Les chroniques de Jamal Berraoui

Projet de loi de finances : un exercice inutile ?

Le projet de Loi de Finances est en discussion au Parlement. C’est un exercice imposé chaque année, dans tous les pays du monde. Sauf que cette année, il a un goût d’inutile, voire même de ridicule, et pas uniquement au Maroc.

Un projet de Loi de Finances est construit sur des hypothèses sérieuses qui permettent aux exécutifs de se projeter et d’agir en fonction de leurs choix politiques. Les hypothèses, comme les roses, ne durent pas plus que l’espace d’un matin. Tous les pays, y compris le Maroc, ont parié sur une petite revitalisation de l’économie pour le dernier trimestre 2020, tendance qui devrait s’accentuer en 2021.

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Patatras ! Le Covid-19 en a décidé autrement. Partout, c’est le retour aux mesures restrictives sévères et le reconfinement est à l’ordre du jour. Cela signifie que les économies vont souffrir, sans pouvoir compter sur des États saignés à blanc le printemps dernier. En Europe les États empruntent à des taux négatifs, pour le moment, ce qui leur assure une petite marge pour tenter de sauver quelques secteurs. Ce n’est pas notre cas, les marges de l’action publique se resserrent. L’année prochaine sera celle où les effets du soutien de l’État s’estomperont, où les faillites ne pourront plus être évitées, le chômage explosera, les conflits sociaux aussi.

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Seul un arrêt de l’épidémie pourra remettre l’économie mondiale en marche. Ce n’est probablement pas pour les semaines à venir. Les discours sur le vaccin chinois, qui serait disponible avant la fin de l’année, sans validation de l’OMS, relèvent de la propagande bon marché. Le taux d’intégration du Maroc au marché mondial n’est pas très important, mais la croissance dépend de ces segments. Le marché intérieur est atone, la sécheresse s’éternise, les finances publiques sont dans le rouge, les liquidités bancaires posent un vrai problème, les recettes fiscales chutent brutalement. Où est-ce qu’on va aller chercher le retour de la croissance ?

Cela veut-il dire qu’il faut baisser les bras ? Assurément non. Mais il faut une conception des politiques publiques beaucoup plus agile. En ce temps de règne de l’incertitude, toutes les prévisions sont hasardeuses.

 
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