Produits à forte valeur ajoutée: Le Maroc a une place à prendre 2/4
Deux nouveaux métiers renforceront à partir de 2013, l’offre mondiale du Maroc : chimie et pharmacie et industries mécaniques et métallurgiques. Ceci prouve que le Maroc cherche tant bien que mal à rompre avec la vision du commerce extérieur axée sur des exportations de produits à faible valeur ajoutée.
« Le ministère planche sur une nouvelle stratégie pour élargir les horizons pour les exportations marocaines», affirme Abdelkader Amara, Ministre de l’Industrie, du Commerce, et des Nouvelles Technologies. Une annonce qui intervient sur fond de véritable crise du commerce extérieur. Si la tutelle pense à remettre à plat la stratégie jusque-là adoptée, c’est qu’il y a péril en la demeure. Autant en profiter pour prendre en considération les multiples changements qui interviennent au niveau international. L’occasion justement de rompre avec la vision « archaïque et passéiste » du commerce extérieur, comme avancé par la présidente du CGEM. La structure même du commerce international connait depuis plus d’une vingtaine d’années une nouvelle configuration.
Le “Made in World” s’impose
Nezha Lahrichi, présidente du Conseil National du Commerce Extérieur, qui joue le rôle d’organisme de veille a longuement insisté sur ce point. «Depuis la fin des années 90, l’on assiste à une fragmentation des processus de production à travers des sites qu’on place par segments de valeur ajoutée partout dans le monde», lance-t-elle. Et d’ajouter, «ceci crée un échange entre les pays sur la base d’une planification logistique en flux tendus. C’est-à-dire, des échanges presque instantanés». Dans leur recherche continuelle à l’efficience, les entreprises cherchent à réduire substantiellement leurs coûts. Ce qui les pousse à chercher à accéder à de nouveaux marchés susceptibles de les aider à exploiter les savoirs étrangers. Conséquence, la part de la production assurée sur le territoire national est en constant déclin, alors que la production intérieure est de plus en plus dépendante des intrants étrangers. Ceci dit, le challenge pour le Maroc pour les années à venir est justement de se positionner fortement sur cette chaine de valeur à caractère mondial. L’objectif est de tirer le maximum de production à forte valeur ajoutée sur le territoire national. Ce travail a déjà été entamé lors de la mise en place du Pacte national d’émergence industrielle (PNEI), dont l’objectif est de doper les exportations grâce à sept métiers mondiaux, en l’occurrence l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, l’agroalimentaire, les produits de la mer et le textile. Mais le Maroc n’a réussi à s’imposer réellement que sur la chaine de valeur mondiale de trois secteurs qui sont l’Offshoring, l’automobile, l’aéronautique. Dans l’offshoring, deux plateformes offshores intégrées, Casanearshore et Technopolis sont déjà opérationnelles, abritant 70 entreprises. Les chiffres officiels avancent que 50% de l’objectif en termes d’emplois à l’horizon 2015 sont atteints, à savoir 50.000. En ce qui concerne l’automobile, l’exemple de Renault est édifiant. Même que des bruits courent que d’autres constructeurs seraient intéressés par l’offre Maroc en la matière. Le nom de Volkswagen revient souvent, avec comme éventuel projet une usine pour la construction de voitures utilitaires dans la zone franche de Kénitra. Par ailleurs, plusieurs investissements ont été réalisés par des équipementiers de renommée internationale en marge du projet de Renault. Il s’agit notamment de GMD, Valeo, Inergy, SNOP,… L’aéronautique n’est pas en reste. Orienté à 100% vers l’export, le secteur aéronautique marocain est constitué de près de 100 entreprises et compte 7500 emplois. Il a dégagé un chiffre d’affaires de 8 milliards de dirhams en 2011. Le Maroc figure parmi les pays où ce secteur détient des perspectives d’avenir avec une croissance annuelle de 25%. Aussi, les investissements dans le secteur se sont-ils fortement accrus au cours de ces dernières années, comme en témoigne le lancement en novembre 2011 du projet Bombardier, avec un investissement de 1,6 milliard de dirhams. L’implantation de ce géant mondial tirera d’autres investissements de la part de ses fournisseurs. Voilà des exemples concrets de la trajectoire que doit emprunter le Maroc. Avoir la capacité de s’adapter et surtout anticiper la demande internationale, est plus que nécessaire pour améliorer le commerce extérieur marocain. La tutelle semble être consciente de cette donne. Dans le sens où, le ministre de l’Industrie et du Commerce a annoncé que deux nouveaux secteurs viendront renforcer la liste des métiers mondiaux du Maroc à partir de 2013. Il s’agit notamment du secteur de la chimie et pharmacie et des industries mécaniques et métallurgiques.
Une comptabilisation en valeur ajoutée
Une des conséquences de la mondialisation de la chaine de valeur, est la comptabilisation d’un seul bien plusieurs fois dans la balance des paiements. Ainsi, les chiffres du commerce international ne reflètent plus la réalité et engendrent une surestimation du commerce. «C’est pour cela qu’il faut avoir un commerce international et un commerce extérieur marocain exprimés en valeurs ajoutées», préconise Nezha Lahrichi, présidente du CNCE. Celle-ci affirme que l’Organisation Mondiale du Commerce travaille sur cette question.
Les 6 promesses de la tutelle pour 2013
- Le regroupement par domaine d’intervention, par secteur et par marché, les propositions faites lors de la journée pour en tirer des actions pratiques qui seront soumises au Gouvernement dans les semaines à venir.
- La création sous la présidence d’Adbelilah Benkirane, chef du gouvernement, d’un Comité de suivi des exportations.
- L’intégration et l’harmonisation des politiques et des mesures d’incitation et d’accompagnement des entreprises exportatrices en quête de plus d’efficacité et d’efficience.
- L’amélioration de la gouvernance des organismes et des établissements publics chargés de la promotion des investissements et des exportations.
- S’atteler à la cohérence de l’action gouvernementale afin de purger ces politiques et instruments de toute redondance, contradiction et duplication.
- Le gouvernement n’épargnera aucun effort pour sauvegarder et défendre le secteur privé marocain, en référence aux lois et règles régissant le commerce international (mesures de défense commerciale).
Le chiffre
5,2 Mrds DH
C’est le chiffre d’affaires à l’export du secteur de l’aéronautique en 2011.