Les produits halal peinent à l’export
C’est un secteur en pleine explosion au niveau mondial, avec une croissance d’au moins 10% par an et un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliards de dollars par an. Mais, le Maroc n’arrive pas encore à prendre sa part du gâteau. Malgré ses atouts. Le business du halal à l’export constitue encore une niche à développer. Agroalimentaire, textile ou encore cosmétique, le potentiel est là, mais le business tâtonne encore. Pourtant, les opportunités sont énormes. Selon une étude de veille réalisée, en 2015, par le CNCE (Conseil national du commerce extérieur), l’économie du marché mondial du halal a représenté 3613 milliards de dollars en 2013, et en 2018 ce chiffre va doubler. Alors, pourquoi la machine a du mal à prendre en ce qui concerne les produits halal marocains à l’export ? Selon plusieurs professionnels, il y a un manque d’engouement de la part des opérateurs. Une situation confirmée par les propos de Hassan Sentissi, Président de l’ASMEX (Association marocaine des exportateurs), qui déplorait, lors d’un récent événement organisé, le fait que le Club Halal créé au sein de l’association n’ait pas jusqu’à présent réussi à réunir un bon nombre d’entreprises marocaines sur ce créneau. A peine la centaine. Du côté de l’Institut marocain de normalisation (IMANOR), qui a instauré depuis 2012, des certifications et des normes pour le halal, les entreprises désireuses de se lancer sur ce créneau à l’international ne se bousculent pas non plus au portillon. Imanor n’a délivré que quelque 90 certificats. «Depuis que nous avons développé le label Halal et le Forum Halal Maroc que nous organisons annuellement, nous avons, quand-même, constaté qu’il y avait des entreprises qui étaient déjà sur ce créneau», tempère Naïma Akouri, chef du département Certification au sein de l’institut Imanor, faisant remarquer que certaines entreprises exprimaient déjà le besoin pour se positionner ou se maintenir sur ce marché à l’export.
Manque à gagner
«Au vu des opportunités, nous avons remarqué que beaucoup d’entreprises marocaines se sont lancées sur le marché du halal à l’export ces dernières années. Donc, c’est déjà une bonne chose. Mais, il est évident que le nombre actuel n’est pas suffisant », estime-t-elle. D’aucuns, soulignent qu’il y a un effort de promotion à faire auprès des entreprises pour les mobiliser, afin qu’elles puissent comprendre l’enjeu. En effet, l’enjeu est capital dans la mesure où l’exportation de produits halal peut contribuer à booster les performances du Maroc à l’export. Selon le CNCE, le Royaume, grâce aux produits naturels et de terroir, dont l’huile d’argan, le miel, le savon noir, l’eau de rose ou encore l’argile, peut très facilement se positionner sur le marché des cosmétiques halal. De même, il a recensé des opportunités aussi dans le textile-habillement, estimant que les marques marocaines peuvent adapter leurs créations aux exigences de l’habit halal. On note les secteurs alimentaire et pharmaceutique qui représentent d’importants gisements. Soulignons que le marché alimentaire halal pèse un cinquième du commerce alimentaire mondial et devrait croître annuellement de 14 % entre 2013 et 2030. Reste à savoir maintenant, comment arriver à motiver encore plus d’entreprises. Pour de nombreux opérateurs, le déploiement d’une stratégie nationale pour booster le halal avec un plan d’action bien précis est primordial. Ils sont nombreux à estimer que la mise en place d’un Label Halal est, certes, un bon début, mais que les autorités compétentes doivent se mobiliser pour tracer une voie claire à suivre. « Nous avons la labellisation, et nous faisons ce que nous pouvons pour sensibiliser les entreprises, mais il faut plus d’accompagnement parce que la majeure partie des entreprises sur ce créneau sont des PME ou des coopératives , et également un appui à l’institut Imanor pour élargir la reconnaissance du Label Halal Maroc à tous les marchés dans le monde », souligne Naïma Akouri. «La stratégie nationale, une fois, déployée, à travers des plans d’actions appropriés, va certainement améliorer les performances de l’ensemble des opérateurs concernés, et par conséquent, améliorer les exportations halal marocaines », ajoute-t-elle.