Dossier

Contrôle des produits de consommation : quel gâchis ! (1/2)

1000, c’est le nombre moyen d’intoxications alimentaires enregistrées annuellement au Maroc (selon les publications du ministère de la Santé).Bien qu’il soit important, ce chiffre reste loin de la réalité. Le système de contrôle des produits de consommation est encore loin de remplir pleinement sa mission de protection du consommateur local. La multitude d’intervenants dans la procédure du contrôle et le manque de statistiques officielles sur ces interventions, sont autant de facteurs qui compliquent le jugement sur l’efficacité de la procédure.

Les intoxications alimentaires sont loin d’être anodines au Maroc.  Le risque est d’autant plus grand avec les changements d’habitudes de consommation, le nouveau mode de vie  des Marocains sur le plan alimentaire, ainsi que l’avancée qu’a connue le processus industriel des produits de consommation. Dans le détail, les principaux facteurs d’empoisonnement détectés par le ministère de la Santé ont trait aux produits de conserve, les viandes, tous types confondus, les produits pharmaceutiques, ainsi que l’utilisation des pesticides dans des produits agricoles et les conditions de stockage des produits alimentaires.  La mission de prévention concernant ces produits mettant en danger la vie des citoyens, est souvent entravée par de nombreux obstacles. D’abord, les Marocains n’ont pas encore la culture du «bon consommateur». A titre d’exemple, le consommateur lambda n’a  toujours pas développé le réflexe de réclamer réparation suite aux dommages dus aux produits impropres à la consommation. Aussi, faut-il relativiser les chiffres sur les cas d’intoxication recensés. Pas moins de  20.000 cas ont été enregistrés depuis le début des années 1990, dont 1% ont donné lieu à un décès. Un chiffre qui ne reflète donc pas la réalité, confirme un médecin d’hygiène, notamment parce que beaucoup de ne se déclarent pas, et se contentent de l’automédication. Le Centre Antipoison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM), un organisme à l’écoute des victimes, abonde dans le même sens en expliquant qu’il est difficile de connaître le nombre exact d’intoxiqués alimentaires, par an, à l’échelle nationale, car les victimes ne contactent pas automatiqueme nt le centre pour l’informer et les chiffres sont souvent en deçà de la réalité. En fait, la culture des consommateurs ne représente qu’une seule partie de la question du contrôle des produits de consommation. En effet, d’après les experts du secteur, le problème réside principalement dans la multiplicité des intervenants, un facteur majeur qui pénalise l’efficacité du contrôle des produits de consommation, notamment alimentaires au Maroc.
Trop d’intervenants…
«La multiplicité des intervenants illustre clairement la fragmentation institutionnelle et juridique qui noyaute le domaine du contrôle», confirme une source au sein de la douane, qui concède que le contrôle des produits est un dossier à cheval entre plusieurs départements. Pas moins de huit intervenants institutionnels sont impliqués. Il s’agit des mouhtassibs, qui sont des administrateurs locaux des comptes  de la douane, des fonctionnaires et agents de la répression des fraudes, des agents spécialement agréés par le ministère concerné, des vétérinaires inspecteurs de l’élevage, des inspecteurs de pharmacie, des agents de l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations, des ingénieurs sanitaires et médecins directeurs des bureaux municipaux d’hygiène et enfin, des agents de douanes. Ces intervenants représentent en fait les départements et ministères concernés par la question à savoir, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, le ministère de la Santé publique, le ministère du Commerce et de l’Industrie, le ministère de l’Intérieur et l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations, au sein des organismes de contrôle. Somme toute, en plus de la multiplication des départements impliqués dans le processus de contrôle de produit de consommation, le Maroc souffre d’une carence de statistiques officielles qui permettraient d’apprécier l’efficacité des contrôles effectués.

Absence de statistiques…
A l’heure actuelle, Mohammed Benkaddour, président de l’Association de protection des consommateurs d’Oujda,souligne «qu’aucune indication ne semble être disponible sur le nombre des opérations d’intervention d’organisme de contrôle, le nombre des denrées impropres à la consommation mises hors circuit, le nombre d’établissements sanctionnés ou encore sur le sort réservé aux lots saisis». D’après un responsable au sein du ministère de la Santé publique, « ces informations sont souvent sous embargo» et d’ajouter, « la publication de ces informations permettra tout simplement l’évaluation des efforts fournis par chaque département en la matière». Deux exceptions sont à noter en la matière : le ministère de la Santé qui sort certaines publications qui traitent de la problématique, ainsi que l’ONSSA qui publie souvent son bilan après le mois sacré du Ramadan. Période durant laquelle l’organisme renforce d’ailleurs sa campagne de contrôle.

 

A propos de l’EACCE

L’Établissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) est un organisme public chargé du contrôle de la qualité et de la coordination des exportations alimentaires. La nouvelle stratégie de développement du secteur agricole (Plan Maroc Vert), ainsi que le nouvel ordre commercial actuel dicté par la mondialisation des marchés, nécessitent de la part de l’Établissement une prestation de qualité devant combiner, rigueur, fiabilité, facilitation, et anticipation.

 

Le chiffre
20.000  Ce sont les cas d’intoxication enregistrés depuis le début des années 1990.

 
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