Post-covid 19 : le respirateur «assouplissement quantitatif» ou comment ranimer l’appareil productif
Cela fait 40 jours que je suis confinée, la députée a laissé la place à l’épouse et la mère qui s’occupe de son foyer, la pandémie du coronavirus a ramené toute l’humanité à des réalités basiques que nous avons eu tendance à négliger. J’en étais à fignoler des recette s de mets depuis longtemps négligées, l’œil accroché aux dernières informations, quand j’ai appris le lancement de la plateforme post – Covid-19, une initiative de notre président, Aziz Akhannouch.
Trêve d’art culinaire, retour au travail. Il s’agit de réfléchir ensemble sur le Maroc d’après la pandémie, d’élaborer des propositions pour relancer l’économie et de permettre aux gens de se remettre à gagner leur vie. Dans la vision du président du Rassemblement National des Indépendants, l’intelligence collective est générée par la participation de chacun, le sort de la nation relèvant de la responsabilité de tous. Quand un leader politique est disposé à l’écoute, comme l’est Aziz Akhannouch, explorer des alternatives conceptuelles, penser le Maroc autrement devient un exercice intellectuel encore plus délicieux que le plus raffiné des plats.
C’est ce microscopique virus qui est venu nous rappeler des évidences que l’on omettait d’admettre. Plus raisonnable que nos moult et éphémères envies, notre survie. Plus important que l’économie, l’être humain. Plus consistant que la mondialisation, les capacités productives de chaque nation. Nous avons vu chaque Etat se débrouiller tout seul pour protéger sa population, quand le coronavirus a infecté la solidarité internationale. Nous avons vu de grandes puissances économiques, désindustrialisées, qui cherchent à importer les équipements médicaux dont leurs peuples ont besoin, puisqu’ils n’en fabriquent plus. Nous avons vu notre pays, le Maroc, prendre les bonnes décisions, au bon moment, et mobiliser toutes ses ressources, humaines et matérielles, pour affronter l’épidémie, en application des directives de SM le Roi. Nous avons vu les Marocains adopter, dans leur écrasante majorité, un comportement responsable, s’astreindre une discipline de distanciation sociale, pourtant contraire à leur mentalité, ce qui traduit une conscience citoyenne élevée.
Alors que la crise épidémiologique est toujours présente, nous pouvons quand même nous regarder dans un miroir et ressentir la fierté d’être Marocains. Ce sont là des acquis sur lesquels nous pouvons fonder nos ambitions pour le Maroc d’après la pandémie.
Il y a eu un avant le CoVid-19 et il y aura un après, très différent de ce qui était auparavant, tout le monde en convient. Voyons d’abord ce qui a marché et que nous devons sauvegarder. Nous mangeons à notre faim et nos marchés sont bien approvisionnés, grâce à l’effort consenti en matière de promotion de la production agricole, à travers le plan «Maroc Vert », que plus personne ne songe désormais à critiquer. Nous fabriquons des médicaments nécessaires au traitement des personnes contaminées par le coronavirus, ainsi que des masques de protection et des respirateurs, et ce grâce à la réactivité de nos unités de production, ce qui met en exergue la pertinence du plan d’accélération industrielle. Des fonds ont été rapidement mobilisés et des revenus assurés aux employés en chômage technique et aux familles nécessiteuses. Même nos sans domiciles fixes ont été pris en charge. Les mécanismes récemment mis en place ne sont peut être pas parfaits, mais ils sont en train d’être rodés.
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Cette crise a également mis en évidence nos faiblesses, nous invitant, entre autres, à former plus de cadres médicaux et à renforcer nos infrastructures et équipements de santé. Les dépenses sociales ne sont pas des charges à réduire mais des investissements à consentir, pour consolider et protéger notre capital humain, en toute connaissance de cause. Ce qui est sacré, c’est l’être humain, pas l’orthodoxie financière. Le changement de paradigme est profond. Nous avons besoin de relancer les activités productives et industrielles, une fois la pandémie passée, avec célérité et rationalité. S’endetter encore plus, laisser se creuser quelque peu le déficit budgétaire, desserrer la bride à l’inflation, pour faire redémarrer l’appareil productif et offrir des opportunités de travail aux demandeurs d’emploi, pourquoi pas ? Nous savons maintenant, d’expérience, que l’austérité peut étouffer l’économie physique autant qu’elle sert à redresser les équilibres macroéconomiques. Une thérapie qui peut soigner la maladie, tout en tuant le patient.
Le modèle néolibéral a montré ses limites, il est insensible à la détresse humaine et fragile face à des perturbations de grande ampleur. Preuve en est le triste spectacle des pays occidentaux confrontés à la pandémie, ceux là-même que l’on considérait, naguère, comme des exemples à suivre. La meilleure gestion de cette crise par les pays d’Asie nous apprend que chaque nation doit se tailler le modèle de développement qui lui convient le mieux, ce à quoi nous avait déjà invité SM le Roi. Demain, les entreprises auront à rouvrir leurs bureaux et ateliers et rappeler leurs employés. Elles constituent le tissu productif national, il faut donc les aider à relancer leurs activités, dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire pour les travailleurs. Une politique d’assouplissement monétaire est de nature à irriguer l’activité économique d’un flux de liquidités dont cette dernière aura cruellement besoin, au sortir de la période de confinement. Et si le système bancaire a ses règles prudentielles, la banque des banques, Bank Al Maghrib, peut l’encourager à dépasser sa frilosité naturelle envers les engagements ne bénéficiant pas de solides garanties.
Le réescompte par la banque centrale des crédits destinés à financer les activités productives pourrait être l’une des mesures pour inciter les banques à se montrer plus souples. Ce qui permet de veiller à une bonne allocation des ressources, puisqu’il s’agit essentiellement d’alimenter en fonds à taux modérés les unités les plus aptes à créer de l a valeur ajoutée et des emplois. Assouplissement quantitatif ne veut pas dire « jeter de l’argent par hélicoptère » et empêcher à tout prix la morbidité d’entreprises déjà vacillantes. Les perspectives de redressement des activités de chaque secteur productif devraient également être prises en considération, dans une perspective d’accompagnement adapté à chaque situation.
L’actuelle crise a démontré la fragilité des micro et petites entreprises, des travailleurs indépendants et du secteur informel. Il serait peut être temps de passer d’un raisonnement de « lutte contre», selon une vision fiscale, à celui d’«effort pour» et de « partenariat avec » cette multitude de petits acteurs économiques, dans une approche plus inclusive. Ils sont les briques d’entités urbaines dynamisées par leurs propres capacités de production, puisque l’actuelle crise nous amène à repenser même nos agglomérations urbaines et la résilience de nos chaînes d’approvisionnement.
Du sommet à la base de la pyramide sociale du Maroc, il y a prise de conscience d’un destin commun, toutes classes confondues. Les Marocains ont adopté des comportements individuels respectant l’intérêt collectif. Ils ont apprécié un Etat fort responsable de la protection de tous ses citoyens. Ils sont fiers du leadership éclairé qui tient la barre et garde le cap pendant la tempête. Ils ont compris l’importance de capacités de production nationales , aptes à assurer sécurité alimentaire et accès aux produits médicaux, maintien opérationnel des unités industrielles et approvisionnement des marchés en produits essentiels.
Bref, les Marocains savent qu’ils doivent compter sur eux -mêmes pour s’en sortir et qu’ils en sont capables. C ’est là le réacteur pour propulser le pays sur l’orbite du monde post-coronavirus. Nous survivrons au coronavirus et nous nous relèverons encore plus forts. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais on y arrivera. Nous avons la volonté populaire et politique de le faire.
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