers. Près de 4000, nous dit-on, ont été replantés pour réhabiliter le site après exploitation.
Le pipeline presque terminé
Plus loin, on arrive à la piste. Là des camions sont chargés de phosphate brut à l’air libre, pelleté à même les bennes des camions. Ces derniers impressionnent par leurs tailles, et pèsent quelques 270 tonnes. Sur leurs bennes, près de 200 tonnes de phosphate sont chargées. Pendant qu’un camion est en charge, un autre attend son tour, à quelques mètres de là. Dans ce paysage lunaire, on se surprend à apprécier la taille pharaonique des travaux. La tranchée mesure 15 km de long pour 40 mètres de profondeur. Après le chargement, les matières premières brutes sont acheminées vers le site d’épierrage. Par chargement, 200 tonnes sont versées dans l’usine d’épierrage. Dans les trémies, on passe les phosphates par un tamis. Progressivement, les pierres sont retirées les unes après les autres, triées par tailles de plus en plus petites jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une poudre fine qui sera ensuite concassée. Chaque jour, ce sont 40 000 tonnes de phosphate brut qui passent par les trémies. Au bout du filtrage, il n’en restera que 25 000 tonnes utilisables et conditionnées dans des sacs marchands. Ensuite, ces matières premières nettoyées seront lavées pour accroitre leur teneur en phosphate, explique Saad El Makhfi, membre de l’équipe de la laverie El Halassa. Une fois traitées, les poudres seront acheminées par des pipelines à leur prochaine affectation, pour leur stockage et leur conditionnement. Selon Abedljabbar Lebbardii, responsable d’exploitation du futur pipeline, encore en chantier, ce dernier en est à plus de 90% de réalisation. Le projet aura nécessité une enveloppe de 4,5 milliards de DH et entrera en service durant le premier trimestre 2014.
Au terme de ce voyage, on ne peut dissimuler son étonnement devant l’importance de ce chantier d’exploitation d’un minerai, qui n’est ni de l’or jaune, ni de l’or noir. Mais tout simplement la matière première d’un engrais et il est vrai aussi, d’autres produits chimiques plus élaborés. Après tout, c’est peut-être cela, le pétrole marocain…