Polémique creuse
Depuis la décision prise par notre gouvernement de prolonger les mesures de confinement durant le mois de ramadan, les internautes n’ont cessé de poster vidéos ou réactions écrites décrivant leur indignation quant à cette décision.
Pourtant si on se prend deux secondes pour analyser ce qui se passe, on peut se poser la question : y avait-il une autre alternative ? Ces gens ont-ils été vraiment surpris par la décision? Qui de nous à la place du gouvernement se serait aventuré et aurait osé prendre une autre décision ? Avant de débattre de cette décision, si débat il y a lieu, il convient de parler de la situation sanitaire mondiale. Depuis deux semaines, la situation à travers le monde est catastrophique, le nombre de cas contaminés par jour frôle les records atteints au mois de novembre dernier, les hôpitaux sont dépassés et le nombre de décès par jour est alarmant. Mais comme diraient certains, nos chiffres sont bas et notre campagne de vaccination avance bien.
Mettons nous d’accord sur un principe fondamental de gestion et de bonne gouvernance : gérer n’est autre qu’anticiper. Doit-on attendre d’avoir 5000 cas contaminés par jour imposer un confinement ? Il faut savoir une chose, l’infrastructure de notre pays et nos ressources humaines et matérielles n’ont pas la capacité de résorber un flux important de malades. Même dans les pays disposant de grands moyens, la situation est hors de contrôle ? Mais nous, on a bien vacciné plusieurs millions, on n’a rien à craindre !!! Pour vous répondre, je vous invite à consulter les chiffres des contaminations journalières des pays comme les États-Unis, les Émirats arabes unis ou bien le Chili pour comprendre que ces pays qui nous dépassent de très loin en termes de pourcentage de vaccination continuent d’appliquer les gestes barrières et continuent, malgré cela, à enregistrer un nombre de nouveaux cas très élevés.
Devant cette situation, imaginez qu’on vous confie la décision à prendre est ce que vous allez hésiter ? Certainement pas.
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En réalité, la polémique est suscitée davantage avec l’approche de ramadan où les gens ont plutôt l’habitude de fréquenter les cafés et mosquées. Pour les cafés, nous pouvons compatir avec ce secteur d’activité qui connait de grandes difficultés à l’instar des secteurs touristique et événementiel. Et si on ne prenait pas de cafés après le ftour, qu’est ce qui va se passer? Et si on ne s’attablait pas sur une terrasse, qu’est ce qui nous arrivera? Certainement rien. Donc la polémique est forcément d’ordre économique. Les exploitants de cafés vivent une crise économique et veulent être compensés pour cette absence de chiffre d’affaires. Là, je comprends mieux. Chers messieurs les exploitants de cafés et restaurants et là je m’adresse à une grande majorité parmi vous, avez vous jamais pensé à votre devoir de citoyen? Êtes vous conscients que vous avez des obligations envers votre pays également ?
A la place du gouvernement, je serai le premier à dire qu’il faut compenser ce secteur d’activité en situation morose mais à quelle hauteur ? Sortons les bilans déposés en 2019 et 2018 et fixons une règle pour compenser ce secteur. On ne peut fuir ses responsabilités de citoyen et venir un jour réclamer ses droits. Je suis étonné par le manque à gagner crié et réclamé par plusieurs activités alors que si nous consultons leur bilan, il ne mentionne même pas le dixième de ce chiffre avoué. Si vous avez volé ce pays pendant des années et avez évadé vos impôts, ne venez pas réclamer des droits. Dans ce cas, ils ne peuvent pas être dus. Qu’en est-il des petites gens qui travaillent dans ces cafés ? Je dirai que c’est pareil, étaient-ils déclarés à la CNSS ou pas ? Pour la plupart, ils ne l’ont pas été. Du coup, il faut aller se retourner contre l’employeur qui leur a volé leurs droits. Je pense que dans notre pays, il faut replacer le curseur des responsabilités au bon endroit. On ne peut pas toujours incriminer les mêmes (politiques, hommes d’affaires) de spolier le pays. La spoliation est opérée par tous ceux qui ne connaissent pas leurs obligations envers leur pays et leurs concitoyens.
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Avant de boucler ce billet d’humeur, je voudrais évoquer les tarawihs. Je comprends que le mois de ramadan se caractérise par ses rituels religieux qui nous manquent tous mais ne mélangeons pas la religion et l’habitude. Les tarawihs n’ont jamais été une obligation dans aucun des rites. Ceux qui veulent s’approcher de Dieu n’ont qu’à prier chez eux et préserver la santé des concitoyens et surtout aider les familles qui sont dans le besoin en ces temps difficiles. Ce sont là les vrais valeurs de la religion et non pas le concours « the voice » de la plus belle voix pendant les tarawihs. Je ne vous retiens pas plus longtemps, je vous dis bonne journée et je vous lance un challenge quotidien : accomplissez un acte citoyen chaque jour (aidez quelqu’un, payez vos impôts, respectez vos copropriétaires, préservez votre environnement…). Ce sont ces actes qui nous feront avancer tous et non pas le fait de nous attabler sur une terrasse et de mater les passants.
Bon ramadan.
Par Ali. A