RAM: les dérives d’un débat
À l’instar de toutes les compagnies, qui ne sont pas encore en faillite, la RAM entame un plan social. Il se justifie parce que le secteur est totalement sinistré, que les pertes sont énormes et que les perspectives sont moroses.
Les pilotes de ligne ont été les premiers à en pâtir, parce que le plan social impacte fortement la masse salariale. Leur syndicat affirme avoir fait des propositions pour éviter les licenciement. La direction se tient à son programme initial, visé par le gouverneur dans le cadre de la procédure du licenciement économique. C’est un conflit social d’une extrême banalité en ces temps et qui va malheureusement se multiplier partout dans le monde, parce que la masse salariale est une variable d’ajustement.
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Mais le débat public est vicié. Il y a ceux qui mettent en avant les revenus des pilotes, quatorze millions par mois en moyenne. C’est beaucoup trop par rapport au SMIG, mais c’est dans la fourchette basse dans le monde. Mais les pilotes sont devenus « des privilégiés ingrats ». Pire on les accuse de trahison nationale parce qu’ils ont reçu l’appui de leurs homologues Sud-Africains et Algériens. Ils ont manqué de sens politique en affichant ces soutiens, c’est une évidence. Que ces deux syndicats aient été si prompts à les soutenir est bien entendu suspect. Mais le discours sur la trahison nationale est excessif et tout ce qui est excessif est insignifiant.
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Enfin, rappelons que les indemnités sont fonction du salaire et des années de service, et qu’un chèque de 4 millions de dirhams pour un pilote qui justifie de 30 ans de service n’a rien d’extraordinaire. Surtout quand on sait qu’ils devront repasser tous leurs certificats avant de rechercher un emploi dans un secteur sinistré. Mais la RAM ne peut pas faire autrement que de se préparer à une chute vertigineuse des recettes. Qu’il y ait débat, c’est obligatoire. Mais si l’on veut la survie de cette compagnie, il faut être rationnel. Les dérives sémantiques n’aident pas à la compréhension du fond du problème.