Politique monétaire: Jouahri met les points sur les i
Suite à la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib du 17 décembre, le wali de la Banque Centrale, Abdellatif Jouahri, a tenu une rencontre avec la presse pour passer en revue les principales préoccupations de son institution en cette fin d’année. Première chose à retenir, Bank Al-Maghrib maintient sa position et ne change donc pas son taux directeur (2,25%). Le wali est également revenu sur plusieurs autres sujets. Verbatim:
Sur le financement de l’entrepreneuriat : « Suite au discours du 11 octobre dernier de SM le Roi, nous nous sommes mobilisés. Nous avons travaillé sur le financement, sur les conditions de refinancement de la Banque centrale vis-à-vis des banques, sur le taux quantitatif et sur le coût. Notre objectif est de soutenir et pousser les banques à favoriser le financement des TPE, des entrepreneurs, des jeunes porteurs de projets, des entreprises exportatrices, etc. Mais, il n’y a pas que Bank Al-Maghrib qui est interpellé. Il y a aussi d’autres mesures liées à la bancarisation, à l’inclusion financière, à la microfinance et au crowdfunding. Nous travaillons sur tout ce qui est de nature à faciliter et à accompagner les catégories de populations ciblées dans les meilleures conditions possibles. Il y a beaucoup de défis à adresser. Prenons par exemple les jeunes. Un jeune qui as un projet va chercher à s’installer, mais où est le foncier ? Il faut donc que tout un chacun, dans le cadre de ses attributions, puisse apporter sa contribution. Cela veut dire que nous avons mis les éléments du puzzle ensemble pour que nous ayons une action cohérente, efficace et adaptée pour adresser ce défi. Et c’est Bank Al-Maghrib qui a décidé de se charger du reporting. Nous avons aussi pensé au suivi. Nous avons ainsi mis en place un comité stratégique et un comité technique et nous avons aussi opté pour un comité régionalisé parce qu’il ne suffit pas de discuter à Casablanca et à Rabat pour que le tout soit joué. Nous avons travaillé ces deux derniers mois pour mettre tout cela ensemble ».
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Sur la flexibilité du dirham : « Nous avons opté depuis le 1er janvier 2018 pour l’évolution de notre régime de change. La première phase de la première étape a été faite. Nous allons passer à la deuxième phase de la première étape. Durant cette deuxième phase, nous allons commencer à lâcher le panier pour aller à l’ancrage de la politique monétaire. Nous continuons également à déployer la stratégie nationale d’inclusion financière que nous avons lancée début 2019 ».
Sur les différentes amnisties fiscales proposées dans le PLF 2020 : « Nous estimons que tout ce qui a été fait en ce qui concerne l’amnistie sur les avoirs à l’étranger vient au bon moment parce que le Maroc a signé avec l’OCDE l’accord d’échange automatique d’information bancaire qui va entrer en vigueur en 2021, donc les gens ont la possibilité en 2020 de régulariser leur situation en souscrivant à cette amnistie. Et je leur dis qu’il vaut mieux le faire maintenant pour ne pas tomber sur le coup de la loi après, parce que de toutes les façons les autorités marocaines auront l’information automatiquement. Je pense que l’amnistie sur le cash rejoint un peu la stratégie nationale d’inclusion financière ».
Une dévaluation du dirham possible ? : « J’ai piloté trois opérations de dévaluation dans le cadre du programme d’ajustement structurel du FMI dans les années 90. Les conséquences perverses de la dévaluation d’une monnaie sont lourdes à apprécier. Cela va agir sur la dette extérieure, les importations… Le Maroc est pratiquement le dindon de la farce de tous les accords de libre-échange qu’il a signés. Et pourquoi ? Mais parce que le problème de la productivité et de la compétitivité est là. Je souhaite que la dévaluation du dirham apporte sa contribution, mais ce n’est pas un élément sur lequel on s’appuie, parce qu’elle va impacter l’inflation. Prenez l’exemple des pays voisins qui ont fait des dépréciations de leur monnaie et qui se veulent compétitifs et voyez ce qu’ils sont en train de vivre maintenant ».
Emprunt sur le marché international : « Je pense que les conditions dont bénéficie le Maroc sur le marché international sont extraordinaires. Le Mexique (qui est mieux noté que nous) est après le Maroc et a eu les mêmes conditions que nous. Je dis donc que si le marché est encore dans ces mêmes dispositions vis-à-vis du Maroc, je conseille au gouvernement d’y aller le plus vite possible ».