PME/PMI : Faut-il acheter ou louer ?
A Casablanca, le marché de l’immobilier d’entreprise ne semble pas avoir toutes les réponses adéquates aux préoccupations majeures des PME/PMI. En effet, les besoins exprimés par ce segment d’entreprises ne sont que très peu couverts par l’offre disponible. Dans ce contexte, est-il profitable pour un chef d’entreprise d’acheter ou plutôt de louer ? par Roland Amoussou
L’inadéquation entre l’offre et la demande poursuit son ascension. Une situation qui a occasionné, selon des statistiques récentes publiées par le cabinet A. Lazrak Immobilier, une vacance cumulée du parc bureaux neuf qui atteint les 125 000 m2, soit environ 30% du parc neuf des 5 dernières années. A cela, s’ajoute la vacance grandissante du parc ancien estimé à 165 000 m2, ce qui représente 15% du parc bureaux de seconde main à Casablanca. Mais dans ce contexte, faut-il, pour une PME/PMI, acheter ou louer ? «Le chef d’entreprise marocain, propriétaire d’une PME/PMI, est plutôt orienté vers l’achat parce qu’il a une culture historiquement patrimoniale. Il ne peut pas accepter de payer un loyer, parce que pour lui, c’est de l’argent perdu», fait remarquer Karim Tazi, Directeur général adjoint du cabinet A. Lazrak Immobilier. Mais toutefois, pour une entreprise de petite ou moyenne taille, l’achat implique un emprunt bancaire qui vient limiter la capacité d’endettement de l’entreprise auprès du circuit bancaire. Ses chances pour contracter de nouveaux emprunts en vue de développer son cœur de métier sont donc réduites. «De même, le jour où l’entreprise doit déménager, soit pour suivre son principal partenaire ou client dans une autre ville, ça devient difficile puisqu’il faut vendre le local. Et cela peut prendre beaucoup de temps selon l’état du marché», prévient Karim Tazi. D’un autre côté, il y a l’option de la location qui, selon plusieurs experts du secteur, offre beaucoup plus de flexibilité à une entreprise de petite ou moyenne taille.
La location pour plus de flexibilité
Dans ce cas de figure, la PME peut, en effet, changer de local, sans avoir de passif au niveau de son bilan. «Toutefois, avant de choisir l’achat ou la location, le chef d’entreprise doit bien évaluer le pour et le contre de ces deux options, en tenant compte de la taille de son entreprise. Cependant, j’invite les PME/PMI à aller vers la location. Il faut aujourd’hui que les entrepreneurs intègrent le coût immobilier global dans leur prise de décision, parce que ce sont des coûts cachés qu’on ne voit pas souvent», soutient le directeur général adjoint. Cependant, avant d’acheter ou louer, encore faudrait-il que l’offre soit à la hauteur de la demande exprimée par le segment PME/PMI dans la capitale économique. D’abord, soulignons que l’offre est abondante aujourd’hui, à cause de l’intense production de ces dix dernières années. Le marché de l’immobilier de bureaux exclusifs dans la métropole a cumulé en 2015 plus de 1,6 million de m2 contre 1.2 million estimés en 2011. Ce qui représente une augmentation de 400.000 m2, soit l’équivalent de 100.000 m2 de production annuelle. Notons que les bureaux de la Marina et d’AnfaPlace, à eux seuls, ont cumulé l’équivalent de 100000 m2. Et selon le cabinet CBRE, l’offre de bureau à Casablanca devrait atteindre 2,1 millions de m2 en 2020, soit pratiquement le double de ce qui existe actuellement. Mais, le hic, c’est que la majorité de ces offres ne correspond pas aux besoins des PME/PMI, qui sont généralement à la recherche de petits espaces professionnels de 100 m2, 200 m2 au maximum. «A niveau de l’offre, il s’agit souvent de grandes surfaces qui s’adressent généralement aux multinationales, ou aux grandes entreprises marocaines. Il s’agit d’espaces allant de 500 m2 à 1000 m2. Cependant, il y a une offre abondante à l’achat, mais le problème c’est que les banques ne donnent plus de crédit aux entreprises de petite ou moyenne taille pour l’achat de biens immobiliers, parce qu’elles sont généralement déjà endettées dans leur corps d’activité», conclut Karim Tazi.